«Utopolis Lausanne», une invitation à rêver la société de demain

«Utopolis Lausanne», une invitation à rêver la société de demain

Du 13 mai au 4 juin, vous croiserez peut-être, les vendredis et samedis, en début de soirée, au centre-ville de Lausanne, des groupes de personnes marchant au son d’une enceinte colorée. Est-ce une manifestation? Une chasse au trésor? Une performance artistique? Tout cela à la fois? ✨ BINGO ✨ Il s’agit d’«Utopolis Lausanne», le dernier projet de Rimini Protokoll, coproduit par le Théâtre de Vidy et PLATEFORME 10. Une performance déambulatoire regroupant, chaque soir, entre 250 et 300 personnes.

À quoi ressemble votre monde idéal? C’est la question que pose «Utopolis Lausanne», créé par le collectif Rimini Protokoll (Helgard Haug, Stefan Kaegi et Daniel Wetzel), cinq cents ans après le livre de Thomas More intitulé «Le meilleur état de la république et la nouvelle île d’Utopie».

«L’utopie, c’est l’espoir en le pouvoir transformatif de la fiction, développe Patrick Gyger, directeur de PLATEFORME 10. La notion est importante dans ce contexte historique figé où nous sommes en manque de vision. Imaginer des lendemains qui chantent fait partie de notre travail en tant que pôles artistiques. L’utopie, évidemment, c’est aussi l’espoir et la croyance qu’un autre monde est possible.»

Déplacer le théâtre au cœur de Lausanne 

Pour être honnête avec vous, j’ai eu la chance de participer au «try out» de cette pièce déambulatoire. Un «essai» nécessaire, vu l’ampleur et la logistique du projet. «Utopolis Lausanne», c’est une promenade utopique et collective, d’environ trois heures, articulée entre quarante-huit points de départ possibles en parallèle et des arrêts dans quatre lieux fixes différents avant de rejoindre PLATEFORME 10. Guidé chacun par une enceinte, les groupes de spectateurs et spectatrices se croisent en chemin, se séparent, se rencontrent à nouveau.

«Utopolis Lausanne», une promenade utopique et collective dans le centre-ville de Lausanne. © Claudia Ndebele

«Symboliquement, le théâtre se déploie en ville», souligne Vincent Baudriller, directeur du Théâtre de Vidy. En témoigne, le nombre de personnes croisées, ce soir-là, qui nous ont apostrophé dans la rue, intriguées par les sons produits par notre enceinte et curieuses de connaître notre démarche.

Vous l’aurez compris, il n’est pas question ici de recevoir une histoire passivement et confortablement installé dans un de ces fauteuils rouges qui peuplent les salles de spectacles. Les auteurs et autrices de ce qui se joue, c’est nous.

48 points de départs possibles

Vingt-quatre heures avant le début de la performance, vous recevrez un sms avec l’adresse de votre lieu de départ, choisi au hasard, parmi les quarante-huit possibles. Le nombre de personnes dans votre groupe va varier en fonction de la taille et de l’emplacement de ce point. «On cherchait des endroits pas très loin du centre de Lausanne,  explique Stefan Kaegi. Des lieux de travail, un peu insolites, pour accueillir les spectateurs et spectatrices.» Citons, par exemple, Rodéo Shop Western, AOI Japanese Lifestyle, Le Sublime ou encore Chabada Vintage.

Accueil des spectateurs et spectatrices d’«Utopolis Lausanne» dans l’un des 48 points de départ possibles. © Amélie Blanc

«Pour moi, c’est un projet qui ressemble à ″Boîte noire – Théâtre-fantôme pour 1 personne″, confie Stefan Kaegi. On prend un lieu comme il est et on le sonorise. Simplement, la démarche est collective. La sonorisation n’est plus isolée. Il n’y a ni casque ni espace clos. Les enceintes sont synchronisées pour dialoguer entre elles. De plus, les endroits visités ne sont pas abandonnés. Il y a des bâtiments normalement inaccessibles au grand public ou fermé à ces heure-là.» Les révéler dans cet article vous ôterait la surprise. 🤫

«Il est poétique et onirique d’accéder à des endroits cachés; de passer derrière le rideau de scène de la ville.»
Patrick Gyger, directeur de PLATEFORME 10

Rêver ensemble

«Utopolis Lausanne» est une aventure dont vous êtes l’un des protagonistes. Il vous sera remis, à votre point de départ, un petit carnet: le passeport de l’utopiste. Ce dernier vous servira de support pour noter des phrases qui vous seront demandées par l’enceinte, vos réflexions/émotions, et surtout, conserver les cartes autocollantes, indiquant l’itinéraire à prendre, qui vous sont remises au fur et à mesure du périple.

Vous pourrez également envoyez, par sms, une phrase à compléter, en fonction des lieux, selon vos envies et vos aspirations pour le futur. Ces phrases sont ensuite centralisées et imprimées sur des cartes postales et vous sont redistribuées à PLATEFORME 10 où vos pérégrinations prendront fin et où tous les groupes de spectateurs et spectatrices se rejoindront.

Libre à vous, alors, d’échanger votre carte avec une autre, de discuter de la phrase inscrite dessus avec un ou une inconnue, d’essayer de retrouver son auteur ou son autrice.

Pour ma part, je m’étais inscrite seule (d’ailleurs, même à plusieurs, vous ne serez pas forcément dans le même groupe que vos amis) et j’ai fait une super rencontre. Les questions que l’enceinte nous pose, nous font très vite rentrer dans le champ de l’intime. Ce qui fait que vos compagnons, le temps d’une soirée, deviennent plus proches de vous en trois heures que vos amis de longue date.

Vous connaîtrez leur animal totem, leur rapport à la mort, leur(s) faiblesse(s), leur position politique. Souhaitent-ils des transports publics gratuits? Pensent-ils que la femme est l’avenir de l’Homme? Que l’art sauvera le monde?

Au-delà d’une pièce de théâtre déambulatoire, au-delà d’une soirée insolite à l’allure d’une course d’orientation, au-delà du privilège des lieux, le vrai trésor, c’est peut-être, simplement de rencontrer d’autres utopistes. Se dire que tout serait possible, puisque nous sommes plusieurs à partager les mêmes rêves.


© Théâtre de Vidy

Informations pratiques:

  • «Utopolis Lausanne», du 13 mai au 4 juin 2022, les vendredis à 19h et les samedis à 18h (la représentation est maintenue par tous les temps).
  • Les enfants (8-10 ans) sont les bienvenus! Il y a 10 à 15 min maximum de marche entre les différents lieux.
  • Porter des chaussures confortables, limiter les affaires personnelles et emporter à boire est conseillé. Durant le parcours, il va vous être demandé de vous servir de votre téléphone portable, c’est donc mieux si ce dernier est chargé.

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