«100 femmes qui ont fait Lausanne», le livre qui célèbre les Lausannoises

«100 femmes qui ont fait Lausanne», le livre qui célèbre les Lausannoises

Il y a un an, le livre «100 femmes qui ont fait Lausanne» sortait de presse. Depuis, le temps a filé, mais l’idée de vous en parler n’a pas sombré dans l’oubli. La Journée internationale des droits des femmes, ce 8 mars, est l’occasion – d’enfin – mettre en lumière cet ouvrage didactique illustré par Hélène Becquelin.
Henriette d’Angeville (1794-1871): une femme au sommet du Mont-Blanc. © Hélène Becquelin

Elles sont politiciennes, artistes, scientifiques, militantes, philanthropes, sportives, etc. Elles se nomment, entre autres, Henriette d’Angeville (1794-1871), première femme à avoir organisé son expédition au sommet du Mont-Blanc, Lolette Payot (1911-1988), meilleure tenniswoman suisse avant l’arrivée de Martina Hingis, Rosalie Constant de Rebecque (1758-1834), dont l’herbier sert encore de référence dans l’histoire de la flore. Elles sont nées à Lausanne, y ont vécu ou l’ont fait rayonner dans le monde.

Un projet pour réhabiliter les femmes

100 femmes qui ont fait Lausanne, c’est un projet du Bureau de l’égalité de la Ville de Lausanne, édité par les Éditions Antipodes et illustré par Hélène Becquelin. Les textes sont signés Isabelle Falconnier, Corinne Dallera et Ariane Devanthéry.

«Je me suis dit qu’à notre niveau, nous faisions avancer la cause des femmes, et que les futures petites filles ne penseront plus qu’elles ne sont pas les égales de leurs copains de classe.», déclare Florence Germond, municipale en charge des questions d’égalité, dans une interview publiée en février 2021.

Par ailleurs, la Ville de Lausanne s’est fixé pour objectif de pourvoir trente rues et espaces publics lausannois de noms féminins d’ici la fin de la législature, en 2026.

Les anonymes. © Hélène Becquelin

Se limiter à 100 portraits

Un groupe composé d’historiennes et d’historiens et de représentantes des groupements féministes lausannois a contribué à établir la liste des noms publiés. Seules des sources historiques secondaires ont été utilisées. Les personnalités sont toutes décédées. Elles ne couvrent ainsi pas la diversité des domaines que les Lausannoises ont investis plus récemment. Il manque également celles que l’histoire n’a pas retenues et qui n’ont pas laissé de traces écrites. La catégorie «Anonymes, invisibles et oubliées» rend hommage à ces femmes de l’ombre.

Chaque nom est accompagné d’un court texte biographique. Libre à vous de lire l’ouvrage d’une traite ou de picorer à votre rythme des portraits au fil des catégories: luttes militantes, politique, éducation, sciences, santé, sport, littérature, journalisme ainsi que tout ce qui touche aux arts. Au Lausanne Bondy Blog, nous avons choisi de chacune et chacun vous présenter une des femmes du livre qui nous inspire personnellement.

Les coups de cœur du Lausanne Bondy Blog ❤️

© Julie Collet

Anne Perrier, une poésie de l’intime

J’ai croisé Anne Perrier sur Instagram. Au détour d’une story de ce cher Quentin Perissinotto. Été 2018. Sa douce poésie a accompagné mes voyages en train. Ses poèmes tiennent parfois du haïku japonais célébrant l’évanescence des choses et les sensations qu’elle suscite. Seule femme à avoir reçu, le 7 mars 2012, le Grand Prix national de la poésie française. Je ne savais pas qu’elle était née à Lausanne en 1922. Quelle belle occasion d’écrire quelques lignes sur elle que de la retrouver dans 100 femmes qui ont fait Lausanne.

Je vous recommande la lecture du Livre d’Ophélie (1979) et de La Voie nomade (1986). Eloge au voyage, au temps qui passe, à la nature. Ô rompre les amarres, partir partir, je ne suis pas de ceux qui restent, la maison le jardin tant aimés, ne sont jamais derrière mais devant, dans la splendide brume, inconnue. Être vivant dans la lumière du monde et en connaître le privilège. Anne Perrier est pour moi une source d’inspiration en raison des thématiques qu’elle aborde et la forme courte, allant à l’essentiel, qu’elle choisit. Personne ne dit aussi bien qu’elle la temporalité de la vie et la beauté du monde. Julie


Lucy Dutoit – Génération Vinet

Si je ne devais garder qu’une seule femme des 100 proposées dans l’ouvrage 100 femmes qui ont fait Lausanne, mon choix se porte sur Lucy Dutoit. L’aspect qui fait que, pour moi, Lucy Dutoit est une femme lausannoise marquante est la création de cette génération de femmes qu’elle a marqué et qu’elle a su assemblé autour de valeurs communes.

© Leticia Pérez

Cela m’a rappelé ce passage phare du livre Le Deuxième Sexe (tome I, 1949) de Simone de Beauvoir qui exprime la difficulté de créer un groupe «Femme» de par l’hétérogénéité du vécu de chacune: «Elles n’ont pas de passé, d’histoire, de religion qui leur soit propre; et elles n’ont pas comme les prolétaire une solidarité de travail et d’intérêts; il n’y a pas même entre elles cette promiscuité spatiale (…). Elles vivent dispersées parmi les hommes, rattachées par l’habitat, le travail, les intérêts économiques, la condition sociale à certains hommes – père ou mari – plus étroitement qu’aux autres femmes.»

Lucy Dutoit a réussi, à son échelle locale, à former une génération de femmes qui s’assembleront pour contribuer au paysage associatif vaudois. Cela a été possible grâce, tout d’abord, à l’appartenance au même milieu favorisé, mais aussi grâce à la formation commune reçue à l’Ecole Vinet («génération Vinet») mais aussi grâce à la valorisation de l’intervention des femmes dans la vie publique au travers des vacances suffragistes qui proposaient des conférences, jeux et exercices pratiques de prise de parole en public. Leticia


France Léa Gourdji alias Françoise Giroud

Au moment où Julie nous parle de rédiger un article collectif sur le livre 100 femmes qui ont fait Lausanne, je suis traversée par deux sentiments distincts, à savoir: un profond enthousiasme – j’adore écrire sur, de et pour les femmes – et une considérable perplexité – comment n’en choisir qu’une?

© Manon Mariller

Le temps passe et, à l’occasion d’un des très nombreux jours de pluie dont le mois de mai nous a gratifiées, je m’assois devant le rayon des livres encore non-lus de ma bibliothèque. L’un d’entre eux porte un titre qui m’aimante instantanément: Histoire d’une femme libre. Se remanifestent alors les frissons dans la nuque et la vibration viscérale que j’avais ressentis lors de la découverte de ce livre en librairie. Ni une, ni deux, je m’en saisis et (re)commence à le lire. Cette fois-ci, je n’en ai fait qu’une bouchée! Quelques pages avant d’arriver à la fin (que j’ai tenté de repousser le plus possible, afin d’aussi repousser la sensation de perte et de deuil que fait apparaître chez sa lectrice tout bon livre à son terme), il me semble me rappeler la lecture du nom de cette scripte de cinéma, autrice, journaliste et femme politique dans le livre 100 femmes qui ont fait Lausanne… et, à ma grande joie, c’est bien le cas!

Bien qu’elle soit effectivement née au numéro 53 de l’avenue Rumine en date du 21 septembre 1916, je reste quelque peu dubitative quant à sa présence dans l’ouvrage dirigé par la Ville de Lausanne. En effet, la principale intéressée n’a jamais su qu’elle était née à Lausanne et n’y a jamais vécu ni exercé une quelconque activité. Il est donc plutôt inattendu de la retrouver là.

Je profite néanmoins de ce bref billet pour chaudement recommander la lecture du récit autobiographique rédigé à la suite de la tentative de suicide de son autrice. Françoise Giroud y donne notamment un regard historique sur les rapports entre femmes et hommes lorsque le pouvoir et l’ambition sont en jeu. Elle décrit également avec honnêteté et pudeur la quête éreintante de légitimité qui peut être la croix de certaines d’entre nous. Enfin, elle démontre avec quelle ténacité et endurance l’indépendance des femmes demande encore et toujours à être défendue et protégée.

Une parmi des centaines de milliers de femmes brillantes au regard nécessaire que Lausanne a eu la chance de voir naître. Manon


Lucienne Schnegg devant le Capitole en 2005. Photo utilisée pour l’affiche de «La petite dame du Capitole» de Jacqueline Veuve.

 

Lucienne Schnegg, ou la (grande) petite Dame du Capitole

Evidemment, le cinéphile que je suis ne pouvait porter son choix que sur la petite Dame du Capitole, Lucienne Schnegg. Le Capitole, actuellement en rénovation avant d’accueillir la cinémathèque, c’est la plus grande et sans doute la plus belle salle de Suisse. Au pic de son activité, ce n’était pas moins de 25 employées et employés qui le faisaient tourner, ouvreurs en uniforme compris. Et Lucienne Schnegg est donc celle qui a dirigé ce lieu dès 12 ans avant l’introduction du droit de vote des femmes, en 1959, et jusqu’en 2010. L’exploit est donc double: une arrivée dans les sommets du monde cinématographique suisse, et un maintien dans ces mêmes sommets pendant 51 ans.

Ainsi, même si la Dame du Capitole n’est pas connue pour son militantisme féministe, nul doute qu’elle a fait progresser la cause des femmes. Elle a en effet affiché un exemple ébouriffant qui n’a pu que contribuer à faire évoluer les mentalités au sujet des compétences féminines. Et elle a donc bien mérité un documentaire à son sujet, intitulé La petite dame du Capitole, de Jacqueline Veuve. Lucien


© Hélène Becquelin

 

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