« Tu vois, le Manteau Noir, c’est un ancien flic de Zürich, un dur de chez dur, qui a bossé toute sa vie pour coincer des junkies, et puis un jour il a dû partir à la retraite, parce que ses supérieurs, tu vois, il commençait à leur faire peur. Parce qu’il avait des méthodes de faf, de vrai, de dur. Mais tu vois, au lieu de partir picoler des p’tits verres de blanc dans son village d’origine, il s’est enfermé chez lui, le mec, et le soir il a commencé à gamberger, tout seul dans sa chambre, avec juste sa collection de flingues chez lui. Et la journée, il venait traîner sur les lieux où il avait sévi, tu vois ? Et puis ils l’ont découvert un jour, en train de tabasser un type. Alors il a fait jouer ses relations pour échapper à la taule, le type il en restait rien, tu vois, il avait plus de dents, il avait plus de face, mais le gars il s’en est sorti comme ça, « pfuit ! ». Mais ses vieux potes de la police, ils lui ont dit de partir, qu’il se faisait du mal, qu’il allait finir par se faire planter un soir, ou se retrouver en taule. Alors il a déménagé, il est venu à Lausanne, et depuis, il rôde autour de la Riponne, et quand il voit un junkie, ça le démange, et si il est tout seul, le gars, en train de faire son fix tranquille ou de délirer dans un coin, il l’emmène avec lui, et il le fait disparaître. Son grand manteau noir est la dernière chose qu’il voit, et après le silence. C’est Long John qui m’a raconté ça, une fois qu’il était calme ».