Sur les traces des habitantes et habitants invisibles de la Lausanne médiévale

Sur les traces des habitantes et habitants invisibles de la Lausanne médiévale

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Qui sont les habitantes et habitants «sans-histoire», «invisibles» ou «invisibilisés» qui vivaient à Lausanne au Moyen Âge? Enfilez vos meilleures chaussures, dans le cadre du Festival Histoire et Cité, le week-end des 2 et 3 avril, des étudiant·e·s de l’UNIL vous proposent quatre parcours guidés en ville.

Qui animait la cathédrale, lieu de pèlerinage et de commémorations? Comment traitait-on les pestiféré·e·s et les lépreux·ses à Lausanne? Où travaillaient les artisan·e·s et marchand·e·s? Quel était le statut des femmes? Comment la justice lausannoise traitait-elle les brigand·e·s, les voleur·euse·s et les sorcier·ère·s?

Autant de questions auxquelles les quatre balades conçues par des étudiant·e·s de Master en Histoire médiévale de l’Université de Lausanne, sous la supervision de la professeure Martine Ostorero, répondront. Une occasion de découvrir la ville de manière ludique et didactique tout en partageant un moment convivial.

Placer le savoir au cœur de Lausanne

Plan de la ville de Lausanne, dessiné en 1638 par David Buttet. © MHL

Le Festival Histoire et Cité existe depuis 2014 à Genève et se développe depuis quelques années à Lausanne. Il a pour ambition de nourrir la réflexion et le dialogue autour d’un thème faisant écho à l’actualité, replacé dans une large perspective temporelle et transculturelle. Cette septième édition explore la thématique des «Invisibles» et met en lumière celles et ceux qui ne figurent pas dans les manuels d’histoire et dont aucune rue ne porte le nom.

«A Lausanne, le festival se tient essentiellement au Palais de Rumine afin d’éviter au public de se déplacer sur le campus de l’université qui est excentré. Le Palais de Rumine se profile de plus en plus comme un Palais des savoirs avec les nouvelles synergies qui se créent entre les différents musées de sciences naturelles et humaines qu’il abrite», rappelle Martine Ostorero, professeure associée d’histoire médiévale à l’Université de Lausanne et membre du comité scientifique du Festival Histoire et Cité.

«Pour cette édition, j’ai eu envie d’impliquer mes étudiant·e·s. Je me suis inspirée des promenades en ville organisées par Ariane Devanthéry, historienne de la culture indépendante, et l’Association Culturelle pour le Voyage en Suisse afin de créer un séminaire qui mêle recherche universitaire et création de projet.»

Exhumer les archives

Durant l’automne, les étudiant·e·s ont travaillé, en groupe, de manière approfondie sur plusieurs thématiques. Le but: constituer un dossier de sources qui comporte des documents inédits. Une tâche pas évidente en histoire médiévale. «Je voulais sensibiliser les étudiant·e·s à l’accès aux sources; qu’ils se rendent aux Archives de la Ville de Lausanne ainsi qu’aux Archives cantonales vaudoises pour leurs recherches et puissent montrer des documents au public», détaille Martine Ostorero.

Dans des boîtes classées, des traces écrites fragmentaires, manuscrites, compliquées à déchiffrer et en latin, les attendaient. Des mentions dans des livres de comptes ou des actes notariés.

«Les gens ordinaires restent souvent invisibles sauf en cas de problème, car il est nécessaire de légiférer.»

Les étudiant·e·s ont aussi pu s’appuyer sur les mémoires rédigés par leurs prédécesseurs depuis trente ans et publiés par les Cahiers lausannois d’histoire médiévale. Une base d’informations importantes et souvent peu employée.

«Je leur ai accordé une grande liberté de choix. Je souhaitais instaurer un esprit de collaboration et de coopération autour d’un projet commun. Je n’ai rien imposé, mais conseillé et validé les contenus scientifiques.»

Capture d’écran du compte Instagram @invisibles.lausannois.es

Vulgariser l’histoire médiévale

«À l’ombre de la Cathédrale», «Pandémie et assistance», «Les invisibles du quotidien», «Sur les pas des réprouvé·e·s»: quatre circuits en ville de 1h30 chacun agrémenté de la présentation d’objets inédits et d’un flyer récapitulatif.

«Les balades invitent le public à prendre conscience des limites de Lausanne au Moyen Âge, à imaginer les remparts, à prendre conscience de l’évolution de la ville.» Si certains lieux cités existent encore, d’autres ont disparu ou sont situés trop loin du centre-ville pour que le déplacement puisse se faire dans le laps de temps imparti. Dans ce dernier cas, les étudiant·e·s en parleront depuis des points de vue stratégiques comme l’esplanade du château Saint-Maire ou de la cathédrale. A noter, la balade «Les invisibles du quotidien», dimanche à 11h, se clôturera avec une dégustation.

L’enjeu pour les étudiant·e·s? Transmettre un maximum d’informations et rendre ce savoir accessible au plus grand nombre. Une activité qui se nomme «médiation culturelle» et qui peut être choisie comme spécialisation en Master ès Lettres à l’Université de Lausanne. «Les étudiant·e·s trouvent bénéfique en fin de cursus qu’on leur propose une validation qui soit la création d’un projet public plutôt qu’un écrit et/ou un oral. C’est une expérience professionnalisante pour eux aussi», souligne Martine Ostorero.

Après ce week-end, il est possible que ces balades soient adaptées pour des familles ou des sorties scolaires. Coulisses et avenir du projet à suivre via le compte Instagram @invisibles.lausannois.es.

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