Certains élèves ont l’espoir d’un gymnase ludique quand ils cherchent des « Cartes métaphysiques ». Suite à la perspicacité d’une libraire ils s’amuseront peu en lisant les Méditations métaphysiques de Descartes !
D’autres, après avoir lu Gargantua s’imaginent que les auteurs français sont obsédés par les plaisirs de la table. En effet, Boris Vian a écrit « Légumes du jour » et non plus l’Ecume des jours, le recueil de La Fontaine n’est plus constitué de Fables choisies mais de « Tables choisies » et le Bescherelle si fade devient le « Béchamel » tellement plus alléchant !
Tout à son honneur, le gymnasien lausannois vient acheter le « Code obligatoire » plutôt que le Code des obligations car nul n’est censé ignorer la loi.
Quand un étudiant cherche le « Petit Gréviste » au lieu du Petit Grevisse, on se demande ce qu’il espère apprendre à l’école.
Il arrive aussi que le sens de la réalité quitte ces jeunes clients :
– « J’ai envie de m’attaquer à la littérature française. Est-ce que George Sand a écrit quelque chose récemment ? »
– « Les livres scolaires, chez vous, sont fournis ou il faut les payer ? »
L’espoir envahit fréquemment ces jeunes esprits et ils cherchent « Au plaisir des femmes » plutôt qu’Au bonheur des dames.
Non contents de changer simplement les titres, l’élève type les modifie en fonction de son époque : Les bonnes vieilles Presses universitaires de France (PUF) se transforment en éditions « Pouffe » beaucoup plus sexy ou l’Homo faber poussiéreux devient l’« Homo forever » tellement plus actuel.
Des perles classiques, il y en a des milliers de ce genre :
– « Un autobus nommé Désir », car le tramway c’est vraiment ringard ;
– « L’Abattoir » de Zola, bien plus intéressant car plus sanglant que L’Assomoir ;
– « Le Père Balzac », car il est bien plus célèbre que le pauvre Goriot.
Par ce petit dialogue type de la rentrée, on comprend le souci majeur des nouveaux étudiants :
« Bonjour, je cherche les Liaisons dangereuses de Laclos.
– En quelle édition, s’il vous plaît ?
– Ben… la plus courte ! »
Du souci, ils s’en font beaucoup, les pauvres, à la rentrée mais qu’ils sachent, tous ces élèves, que bien souvent, ils sauvent la journée d’une libraire !
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