C’est à la toute dernière minute que la décision s’est prise, alors que je venais de rentrer d’une virée avec des amis. En principe seul pour le reste de la journée, j’avais le coeur un peu lourd. Lourd de certains problèmes personnels, lourd du weekend bientôt fini, enfin bon, ce n’est pas toujours en chanson que se déroulent mes dimanches après-midi.

Radio allumée. Dieu merci, les flashinfos servent parfois encore à autre chose que nous rappeller les cas quotidiens de quoi vous savez : le match y fut mentionné. Bonne idée, me dis-je, et je trouvais l’énergie et une vraie envie d’y aller.
Arrivé à l’arrache, après une queue monumentale pour montrer le certif covid et une deuxième, un peu plus courte, pour obtenir la saucisse et le morceau de pain, j’avoue que la première mi-temps ne m’a pas égayé. Déjà, j’aurais préféré un hot dog, mais la machine était en panne. Ce fut ensuite gallère de rejoindre ma place, trouvée seulement après l’interrogatoire de deux bénévoles. Le temps d’être assis, ça jouait déjà depuis deux minutes.

Je ne mentionne là que de petites choses nourricières d’une mauvaise humeur de surface, mais en réalité, des problèmes d’une autre ampleur me tenaillaient toujours l’esprit. Et, parfois, nul spectacle ne peut vous atteindre dans le brouillard. Ainsi, j’ai subi la première mi-temps plus que je ne l’ai regardée. Il s’agissait de tuer le temps de manière moins insupportable que si j’étais resté chez moi.
On m’accusera peut-être de prosélytisme. C’est tant pis : j’ai fait une petite prière, sorte de vaccin anti-dépression. Il manque les études randomisées pour vous démontrer que ça marche, je ne peux que vous encourager d’essayer à l’occasion. Toujours est-il qu’assez rapidement, mon intérieur à retrouvé du souffle et de la lumière. Plus évidemment que la suppression des problèmes, c’est le changement de regard porté sur ceux-ci qui peut intervenir. Et de se rendre compte, aussi, qu’on grossit souvent nos tracas par rapport à leur taille réelle. Parfois, ils n’en sont même pas vraiment.

Mais trêve de digression philosophique : enfin dans le moment présent en deuxième mi-temps, un vrai plaisir est venu, en face d’un match indécis et passionnant jusqu’au bout. Mené deux un, le LS a fait preuve de bravoure. Il a égalisé à l’occasion d’une très belle percée du remplaçant Amdouni dans la défense adverse ponctuée d’un joli tir. Puis, le gardien lausannois Diaw a multiplié les envolées pour préserver un point chèrement acquis.
Le sourire rétabli, je marchais sereinement vers mon chez moi parmi les autres supporters généralement contents. L’équipe a encore des carences mais elle a été courageuse. Après trois premiers matchs perdus cette saison, on peut dire cette fois-ci qu’elle s’est bien battue.

Au rythme rasséréné de mon pas, je trouvais la vie finalement douce. Sachant que je venais d’être à la fois acteur et spectateur d’un peu de joie retrouvée.
Car chaque point compte. Chaque rayon de lumière atteignant notre âme nous porte un peu plus loin. Et c’est déjà bien.

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