Parfois, les réseaux sociaux ont aussi du bon. Avec mon profil timide, ils m’ont permis de créer plusieurs amitiés qui n’auraient pas vu le jour autrement, et de vivre de nombreuses expériences dont l’idée me serait difficilement venue par un autre biais. C’est ainsi que Facebook est responsable de la balade en avion que j’ai effectué depuis l’aéroport de la Blécherette.

C’est en effet sur son mur que Silas, vieille connaissance d’école du dimanche pas revue depuis au moins 15 ans, qui a donc gagné 30 cm et déjà quelques cheveux gris depuis notre dernière rencontre, a indiqué se rendre volontiers disponible pour offrir des vols de courte distance à partir du petit aéroport lausannois. Cela sous condition de paiement des frais du vol. Ayant pris connaissance de cette proposition début janvier, il m’a fallu un peu de temps pour me décider, avant de prendre mon envol le 27 mars lors d’un dimanche radieux.
Faire un tour en avion de tourisme pose-t-il un problème éthique ?
Cause de mes tergiversations, tout d’abord cette question légitime : si on a le droit de faire des vols de pure plaisance, est-ce pour autant moral ? Dilemme définitivement tranché pour certains, comme les militants d’Extinction Rebellion. On se souvient que ceux-ci avaient mené une petite action coup de poing à l’aéroport de la Blécherette, en juillet 2020, pour dénoncer ce qu’ils considèrent comme une pollution injustifiable.

Quant à moi, je n’ai pas d’avis arrêté sur la question. Il est vrai qu’examiné individuellement, un vol reste un vol, avec des rejets de CO2 conséquents. J’ai néanmoins finalement décidé d’assumer le décollage et la rédaction d’un article à ce sujet en me renseignant sur les émissions de gaz à effet de serre en Suisse, au travers d’un excellent article de la RTS à ce sujet. L’aviation de tourisme tient une part négligeable : en 2017, elle était responsable de 0.12 millions de tonnes d’émissions par an, soit 94 fois moins que les voitures (11.24) et 45 fois moins que les vols internationaux (5.35).
J’ai tout de même proposé à mes parents de m’accompagner, pour que le CO2 dégagé profite au moins à un maximum de personnes.
Se promener dans un petit appareil volant, est-ce dangereux ?
Atteint de troubles anxieux sur des sujets innombrables, qu’il s’agisse de traitements médicaux, d’exposition au soleil, jusqu’à la perte d’audition possible en boîte de nuit*, je n’étais a priori pas le meilleur candidat pour risquer ma fraise dans un petit coucou motorisé. Se passe-t-il une année sans qu’on entende que tel milliardaire ou autres anciens basketteurs connaissent une mort très prématurée dans des appareils de ce type ?

Mais c’est pour vous, chers lecteurs et lectrices, que j’ai risqué ma peau. Friand d’expérience inédite à rapporter ici, l’idée est arrivée à maturation au point que je fasse fi de ma petite personne pour servir une cause plus grande.
L’héroïsme qui me caractérise quand je deviens journaliste amateur ne fut d’ailleurs pas nécessaire une fois arrivé au bord de la piste. Notre pilote nous a en effet tout de suite inspiré une grande confiance. Calme et détendu, et néanmoins très sérieux et appliqué dans les préparatifs du vol et dans les explications qu’il nous a données, j’étais bientôt dans le même état d’esprit que lors d’une séance au cinéma.. Une certaine excitation en plus tout de même ! 🙂
Prendre de la hauteur
Décollage tout en douceur. Pas une brise de vent ce jour-là. En 5 secondes, nous voilà au-dessus de la gare de Lausanne. 8 secondes, c’est le lac. Si j’exagère, c’est un chouilla : l’un des éléments qui m’a impressionné, c’est la distance folle que l’on couvre dans un avion en peu de temps, même à seulement 180 km/h environ. En 50 minutes à peine, nous avons donc survolé le Léman jusqu’à Aigle, bifurqué à gauche, traversé les Alpes, au-dessus de Gstaad, avant de revenir sur Vaud via Fribourg.

Quant à la vue, elle est évidemment magnifique. Beaucoup plus panoramique que dans un avion de ligne compte tenu de la proportion de vitrage autour de l’habitacle, il est aussi plus intéressant de voler à basse altitude, permettant de beaucoup mieux observer les reliefs et les éléments au sol. Mention aux pentes enneigées où se baladaient encore quelques skieurs !
Si le présent article a donné des envies de vol à certains d’entre vous, je recommande plus particulièrement les propositions de l’aéroclub de Lausanne, disponibles ici. Silas, le pilote mentionné dans cet article, ne peut malheureusement pas faire voler des inconnus avec sa licence privée.
Mais arrêtons ici nos bavardages pour laisser la place aux photos.
*Aviateur, chantée par Véronique Jeannot en 1988 sur une chanson composée par la paire Voulzy / Souchon.
** Ma précieuse audition m’a d’ailleurs aussi inquiété avant de faire le vol. Si le bruit des coucous de la Blécherette dérangent les habitants du quartier, quel vacarme cela doit-il être dans l’habitacle ? Au fait, rien de bien méchant, surtout grâce aux formidables micros-casques phono ultra-isolants que pilote et passagers sont invités à positionner sur leur tête. Bien plus efficaces que les misérables pamirs de l’armée suisse, ils permettent en outre de converser agréablement avec les autres occupants.
Appuyer / cliquer sur les photos permet de les faire défiler en grand avec les légendes !
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