Il y a plusieurs paires de lunettes pour voir le monde. Par exemple, des lunettes tristes, des lunettes positives, des lunettes poétiques, et des lunettes comiques. Toutes ces différentes paires de lunettes ont leur raison d’être, jusqu’aux lunettes tristes qui permettent entre autres de ne pas être content, de ne pas se satisfaire de ce qui est, et donc, peut-être, de trouver l’impulsion pour créer quelque chose de différent. Il ne faut toutefois pas en abuser et savoir les retirer quand on a pas ou peu de prise sur ce qui nous chiffonne.

Des choses qui me chiffonnent et sur lesquelles je n’ai pas prise, il y en a en quantité. J’essaie donc parfois de me souvenir de l’existence des autres paires de lunettes. De la paire comique, par exemple. Ce qui m’attriste, ne puis-je pas en rire en en saisissant tout le mordant ? Mais admettons que ce n’est pas toujours simple, et c’est là que les humoristes et autres caricaturistes jouent un rôle si essentiel.
Burki : une longue carrière à 24 heures, un décès précoce
Si je pense “caricaturiste”, c’est immédiatement Burki qui me revient en mémoire. Adepte de la caricature “vieille école”, avec, souvent, des nez et des bouches proéminents, Burki avait un talent fou, et a permis aux lecteurs du 24 heures de s’esclaffer pendant quatre décennie, de 1976 à 2014.
Désormais, Burki ne peut s’esclaffer que sans nous, depuis là haut, et sans pouvoir nous expliquer pourquoi. Il est décédé fin 2016, peu après son départ à la retraite en 2014. Mais cette mort bien trop précoce aura eu au moins un mérite : donner l’idée à la commune d’Epalinges, au sein de laquelle Burki a vécu une très large partie de sa vie, de créer un sentier dédié en forme d’hommage.
Une jolie balade, entre forêt, caricatures et commentaires audio

Signalons tout d’abord que le tout frais Sentier Burki, inauguré en 2019, aurait de quoi ravir ne serait-ce que pour le chemin en lui-même : il permet tout simplement une très jolie balade dans les bois du Jorat. Le paysage peuplé d’arbre, et qui laisse par endroit une ouverture vers des clairières et un ou deux très beaux points de vue, est bien-sûr une invitation à enfiler ses lunettes d’émerveillement. Evitons tout de même de frustrer les adeptes des vastes randonnées ou d’apeurer les promeneurs du dimanche : en supposant qu’on ne s’arrête pas aux postes “Burki”, on peut parcourir les 1.5 kilomètres en 20 à 25 minutes.

Mais l’expérience du Sentier Burki prend une dimension supplémentaire grâce aux douze panneaux présents le long du chemin et qui affichent chacun une caricature. Il est important de préciser aussi que ces caricatures ont été sélectionnées avec soin pour être en adéquation avec le lieu qui les accueille : toutes sont en lien avec la nature, la forêt ou la biodiversité. Elles permettent ainsi de laisser transpirer une certaine fibre écologique évidente du Palinzard*.
Pour finir, une dernière touche rend l’expérience vraiment très intéressante : des QR codes sont présents à côté des panneaux et permettent d’accéder à un petit commentaire audio directement depuis son smartphone. C’est le dessinateur Valott, que je n’avais pas l’honneur de connaitre mais qui a de nombreux succès et existe aussi dans les pages du 24 heures, qui s’en charge.
L’occasion d’apprendre quelques ficelles du métier

Et qui s’en charge très bien. En commentant les dessins de Burki, M. Valott nous présente quelques unes des grandes ficelles du métier. Par exemple, on apprend qu’une bonne caricature reprendra quasi toujours des références ou des clichés connus par presque tous : une référence au petit Chaperon Rouge, le cigare au bec du banquier, la baguette sous le bras du français… Autre élément d’importance, on comprend combien le “vide”, le blanc, est utile dans le dessin humoristique : il permet de s’assurer que le message passe, en faisant ressortir les objets essentiels pour le comprendre.
Un bel hommage
Mais j’arrête ici mon petit descriptif pour tenter de conclure court et de conclure bien : On ne se promènera jamais assez. On ne rira jamais trop non plus. Le Sentier Burki permet d’allier les deux. Quel bel hommage à Burki !
Détails pratiques et pour en savoir plus
- En transport publics, le plus simple et d’aller jusqu’aux Croisettes avec le m2, de prendre le bus 45 et de sortir à l’arrêt Marcel Regamey. Le bus 46 passe tout près aussi.
- Chemin très aisé. Se munir de son smartphone et d’écouteurs pour profiter des commentaires audio.
- Cette page web de la commune d’Epalinges donne tous les détails sur cette ballade et sur d’autres : https://www.epalinges.ch/balades#EnBaladeAEpalinges
- M. Valott, qui a enregistré les commentaires audio, est également un dessinateur à gros succès qui a créé Mumu Cow. Voici un article de Bilan qui permet d’en savoir plus sur ce personnage.
- En 2014, j’écrivais mon premier article au Lausanne Bondy Blog sur… une expo Burki ! J’ai bouclé la boucle 😉
- Si c’est le terme “promenade” plus que le nom de Burki qui vous a attiré ici, je signale aussi deux autres articles de ma plume au LBB : Le chemin de Saint-Jaques à travers Lausanne et le chemin de la Vuachère.
* Nom donné aux habitants d’Epalinges
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