Ludodelvico vous présente Organigraal, son deuxième opus

Ludodelvico vous présente Organigraal, son deuxième opus

A l’occasion de la sortie toute récente (24 juillet 2020) de son deuxième album mystérieusement baptisé Organigraal, Ludodelvico m’a emmenée en balade afin de parler musique, sources d’inspiration, processus créatif, mais aussi rapport à la vie et au quotidien… On a ri, on a rêvé, on a fredonné, on a voyagé sans même quitter Lausanne. Morceaux choisis de longs échanges au travers de notre ville chérie. Je vous emmène ?

Des mélodies colorées et entraînantes, une voix douce et lumineuse, une atmosphère légère qui invite à l’évasion et au rêve. Une évasion aux confins des pensées, des émotions, des chimères, des souvenirs, des futures. Le deuxième album de Ludodelvico – Organigraal – invite à la quête de soi, de la vie dans tout ce qu’elle a d’insaisissable, de mystérieux, de beau. De nombreux featurings agrémentent ce voyage intime. Laissez-vous porter, chaussez vos écouteurs les plus confortables et partez à la découverte d’une bulle sonore multicolore et psychédélique. Et qui de mieux pour vous en parler que Ludodelvico lui-même, qui s’est prêté aux jeux des confidences au fil d’une balade dans Lausanne qui a débuté dans le Parc de l’Hermitage pour nous mener jusqu’au Chemin de Montolivet.

LBB : Quelle est la toute première chanson que tu aies composée ?

Ludodelvico: La toute première, comme ça, je ne saurais pas vraiment te le dire. Mais je me rappelle la première chanson que j’ai enregistrée. C’est une chanson qu’on a faite avec mon pote Constant. On avait environ 16 ans. J’avais ramené une petite flûte en bois de Sardaigne avec un son très particulier. Je l’avais trouvée dans la maison de mes grands-parents et j’avais joué un petit riff avec la flûte, une guitare avec un son bien métallique, et un beat. Ça a donné une sorte de chanson rap en français qui s’appelait Mécanique. 

Ludodelvico sur un banc du Parc de l’Hermitage.

Et avant ça, est-ce que tu faisais de la musique ?

Oui. J’étais jeune ado. J’avais trouvé à la cave une guitare qui appartenait à mon père. Puis, j’ai commencé à en jouer un peu, à essayer de reproduire des morceaux que j’aimais bien. J’écoutais du new métal à cette époque, genre Limp Bizkit (rires). Puis, vers 14 ans, j’ai travaillé une semaine pour pouvoir m’acheter une guitare électrique et j’ai commencé mon premier groupe. Un jour, je suis allé à la FNAC, où il y avait des ordinateurs MAC. Et tu sais ce que j’ai découvert ? GarageBand! J’avais accès à des tonnes de sons et c’était trop cool ! Quand j’ai réussi mon certificat de fin d’études, mon père m’a offert un ordinateur pour me féliciter. Et sur cet ordinateur, j’avais GarageBand, et c’est là où j’ai commencé à réellement produire et enregistrer.

La question cruciale : qu’est-ce qui diffère entre ton premier et ton deuxième album ?

Un truc qui me semble un peu évident, c’est que, après avoir sorti un premier album, tu gagnes en expérience, en technique et tu apprends de tes erreurs. Alors, le second est censé être un meilleur album en termes de production. Cela dit, d’un point de vue artistique, ce n’est pas forcément le cas. J’ai l’impression que, parfois, c’est le hasard qui dirige ma démarche. Quand je commence un morceau, je ne sais jamais vraiment ce que ça va donner à la fin. A coté de ça, dans le premier opus, j’avais des chansons en anglais et dans le deuxième, je n’en ai plus. Comme mes pensées s’articulent en français, j’ai pensé que mes textes seraient plus authentique si je faisais l’effort d’écrire dans ma langue maternelle. J’aime bien mes chansons en anglais mais l’exercice est différent. L’anglais est assez pratique pour la musique, les mots sont courts et les rimes sont faciles . Mais je passe encore par une étape de traduction quand j’écris en anglais. Ça changera peut-être à l’avenir. 

Ludodelvico sur le sol de son local de répétition.

Est-ce que tu dirais que tu préfères ton deuxième album au premier ?

Je les aime les deux comme ils sont, parce qu’ils se sont faits à des moments différents de ma vie. Et je crois que je préfère le deuxième album en termes de qualité de production. Cela étant, sur le plan artistique, il y a des trucs que j’aime dans le premier aussi.

Une de tes habitudes lorsque tu créées ?

Il y a plusieurs endroits dans Lausanne où j’aime me rendre, pour écouter ce que j’ai fait dans un autre contexte et sans avoir le nez collé sur mon projet. Parfois, je suis tellement focus sur des détails que je n’arrive plus à avoir une oreille critique et j’ai besoin d’écouter d’autres trucs ou d’écouter mon morceau dans un autre contexte. Par exemple, parfois je viens ici car je trouve la vue jolie (Terrasse de la Place du Château). Et aussi parce que de là je peux voir ma chambre et mon salon, là où j’ai le plus travaillé sur mon album,  dans mon petit home studio. Tu vois l’immeuble, là, en face ? Il y a des balcons. Moi, je n’ai pas de balcon. Je suis à l’étage juste en-dessous. En gros, je regarde de loin l’intérieur de mon appartement en m’imaginant que je suis en train d’y travailler. Ça me donne une sorte de sensation d’être extérieur à ma vie et cela me permet en quelque sorte d’avoir une écoute différente sur mon album, si tu vois ce que je veux dire (rires).

Parle-moi de tes sources d’inspiration. Des artistes en particuliers dont l’univers te parle ?

Oui, il y en a pas mal. D’ailleurs, je me sens parfois un peu comme un usurpateur parce que j’écoute ce que font certaines personnes et je me dis « Ça, c’est cool. J’ai envie de le reprendre. J’ai envie d’essayer de faire un truc qui ressemble dans une de mes chansons. » Mais je crois que finalement, ça ne se remarque pas trop. Peut-être parce qu’au final, même si je pars d’une idée, le résultat ressemble à quelque chose de différent. Mais c’est déjà arrivé que les gens me disent « ah toi, tu écoutes tel artiste ! ». Mais bon. Je pense que, quand tu fais de la musique, tu es forcément influencé par les choses que tu aimes écouter. Et tu mélanges tout ça avec des tests et des essais, jusqu’à ce que ça donne quelque chose d’intéressant. En tout cas, c’est comme ça que je fais.

Qu’est-ce que ces différentes influences ont en commun ?

J’écoute beaucoup d’artistes issus du home studio. Je pense que je me reconnais dans leurs sensibilités. De nos jours, la tête d’affiche d’un festival peut aussi être un gars, tout seul, qui a tout produit en home studio. J’aime bien ce genre d’artistes autodidactes, qui bossent seuls dans leur chambre. On entre dans leur univers et dans quelque chose de plus intime et plus personnel que lorsque c’est un groupe de personnes qui ont travaillé sur un morceau. C’est deux processus créatifs très différents. Quand on est en groupe, c’est plusieurs personnalités et plusieurs cerveaux qui, en même temps, ensemble, composent une chanson. Mais les deux processus me parlent pour différentes raisons, je dirais.

Tu as toi-même différents projets en parallèle. Un solo (Ludodelvico) et deux en groupe (VER et la Bande à Joe). Comment s’articule le tout pour toi ?

Ça m’apporte différentes choses et ça nourrit des aspects différents. Par exemple, la Bande à Joe a plus un style plutôt rock psyché, et VER me permet d’explorer l’électro. Ça me permet d’expérimenter différentes façons de faire, de sortir de ma zone de confort. Si je ne faisais que mon projet solo, peut-être que je rentrerais un peu dans mes habitudes. Être avec d’autres gens, c’est souvent un peu plus challenging. Il faut aussi gérer les compromis, les critiques. Ça me donne des idées et de l’inspiration de voir comment les autres travaillent et pensent.

Ludodelvico, auto-portrait.

C’est comme un cercle vertueux. Tes différents projets se nourrissent les uns les autres. Quels sont tes autres trucs pour booster l’inspiration ?

Personnellement, j’ai besoin de faire plein de trucs en parallèle, d’avoir plusieurs projets, même si tous n’aboutissent pas à quelque chose de concret. C’est comme ça que je suis le plus à l’aise de travailler. Je suis obligé d’être sur plein de trucs différents en même temps pour stimuler ma créativité et avoir de nouvelles idées. Ça permet aussi de ne pas me lasser de ce que je suis en train de faire et de ne pas perdre la motivation. Je t’ai dit que j’avais ces trois projets, mais j’en ai encore d’autres. J’ai aussi un projet de musique de relaxation, je fais de la vidéo et j’aide à organiser certains événements. Là, on va faire un concert filmé. Je viens de lancer un label, j’ai créé une association. Le concert filmé va servir à promouvoir ce label, qui s’appelle Supraluminal. C’est un projet qui me motive. C’est un petit label pour l’instant, juste pour nos projets à nous – à moi et mes potes qui y collaborent.

Et sinon je me sens souvent inspiré quand je voyage. Et j’essaie de me mettre en état de voyage permanent, même si je vais acheter du pain à la boulangerie. J’essaie de me dire que ce n’est pas ma vie, que je ne suis pas à Lausanne et j’essaie de découvrir des choses que je n’ai pas vu passer avant. Je trouve que c’est dans ces moments-là où tu trouves des idées, peut-être dans un état qui n’est pas quotidien. Et c’est ça que j’ai fait pour l’album.

Comment cette forme de voyage dans le quotidien se traduit dans ton nouvel album ?

Quand j’ai écrit les chansons d’Organigraal, j’étais souvent en train de prendre de la distance sur ma vie. Elles racontent dans un sens ce que je vois et ce que j’expérimente, et j’ai justement envie de montrer différents endroits et différents ressentis aux gens. C’est ce que ma musique essaie de partager. En restant enfermé dans une ville (par exemple, où j’habite maintenant, dans un bloc de béton en plein centre-ville), je ne vois jamais le ciel, je ne vois pas les nuages. Mais j’ai besoin de voir ces choses. Le ciel et les étoiles sont en quelque sorte mes points d’ancrage, mes refuges. Quand quelque chose me fait peur, quand une difficulté se présente à moi , je lève la tête et ça me rassure de voir que le ciel est là. Il m’est familier et amical. Il me rappelle qu’on est juste une espèce parmi plein d’autres, qu’on est rien, mais que du coup, rien n’est grave. Ça fait du bien de se le dire. J’aime bien cet endroit aussi. Je voulais aller dans un endroit où on a la vue sur la mer (rires) (Terrasse de l’église Saint-Jacques). Je t’amène dans le quartier où j’ai grandi. Quand je regarde les nuages, le ciel, les montagnes, le lac, j’ai cette impression que rien n’est vraiment grave, qu’on a juste à vivre la vie en étant le plus heureux possible. En acceptant de souffrir parfois. Les gens meurent. Les relations prennent fin. Partout, tout le temps. Et ce n’est pas grave. La vie n’est pas grave.

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J’espère que cette balade vous aura plu. Pour l’avoir déjà écouté un certain nombre de fois (quand on aime, on ne compte pas), je peux vous assurer que chaque morceau figurant sur l’album Organigraal invite à la joie. A la célébration des beaux moments de la vie, ainsi qu’à celle de leur fragilité. Et même au lâché-prise. J’ai personnellement totalement craqué pour le morceau « Le temps qu’il reste encore », qui allie tendrement nostalgie, crainte du lendemain et espoir. Le tout assaisonné d’une mélodie entraînante et d’harmonies enveloppantes. Bonne écoute !

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Liens

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