Lausanne, pour vos yeux et vos oreilles

Lausanne, pour vos yeux et vos oreilles

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Une fois n'est pas coutume, quatre blogueurs se sont prêtés à un exercice ludique et mélodieux: identifier un lieu lausannois qui leur tient à cœur avec lequel vibre une chanson d'un.e artiste du cru qui parsème leurs playlists, et y apposer leurs rêveries, leurs mots. Le tout donne naissance à une véritable ode musicale à Lausanne, à des moments de vie, à des songes. Bon voyage!

Tous nos sens sont appelés, mobilisés lorsque l’on se promène. Par monts et par vaux, mais aussi par les collines, les rues, les places et les parcs lausannois. On habille la ville de notre quotidien, de nos souvenirs, de nos idées folles, de nos victoires, de nos échecs. On y déroule nos pas, tantôt décidés, tantôt maladroits. Lausanne change tous les jours, tout en restant la même. Et cette fois, en plus de nos mots, on a décidé d’y amener de la musique. La musique de Lausanne, de ses artistes. Article à déguster avec les yeux et les oreilles. Ou que les yeux d’abord, puis avec les oreilles. C’est vous qui voyez. On vous souhaite une douce lecture sonore de notre chère ville.

Place du Tunnel – Bar de Nuit, Sandor

La Place du Tunnel © Manu

L’asphalte terne sous mes pieds adoucit mon regard timide. Les lueurs naissantes, moites, liquides, ruissellent sur mon front, éblouissent mes yeux. Derrière moi, des bars de nuit sordides, plongés dans la brume humide, semblent à bout de souffle. Sur les trottoirs, des ombres et des figures planent comme ensorcelées par les fébrilités de l’été. Je songe et m’égare à mon tour, m’oublie. Alors devant mes yeux, le souvenir de son beau visage. Sur mes lèvres, la saveur de sa peau. Je m’approche, les poings serrés, le souffle court, de sa bouche. Entre mes doigts, les siens. Dans le creux de ma main, sa joue, sa nuque. Contre mon ventre, la chaleur de son corps. Il y a nous, ici et maintenant, et plus rien d’autre.

Sur le parking paumé, les platanes s’agitent soudainement et m’extirpent de ma douce et dangereuse torpeur. La Place du Tunnel se présente à moi, dans tout ce qu’elle a de plus ironique et narquois. Je la contemple avec gratitude. J’ai envie de l’embrasser.

Manu

Le parc de Mont-Repos, entre oiseaux et chiens – Chanson pour mon chien, Henri Dès

Le Parc Mon Repos © Manon

Parmi les parcs lausannois, celui de Mont-Repos est mon préféré. Il y a bien-sûr les sympathiques étendues vertes qui invitent au délassement. Il y a aussi les chouettes projections cinématographiques organisées par le Zinema en open air, les samedis d’été à 22h où je me suis rendu quelquefois. Mais c’est surtout les cages remplies de perruches et autres perroquets qui m’attirent. Des êtres drôlesques mais aussi attachants. J’aime les animaux. Les oiseaux, les chats, les chiens. A propos de chien, si j’en avais un, le parc de Mont-Repos pourrait donc bien avoir ma préférence pour aller le promener. Et cela tout en sifflotant, pourquoi pas, cette Chanson pour mon chien d’Henri Dès que j’ai eu la chance d’entendre en live il y a deux ou trois ans, et qui m’a beaucoup touché : “Et je l’aime, quand même, je l’aiaiaime.”

Lucien

Carrefour café – Désir noir, Billie Bird

Carrefour Café © Manon

Vous marchiez bien aligné·e sur une belle route de pierres blanches. Rassurante ligne claire et balisée. Sous un grand soleil de midi, il suffisait d’avancer pour bâtir un futur sans remous.

Soudain, un éclaboussement. Un bruit d’eau proche et lointaine. La curiosité est piquée. Vos yeux se portent sur la forêt en parallèle. L’attention se détourne. Vous apercevez une mare et ses reflets noirs au travers des fourrés. Le trouble est intérieur. Bientôt, l’eau sombre s’infiltre dans vos nuits.

Très vite, le choix de ne pas en parler. Garder secret ce qui sommeille dans la forêt. Ne rien dire du trouble qui grandit. Mais… La mare appelle. Son murmure régulier à la marge ensorcelle. Le désir de prendre la tangente se fait insistant. La route de pierres blanches devient angoissante.

S’enfuir ou se languir, la décision est prise bien avant le carrefour.

La forêt dérobe. 

La mare engloutit.

Reste une onde.

Un éclaboussement.

Julie

Parc du Bourget – Le temps qu’il reste encore, LudoDelVico

Le Parc du Bourget © Manon

Jamais je n’oublierai ce jour, ce matin, où tu m’as dit « On va voir la mer ? ». Tous les kilomètres qui ont suivi, les paysages, les rires, les hésitations, les secrets, les silences, les doutes. Comme si on s’était toujours connus.

A la place du sable, on a foulé des pavés. A la place d’une balade sur les dunes, on s’est comme échoués dans une ville pour déambuler.

Tout a compté.

Nos corps ont commencé à se tutoyer, sans se céder totalement.

Nos voix se sont timidement mêlées, sans pour autant trouver leur chant.

Tout a été rapide et lent. Un rythme sans demi-mesure, pourtant.

Cette journée a trouvé sa fin sans même que nous en saisissions le début.

Ce jour-là, cette noble étendue bleue ne nous a pas vus.

Plus tard, l’océan nous a accueilli.

Plus tard, la musique nous a réunis.

Comment savoir si on est en retard ?

Et si notre temps était compté ?

On a toute la vie.

Plus tard.

D’accord, on a toute la vie.

Manon

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