Bouillonnement d’émotions en gare de Lausanne

Bouillonnement d’émotions en gare de Lausanne

Il y a des lieux que tout le monde connaît et qui font partie intégrante de notre vie sans même qu'on s'en aperçoive. A Lausanne, l'un de ces lieux est sans conteste sa gare, qui palpite au rythme de la foule et de ses émotions.
Un bâtiment d’un charme certain.

Une gare, un lieu à part…

Une gare c’est un lieu plein de vie, un lieu de passage mais aussi de rencontre, de départ et d’arrivée. Il s’agit également d’une place d’attente et d’achat (toute gare d’une certaine importance est une sorte de mini centre commercial, non?), ainsi que d’un sanctuaire pour le temps qui s’écoule indéfiniment. En effet, tout ne tourne-t-il pas autour du temps qui passe? Les yeux de tous sont fixés sur les incontournables horloges des CFF ou sur les panneaux d’affichage des horaires. On court après le temps ou on tente de le combler. La gare, c’est enfin un endroit qui paraît immuable et qui pourtant est en continuel changement. Mathilde l’avait remarqué dans son article Avant/Après: vestiges sentimentaux de la gare de Lausanne. Aujourd’hui les modifications continuent et prendront bientôt encore plus d’ampleur avec les projets audacieux de «Pôle Gare» qui transfigureront à jamais cet endroit que l’on foule tous un jour.

Des émotions en veux-tu en voilà!

Prenez le temps d’écouter et d’observer tout ce qui se passe au sein du périmètre de la gare de Lausanne, vous y découvrirez des choses étonnantes, car il s’agit là d’une fourmilière affairée, d’un véritable tourbillon de vie, qui mêle toute la diversité du monde. On y trouve toutes les classes sociales, tous les âges, tous les goûts, tous les styles et toutes les convictions confondues. Mais il s’agit également de la concentration de l’ensemble des émotions humaines possibles et imaginables, de la plus belle à la plus terrible.

Pour preuve en voici quelques exemples:

La colère qui gronde alors qu’une fois de plus on subit un dérangement technique qui vient troubler nos horaires habituels. Cela ne serait rien s’il ne venait pas s’ajouter à plusieurs semaines de suppressions de train, de retards indéterminés et de trains circulant avec une composition limitée, signifiant l’absence d’une rame complète. On aura bien de la chance si on arrive à y monter. Toutefois, être comprimé de la même manière que si un rouleau compresseur à l’odeur de transpiration nous écrasait encore et encore, peut-on réellement désigner cela comme de la chance?

Passage avec vue sur les guichets.

L’extase la première fois où l’on monte dans un wagon première classe avec le billet qui va avec et qu’on observe les autres se serrer à côté. Eh oui on se la pète. Ça nous a coûté un bras mais qu’importe, on a un wagon pour nous tout seul! Un verre de champagne pour savourer pleinement cet instant ne serait pas de trop!

L’amusement peut également être de la partie quand on regarde des enfants émerveillés face au monde ferroviaire. Les yeux ouverts, remplis d’étoiles, découvrant rails, machines imposantes et une foule immense. Malheureusement, au fil des temps cela finira par les laisser aussi indifférents que leurs ainés, mais de temps à autre, lorsqu’eux-mêmes verront des enfants le visage incrédule et aux anges, ils seront amusés et se souviendront qu’eux aussi, un jour, ils ont été captivés.

Sur le quai, l’ennui devient rapidement notre seule véritable compagnie face à un temps d’attente interminable. Quoi de plus drôle que de supprimer notre unique correspondance? C’est parti pour une heure à se les geler, car été comme hiver, il fait toujours froid sur un quai de gare (à Lausanne ou ailleurs c’est kif kif. C’est fou, cela viendrait-il d’une volonté de tout normaliser?).

Voici l’une des preuves de l’existence de la voie 70!

Mais lors d’un temps d’attente on peut aussi découvrir des choses intrigantes et avoir par exemple la surprise de constater qu’il n’existe pas de voie 2 à Lausanne. Quoi?!!!! Si si je vous assure, il n’y en a pas, vous pouvez aller vérifier par vous-même si vous ne me croyez pas. On saute de la voie 1 à la voie 3 directement. Voilà un mystère à éclaircir et un moyen constructif d’occuper ses pensées. Alors serait-ce un problème de mathématique, tant il est vrai que compter de 1 à 3 est compliqué ? Ou bien peut-être est-ce dû à un être terrorisé par le chiffre 2. Il y a vraiment de tout dans ce monde. A moins que se soit dû à une erreur de panneaux de signalisation… une autre gare aurait-elle deux voies 2? Le mystère reste entier…

Mais la surprise de l’inexistence de la voie 2 n’est rien face à la stupéfaction qui nous étreint en apprenant que Lausanne possède par contre une voie 70. C’est un peu sa voie 9 ¾ si vous voulez. Difficile à y croire et pourtant elle existe bel et bien et n’est même pas cachée. Enfin si on veut. Il faut quand même la chercher pour la trouver, car qui penserait qu’elle se situe à côté de la voie 1 franchement? Vous trouvez ça logique?

La gare possède aussi le don de réveiller nos plus vils instincts, ceux qui sont enfouis jusqu’aux tréfonds de notre âme. Notre cruauté débarque sans crier gare dès qu’on se retrouve coincé derrière quelqu’un qui se déplace non seulement aussi vite qu’un escargot à l’agonie, mais en plus, prend bien toute la place, nous empêchant de le dépasser. Cela nous donne une furieuse envie de le balancer sur les rails ou de le pousser dans les escaliers avec un ricanement jouissif et tonitruant. Un conseil filez et ne trainez surtout pas.

L’inquiétude peut, elle aussi, avoir sa place dans les émotions que l’on côtoie sur un quai de gare. Elle nous assaille par exemple lorsqu’on se retrouve à côté d’un homme qui chante haut et fort comme s’il était seul sous la douche. Son état mental est-il vraiment normal? Si au moins il chantait juste…

Les quais de Lausanne à la tombée du jour.

Une autre émotion que l’on rencontre parfois est la fierté. Fierté d’avoir malgré tous les obstacles de notre parcours réussi in extremis à attraper notre train sur la voie 9 alors qu’on se trouvait il y a un instant encore tout à l’opposé. Cette fierté est liée à l’admiration des autres voyageurs qui nous ont vu réaliser une véritable prouesse sportive de haut niveau. Hélas, elle n’entrera jamais dans le Guinness des records. Pourtant ce sprint combiné à une course d’obstacles était véritablement spectaculaire. Ce n’est pas uniquement par fierté que la façade du bâtiment principal de la gare arbore le symbole qui désigne Lausanne comme capitale Olympique. La gare est en effet l’un de ses hauts lieux sportifs par excellence, qu’on tend malheureusement à oublier au profit des stades.

La satisfaction a aussi sa place dans le périmètre de la gare, elle apparaît régulièrement dès lors qu’on vient de réussir à éviter une énième association caritative qui voudrait qu’on sauve le monde (tu trouves vraiment que j’ai la gueule à Bruce Willis toi?).

On côtoie également l’exaspération des pendulaires à l’entente de la sempiternelle remarque des retraités, femmes au foyer et autres individus qui ne prennent jamais ou que rarement le train, et qui découvrent avec affliction qu’aux heures de pointe il y a un manque de places flagrant et qu’il faut se serrer les uns contre les autres.

En résumé, mille et une émotions bouillonnent sur les voies, dans les trains arrêtés à quai, dans les passages souterrains, sous le plafond du bâtiment de la gare ou juste devant sa porte. J’aurais tout aussi bien pu parler de l’angoisse de s’être trompé de train où de devoir au dernier instant changer de voie, de la rage et du désespoir quand après une dure journée de boulot, qui s’est soldée par une abominable migraine, on se retrouve à devoir passer le reste du trajet avec une classe de primaire survoltée. Ou encore de la mélancolie qui plane à la pensée du passé et de tout ce qui a disparu avec lui tel l’incroyable panneau d’affichage des horaires qui tournait dans tous les sens sans jamais se mélanger les pinceaux. Ou tout simplement de la joie de se laisser mener, un livre et de la musique dans le sac, une amie à ses côtés pour une folle aventure ferroviaire. Qui sait? Peut-être pourrait-on arriver dans une gare munie du panneau de la voie 2 qui aurait dû trôner à Lausanne…

4 Responses

  1. Avatar
    Perrin Jean-Marc
    | Répondre

    La voie 2 (utilisée pour les trains marchandises et les manœuvres de composition de train) n’est pas celle qui se trouve au milieu entre la voie 1 et la 3 et comme il n’y a pas de quai d’accès on saute de la 1 à la 3 ?

    • Avatar
      Camille Borgeaud
      | Répondre

      Bonjour,

      Tout d’abord merci beaucoup pour votre message.

      Vous avez effectivement raison, j’ai été vérifié, il existe bel et bien une voie 2 à Lausanne. Celle-ci ne possède aucun accès depuis un quai si bien qu’elle donne l’étrange impression de ne pas exister. Sans doute bien utile pour les CFF, elle reste, toutefois d’une certaine manière, inexistante aux yeux des voyageurs qui jamais ne l’utiliseront.

      Merci encore pour votre commentaire et meilleures salutations,

      Camille

  2. Avatar
    xLia
    | Répondre

    Perso, jaime beaucoup lire les blogs. Cest toujours intéressant et cest autant bien que les vidéos sur youtube. Je blog depuis mes 16 ans (sisi skyblog rzp) enfin pas comme aujourdhui, mais jai commencé à bloguer avec des textes et des images avec mes blogs de Final Fantasy. Cétait un gros kif quoi. Et puis ensuite, jai évolué et jai voulu faire un blog dans lequel je parle de tout et de rien. Ces blogs étaient le reflet de mon petit monde. Je suis restée presque 10 ans sur Skyblog (et oui !). Pourquoi ? Javais des des contacts avec qui jaimais beaucoup parler, cest ce qui me faisaient retenir. Et aussi, jadorais faire les décorations dans mes articles. Aujourdhui, je me suis tournée vers Blogger (et encore, jen avais déjà fait lexpérience en 2008, pour le supprimer ensuite!) et même si je nai plus le même ratio de visites et de commentaires quavant, ça me plait de bloguer. Jai néanmoins toujours mon blog de FF qui a 10 ans mais jy suis trop attachée ^^. En tout cas, ton blog est un de mes gros coups de cœur sur la toile et je prends toujours un plaisir à te lire.

    • Avatar
      Camille Borgeaud
      | Répondre

      Merci pour ce message, cela fait chaud au cœur de savoir que le Lausanne Bondy Blog est comme ça apprécié.

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