Walder, un minimum de blabla pour un maximum d’idées !

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De passage à Lausanne pour présenter sa première BD, l’auteur genevois Walder nous parle de ses influences, de ses expériences et de Lausanne.

Yeux pétillants, sourire toujours en coin et caméra à portée de main, Walder discute avec un lecteur. La table qui les sépare ne semble être qu’une barrière physique. Les traits se multiplient sur le papier et les paroles s’échangent avec bon humeur et partage décomplexé. Il est question de Lucha Libre, la série phare de Jerry Frissen, où l’on suit les aventures de luchadores pas comme les autres : trash, décalés, idiots, mais toujours drôles. Walder parle avec ferveur de son album (lui au dessin et aux couleurs, Frissen au scénario) qui s’inscrit en parallèle de cette série, mais qui en conserve les principaux attraits. Maximum & Minimum : Le général Belzébuth (quel titre !) nous raconte les aventures de ces deux amis, qui vont découvrir une ville souterraine sous Little Tokyo, le quartier japonais de Los Angeles, et essayer de démanteler un complot apocalyptique. Un programme alléchant et curieux, mené par un graphisme fouillé et coloré aux néons. Le lecteur repart avec son album dédicacé et l’air très contenté. Je me glisse alors à la table, m’installe et comme devant un café, la discussion se lance, pendant que Walder n’a de cesse de dessiner. “Y’a pas de souci”, me lance-t-il, “j’fais comme les femmes : un bout de cerveau pour ça et un autre pour ci, un pour dessiner et l’autre pour répondre, ça devrait l’faire !” Bon concept et bon esprit, me dis-je, avant de lui poser la première question.

Lausanne Bondy Blog : Walder, qui es-tu ?
Walder : Je suis un créateur. Tous les supports me vont : histoire, dessin, danse, film, musique, etc. Je pense que du moment qu’on est humain, on crée, au sens large du terme. Ce n’est pas forcément artistique. Tous les jours, tout le monde crée quelque chose. Toi, par exemple, tu vends des BDs. Tu crées un espace, une présentation, des conseils, de l’envie… Moi comme toi, j’ai la chance de créer ce que je veux, ce que j’ai envie. C’est une chance énorme, pas parce que c’est de l’art, mais parce que j’aime ça !

LBB : Ton univers est familier sans l’être totalement. Quelles sont tes influences majeures ?
W : En tout, je me suis pris trois claques monumentales dans ma vie, et presque toutes à l’adolescence. D’abord Akira, l’anime de Katsuhiro Otomo, l’œuvre qui a fait découvrir au monde entier que le Japon était un pays aux ressources artistiques et créatives hors normes. Je me rappelle même que je redessinais des séquences entières du manga quand j’apprenais à dessiner. Ça a vraiment été un choc pour moi ! Ensuite, il y a Dragon Ball bien sûr. J’ai grandi en suivant le Club Dorothée et je découvrais toute cette culture nippone à coup de génériques accrocheurs, comme beaucoup d’autres de ma génération. Dragon Ball était l’animé phare de l’émission. Akira Toriyama m’a toujours impressionné par ses talents de conteur et son graphisme rudimentaire, mais extrêmement efficace. Il a compris que l’important c’est l’histoire et que les dessins sont à son service, qu’il faut rester lisible et ne pas trop en faire graphiquement, pour ne pas étouffer le lecteur. Je le surnomme l’Hergé japonais pour ça ! Enfin, plus près de nous, Claire Wendling (illustratrice féérique), que j’appelle la Frazzetta (illustrateur fantasy culte) de la BD. Je trouve même qu’elle le surpasse. Elle a un imaginaire tellement vaste et abondant. C’est une grande inspiration pour moi et ma première grande leçon de dessin.

LBB : Comment en arrive-t-on à collaborer avec Jerry Frissen pour un premier album ?
W : Ça s’est passé assez simplement, en fait. Je traînais souvent sur le blog de Jerry et un jour je lui ai envoyé des travaux, croquis, idées… Quelque temps plus tard, il m’a proposé de faire un album avec lui. De là, tout s’est enchaîné assez vite. Je lui ai proposé des idées, notamment sur la dimension asiatique de l’histoire, et le travail a commencé. L’univers de Lucha Libre m’a permis de me lâcher. C’est un univers sans limites, qui peut partir dans tous les sens. C’était très motivant.

LBB : Quel est ton dernier coup-de-cœur BD ?
W : Un des derniers Hellblazer de Mike Carey. Une histoire démoniaque bien léchée, avec un graphisme contrasté à la Mignola (auteur d’Hellboy), avec des aplats de noir très dense. Et puis, j’ai aussi un coup de cœur permanent depuis quelques années : Quartier Lointain de Taniguchi, un manga tellement réussi que je le relis plusieurs fois par an.

LBB : Et ta meilleure expérience en dédicace ?
W : C’était durant une expo que j’avais réalisée avec Kalonji (ami et auteur de BD genevois) à Genève. On avait fait une performance de live-painting, avec un accompagnement hip-hop. Y’avait une ambiance extra. J’adore mélanger les genres comme ça. L’art ne devrait pas se limiter aux médias connus et cloisonnés. Tous les supports sont des moyens d’expression et les mélanger est une nouvelle manière encore plus excitante de créer.

LBB : Genève et Lausanne sont deux villes où la BD est bien établie. Comment vois-tu l’une par rapport à l’autre ?
W : Je sais qu’à Genève, le milieu de la BD professionnelle est assez important. Pour Lausanne, à vrai dire, je ne sais pas. Je sais juste que le nombre de librairies BD est important pour une ville moyenne et qu’il y a le BD-Fil en septembre. Donc la culture BD doit y être bien ancrée ! Au niveau ambiance, je préfère quand même Lausanne. C’est plus calme, les gens y sont plus sympathiques, comparé à Genève que j’appelle le Paris de la Suisse ! L’ambiance de la ville est moins stressante et plus propice à la rêverie. Seul défaut, j’ai l’impression, à chaque fois que je viens, qu’il n’y a que le centre-ville qui bouge et que le reste de la ville est mort, comme une grande zone industrielle. Trop de calme tue le calme, peut-être.

Bibliographie de Walder :
     – Maximum & Minimum : Le général Belzébuth, avec Jerry Frissen, aux Humanoïdes Associés (disponible)
     – Otakuland, chez Delcourt (prévu courant 2011)
     – Tokyo Vibes, chez Nethoprod (prévu courant 2011)

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Florian Poupelin

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