Zurich versus Lausanne : une barrière de rösti ?

Posté dans : Culture 1
Ils ne parlent pas la même langue que nous mais ont tout de même un lac et des magasins de luxe. Petit test des différences le temps d’un week-end chez nos compatriotes Suisses allemands.

  «Tu serais pas une Welche toi?» (lu avec ce petit accent à couper au couteau qui fait le charme des Suisses allemands) En Helvétie que l’on soit bien clair, il n’y pas d’unité, de nation homogène ou encore d’identité commune. La Suisse, on ne cesse de le répéter, c’est le multiculturalisme, le multilinguisme et le fédéralisme de cantons aux identités bien distinctes. Pas étonnant alors qu’à peine posé le pied en territoire zurichois on m’interpelle déjà pour me confirmer ma différence: une Romande chez les Suisses allemands!

Mais la subtile spécificité de la Suisse c’est justement cette fierté de vivre dans un pays calme et serein malgré nos différences. Pourtant, c’est là que le bât blesse: le fameux Rösti Graben.  Cette barrière entre nous, admirables représentants de la culture française et de ses noblesses, de sa gastronomie haut de gamme et du bon goût, et les « Suisses totos » dont la langue aux douloureux crachats de « r » et le fanatisme pour la Bratwurst nous font si peur…

En quête d’exotisme, me voilà donc en route pour traverser mon pays à la découverte d’un nouveau monde. Que l’on soit clair, l’aventure est nettement moins héroïque que de parcourir la Russie, je vous l’accorde….2h30 de train plus tard et me voilà dans la place financière suisse: Zurich. Un splendide lac, des magasins de luxe, des beaux bâtiments. A peu de choses près, on ne se sent pas dépaysé. Ils n’ont pas le M2, bien sûr, mais quand même les trams ont leur charme si l’on oublie le tarif à faire fuir tout fainéant de la marche. Alors à Zurich, on roule… à vélo pardi. L’avantage évidemment d’une ville plate et d’une sacrée mentalité écolo. Et ouais, car les Suisses allemands ne s’arrêtent pas là dans la conscience de la planète. Ici, tu jettes donc tu paies. Une philosophie qui a donc officialisé le sac poubelle zurichois. Un point pour eux. Quoique, je me demande ce que fait ce Monsieur à jeter un sac noir, non réglementaire, dans la poubelle public de l’arrêt du tram?!  Ah, un point commun finalement : il n’y a pas de petite économie chez eux non plus…

Et là, il faut le souligner, Zurich ça ne rigole pas niveau pognon. Les tarifs des apparts, du café ou de l’entrée en boîte sont à la hauteur des enseignes des grandes banques qui quadrillent la ville. Alors des 3 pièces et demi à 5000 francs par mois, ça soulève des manifestations improvisées. On me raconte qu’un mouvement s’est créé et qu’à chaque appart hors de prix, ils n’hésitent pas à le prendre d’assaut lors de la visite officielle histoire de montrer leur ras-le-bol. Un peu rebelles ces Zurichois? En tout cas, ma longue pérégrination nocturne me montre une ville plutôt libérée…

Non, non, je ne suis pas à Amsterdam pourtant des vitrines soigneusement rougies par un éclairage de circonstance m’instruise sur les pratiques libertaires de la ville. En face, un amas de mecs qui matent évidemment. Un peu plus loin, un petit deal ouvertement négocié. A côté, oh merci je retrouve mes premières impressions, une cinquantaine de vélos bloquent pratiquement l’entrée d’une fête VIP. Je suis tout de même déçue de ne pas avoir vu l’arrivée de ces dames en talons sur leur bicyclette…Passé l’épicerie qui vend de l’alcool toute la nuit, une enseigne où le mâle règne. Ils ont évidemment le McDo, mais ils ont surtout «Hooters». Une espèce de restaurant fast-food qui transpire l’Amérique où les serveuses te servent ton succulent steak en mini short orange, petit top à l’effigie du resto et belles chaussettes qui ne sont pas sans rappeler Jane Fonda en pleine séance d’aérobic.

Libertaire, je disais? Peut-être bien. Je commence à me demander si le Rösti Graben ne trouverait d’ailleurs pas son origine dans les toilettes des dames. Que ce soit dans les WC d’un club ou celles d’un simple restaurant tout à fait respectable, un distributeur inhabituel agrémente les conversations. Pour 7 francs, vous pouvez vous procurer un sex toy… A choix, un petit vibromasseur, un anneau et même le sex toy surprise! Parole de Welche, si ça ce n’est pas de l’ouverture!

Après deux jours et quelques centaines de francs envolés, c’est sûr je n’ai toujours pas compris leur dialecte mais quand un Zurichois tente de vous parler en français pour vous dire «Bonjour ensemble», on balance son filet mignon de veau aux chanterelles pour un plat de rösti!

Pascale

  1. Avatar
    Cesslä
    | Répondre

    Sali zäme! Sali Päscu!
    Hey, isch mega geil gsi s’Wuchenänd mit d’Wälschi!
    Super Bricht!
    Tschüss ensemble!
    Cesslä, l’expat

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