Un regard sur Lausanne: Nos désirs font désordre

Un regard sur Lausanne: Nos désirs font désordre

Quand on se balade à Lausanne, on peut se retrouver nez à nez avec des phrases laissées là, au hasard d'un mur, d'un escalier. Et s'en sentir touché.e, aussi sec. Sans vraiment comprendre pourquoi, on lit cette phrase et on se dit "j'ai envie de lui donner une suite". C'est ce que je vous propose dans ce court billet, un regard sur une citation rencontrée dans notre chère ville.

Nos désirs font désordre. Quelle joie que de découvrir ces mots, mes mots, nos mots, sur un mur de ma ville. En pleine nuit, une nuit douce, sans promesse ni devoir, une belle nuit. Que notre désordre continue à faire tanguer leurs pensées limitantes.

Oui, nos désirs font désordre. Ça dépasse, ça déborde, ça s’emballe. On en veut plus, plus fort, plus loin, plus vite, plus souvent mais pas que. On pense tout le temps, sans arrêt, sans pouvoir le contrôler. On se repose peu. Mais c’est pas ça l’idée. C’est pas ça qu’on cherche. On cherche surtout à vivre, à sentir, à voir, à entendre, à dire, à donner, à crier, à chanter, à danser, à pleurer, à rire, à tout faire péter si c’est ça qui sonne le plus vrai. Il y aura toujours quelque chose à dire, à voir, à faire, à construire, à changer, à aimer, à écrire. Vous aimeriez qu’on se calme ? Qu’on soit moins sûrs ? Qu’on rentre dans vos rangs ?

On aime les gens, indépendamment de tous vos paramètres. Intranquilles, envers et contre tout. Énervés par besoin, par conviction. Pas par contradiction, ni par révolte. Même pas par colère. Mais parce que c’est la couleur de notre sang. Le goût de notre identité profonde. Le parfum de notre essence. On attend que vous vous agitiez autant que vous aimeriez qu’on se calme. Qu’on se tempère. Qu’on se modère. Votre impression de survivre n’égalera jamais notre urgence d’exister. On n’y arrivera sans doute jamais. A vous rallier à notre cause, à vous convertir à l’impatience de vivre 1000 vies. Car nous ne vivons pas avec des buts. Nous vivons par amour de la vie. Pas par ambition d’atteindre un quelconque objectif. Par curiosité pour ce que le chemin a à nous montrer et qu’on n’avait pas imaginé. Tous les jours, nous prenons la plume pour tracer notre chemin. Nous construisons des ponts à l’aide des pierres chargées de peur et d’incompréhension que vous nous jetez par ignorance. La passion comme seule entrée en matière. Malgré tous vos efforts, malgré toutes les étiquettes que vous tentez de nous accrocher sans la moindre créativité. Malgré les coups de couteau répétés à notre étendard. Un être humain ne se résume pas. Il se vit, se découvre, se parcourt, s’accueille et s’aime. Au diable vos codes. Le diable est avec nous. Il sait à quel point les sillons du vivant sont insaisissables. Tentez vainement de tout matérialiser, acharnez-vous à enfermer l’amour. Tout nous dépassera toujours. Vous comme nous.

C’est ce qu’il y a de plus merveilleux dans l’existence humaine. Etre plein de ce tout qui nous échappe, autant qu’il nous entoure, nous précède et nous suit. Nos désirs qui font tant désordre trouveront toujours leur chemin au-delà de vos limites. Et sachez qu’on ne peut au fond même pas s’empêcher d’éprouver de l’amour pour vous.

Nos désirs feront désordres. Nous n’exécuterons jamais vos ordres.

  1. Avatar
    Jo
    | Répondre

    Exemplaire. Bravo. Si bien inspiré que je me permets de laisser traîner un morceau de l’homme à moustache que je trouve inspirant (et que tu reconnaîtras) :

    “(…) Et tous sont ainsi faits, vivre la même vie
    Toujours pour ces gens-là, cela n’est point hideux.
    Ce canard n’a qu’un bec et n’eut jamais envie
    Ou de n’en plus avoir ou bien d’en avoir deux.

    Ils n’ont aucun besoin de baiser sur les lèvres
    Et, loin des songes vains, loin des soucis cuisants,
    Possèdent pour tout cœur un viscère sans fièvre,
    Un coucou régulier et garanti dix ans.

    ô les gens bienheureux ! Tout à coup dans l’espace

    Si haut qu’ils semblent aller lentement, un grand vol
    En forme de triangle arrive, plane et passe.
    Où vont-ils ? Qui sont-ils ? Comme ils sont loin du sol !
    Regardez les passer, eux, ce sont les sauvages
    Ils vont où leur désir le veut: par dessus monts
    Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages
    L’air qu’ils boivent ferait éclater vos poumons. (…)”

    C’est extrait de la chanson “Les Oiseaux De Passage” et se serait bien qu’on soit plus nombreux.ses, loin du sol.

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