Lausanne au son des roucoulements

Lausanne au son des roucoulements

On les trouve partout dans les villes, Lausanne n’y fait pas exception, d’ailleurs sans eux elle ne serait plus la même. Ils nous agacent, nous font rire, ils sont à la fois agents secrets, symbole de paix et synonyme de naïveté. Avec tout ça les pigeons lausannois méritaient bien un billet.
En plein envol

Rourouououou….

Citadin par excellence, le pigeon des villes est partout. Si l’attrait d’un travail, des boutiques ou des offres culturelles n’a pour lui aucun sens, celui d’un environnement mêlant habitat confortable et nourriture foisonnante lui fait figure de paradis. Les pigeons font partie des rares animaux qui ont une vie plus simple et agréable en vivant dans la faune urbaine que dans la nature. Ces oiseaux bien connus de tous font tout autant partie du paysage lausannois que la girouette d’Ouchy, les pavés du Petit Chêne ou encore la Tour de Sauvabelin. On y prend presque plus garde. Ils sont là, c’est normal. Pour certains, leur présence est sans importance. Pour d’autres cependant, les pigeons prennent une place toute particulière dans leurs cœurs.

Un compagnon bien utile

Le pigeon vit aux côtés de l’homme depuis un bout de temps, puisqu’il a été domestiqué dès l’âge de fer. Depuis ce temps-là, sa viande a été tout particulièrement appréciée, ainsi que sa capacité à transmettre des messages. Véritable mélange entre un agent secret et un GPS sur pattes, le pigeon voyageur est capable de voler sur de longues distances rapidement, sans perdre le nord, et de passer aux travers de la surveillance de l’ennemi (que ce soit d’une armée, d’un mari jaloux ou encore de parents allergiques aux billets doux).

A la recherche d’un truc à se mettre sous le bec

Pas besoin d’anti-virus et garanti intraçable ; un véritable cauchemar pour les hackers. D’ailleurs, saviez-vous qu’entre 1919 et 1996 l’armée suisse possédait un service de pigeons voyageurs ? Ce n’était pas la seule dans ce cas-là. Déjà dans l’Antiquité les armées les utilisaient pour communiquer et lors des deux Guerres mondiales les pigeons étaient également de service. Mais les qualités de ces oiseaux ne s’arrêtent pas là. Ils sont également chéris par ceux qui aiment se délasser en leur lançant des morceaux de pain et font partie des rares oiseaux qu’on peut observer de près. Il y a aussi les passionnés qui font des concours de pigeons voyageurs ou du plus beau pigeon (oui oui ça existe, il n’y en a pas que pour les caniches) et n’oublions pas les enfants ! Quel jeu est plus drôle que de courir au milieu d’un groupe de pigeons pour les voir s’envoler en désordre et se reposer deux mètres plus loin, et ainsi pouvoir recommencer à peine trois secondes plus tard ? C’est là l’une des joies de l’enfance, qui avouons-le nous fait frémir d’envie dès qu’on croise une dizaine de pigeons chercher du bout du bec des miettes de toutes sortes sur le parvis de Saint-Laurent. Quel dommage qu’on ait passé l’âge.

La face sombre du pigeon

Quand Saint-Laurent est envahi

Vous imaginiez peut-être qu’en tant que symbole de paix (une colombe est en réalité un pigeon au plumage blanc), il ne possédait aucun trait diabolique ? Vous vous leurrez et cela bon nombre de personnes vous l’expliqueront avec passion. Combien de lausannois ne supportent plus ce voisin invasif, cet idiot d’emplumé, ses fientes omniprésentes, ses atterrissages à quatre centimètres de leurs visages, et son nombre aussi désagréable que le montant des impôts ?

Tout comme moi, les pigeons ont une nette préférence pour les bâtiments anciens, munis de corniches, d’avant-toits, de moulures et n’ont que mépris pour ces blocs de béton sans âme qu’on construit aujourd’hui à foison. Il est regrettable que leur bon goût architectural ne leur indique pas que leur nidification en ces lieux et surtout leurs soulagements quotidiens sont responsables de préjudices incontestables envers ces édifices qu’ils affectionnent tant. Le jour où les pigeons comprendront l’utilité des toilettes, ils auront fait un grand pas pour la sauvegarde du patrimoine. L’accumulation de leurs déjections est un fléau pour toute construction. Véritable cocktail, les fientes sont un mélange de virus, de bactéries, aromatisées de minuscules champignons. Le tout est humide et acide, ce qui agresse les matériaux et cause des dégâts innombrables. La poussière des fientes de pigeon peut également s’avérer nocive à notre santé et, même si le risque est minime pour un adulte en bonne santé, il faut éviter de la respirer. Mais tout n’est pas qu’une question d’excrément, en effet la nourriture trop abondante attire plus d’individus et augmente les naissances, créant de la sorte une surpopulation, amenant avec elle maladies, famine (les pigeons aussi sont égoïstes et les plus forts raflent tout), sans compter un nombre de fientes supplémentaires.

Lignée de pigeons à la Promenade Derrière-Bourg

Limiter la casse

Les pigeons ont pour prédateurs les rapaces et l’Homme. Autant dire qu’à Lausanne, ils sont en relative sécurité. Si certains rapaces fondent parfois les cieux, les grillades de pigeons font rarement partie des repas du lausannois lambda. Alors, que faire pour éviter une invasion de pigeons ? La solution ? Aussi simple que cela puisse paraître, il semblerait que pour cohabiter en bon voisinage, il suffirait de ne pas nourrir les pigeons (acte puni par la loi soit dit en passant). En effet, c’est une offre trop abondante de nourriture qui serait le cœur du problème. N’ayez crainte, ils ne mourront pas de faim pour autant, toute ville est une source suffisante de nourriture, grâce aux miettes, restes de repas abandonnés sur le macadam et les graines peuplant les espaces verts lausannois. En hiver, leur consommation de nourriture baisse et ils vivent sur leurs réserves. Au final, la nature n’est pas si mal faite. Les bâtiments peuvent être protégés par des filets et des pics afin d’empêcher le volatile de s’y poser. Si l’aspect de la façade en est un peu gâché, il reste toujours préférable à un amas blanchâtre et grisâtre recouvrant tout.

Lausanne dorlote ses pigeons

Une enseigne de la rue Saint-François

Dans la rue Saint-François, les enseignes des magasins sont accompagnées du Saint tenant un oiseau dans le creux de sa main, car Saint-François est bien connu pour son amour des oiseaux. Cet amour est sans doute partagé à Lausanne puisque l’église du même nom est l’un des trois pigeonniers que compte la ville (celui-ci peut même faire l’objet de visites). Deux autres de ces véritables maisons d’hôtes spécialisées pour nos amis à plumes grises sont aménagées à la Tour de l’Ale et au Parc de Mon Repos. Un pigeonnier permet aux pigeons de nicher au chaud, d’éviter les déprédations (les lieux sont régulièrement nettoyés), ainsi que de contrôler les naissances. Un couple de pigeons peut avoir jusqu’à douze oisillons par année, ce qui est énorme ! C’est pourquoi, à Lausanne, seuls deux œufs sont laissés aux bons soins de leurs parents, les autres sont remplacés par des copies en plâtre. De plus, un biologiste, M. Gérard Cuendet, est responsable de la question des pigeons pour la ville de Lausanne. C’est l’homme de contact pour tout problème ou toute question; nidification, fientes, maladies, etc. Le site web de la ville regorge également d’informations sur toutes les questions concernant ces colombidés.

Quant aux autres pigeons, ceux dénués de plumes, ils peuplent sans doute également les rues de Lausanne et eux non plus ne risquent pas d’être demain en voie d’extinction.

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