
C’était la semaine passée, un mardi. Pour éviter le même scénario des deux dernières votations et histoire de me réconcilier avec ma conscience, je m’étais assuré de déposer mon vote bien en avance. Et alors j’avoue, ce n’est pas très malin, mais bon on se dit tout, non ? C’est là que j’ai pris un moment pour réfléchir à tout ça. Le 12 février on remet une couche avec l’arrêté fédéral concernant la naturalisation facilitée des étrangers de la troisième génération. Alors, on se connait pas encore très bien toi et moi, mais malgré le sérieux de la question, je suis tout de même enclin à prendre la chose par un angle qui tentera de ne pas nous tirer les larmes. Ça serait trop facile.
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Suissitude
Déjà dans le titre, « étrangers de 3ème génération ». Je ne suis certainement pas un exemple de suissitude (avec un papa fils d’immigré italien et une maman espagnole. Je vous rassure, ils sont tous les deux bien suisses maintenant). Mais je trouve que « 3ème génération » fait un peu antonyme avec « étranger ». Je ne veux pas faire de l’angélisme, mais si la personne est motivée à demander la nationalité alors que sa famille est en Suisse depuis 3 générations, y a de bonne chance qu’elle en sache plus que moi sur la question helvétique.
D’ailleurs, c’est quoi être suisse ? Défini… Ah non, c’est déjà pris ça. Je me demande ce que ça veut dire ? Parce qu’au final, je regarde autour de moi et je vois bien que je ne suis pas le seul à connaître que 2 strophes de l’hymne national. J’ai toujours une angoisse terrible quand je dois préparer la fondue et j’ai aboli depuis longtemps le « Ah ben t’as perdu ton pain ? Tu paies la bouteille (et tu me feras le plaisir de rentrer dans ton pays) ». J’imagine que ma suissitude doit toujours en prendre un coup quand mes cousins m’annoncent que Nadal a perdu contre Federer, et que j’en ai rien à faire. Suisse c’est peut-être dire que t’as fait l’armée dans un pays neutre et lire l’incompréhension chez ton interlocuteur ? Helvète, c’est avoir un joli drapeau que t’oses arborer seulement quand t’es à l’étranger pour pas être taxé de droitiste.
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Question d’image
Finalement, je me demande si ce n’est pas là le vrai nerf de la guerre. Pour ces votations, on a revu des affiches avec du blanc, du rouge et du noir accompagné d’un bon message et une image qui fait peur. « Brrr ! Y seront chez nous ! » et là, tu me permettras de pousser un coup de gueule tout helvétique : C’est moche. J’ai vraiment l’impression qu’on me prend pour un crétin avec ces messages. D’abord un mouton, puis un minaret, on arrive à un niveau de mensonge qui aurait fait rougir Staline. Je vais fort en parlant de Staline ? Ouais, excuse-moi. Mais le fait est qu’on peut me mentir et me le rappeler dès que je me balade dans la rue, que je regarde la TV ou que je lis le journal (je déconne, je lis pas le journal). Alors oui, des gens s’insurgent, y a des pétitions, mais au final pas de résultats et mon drapeau, je le laisse au tiroir.
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Au final
Oui, j’aime bien cette expression, parce que c’est en fin de compte le fin de mot de l’histoire : Au final, quoi ? Faut pas s’en cacher, ça aura assez peu d’incidence sur ma vie. Je verrai des statuts mécontent sur FB, quelques diagrammes avec du vert à gauche et rouge à droite. Je penserai surement à ces gens qui ont trimé pour passer leurs examens de naturalisation et qui reprendront un brin dégoutés leur brochure « Institutions Suisse » de Mix&Remix. Le 12, je serai chez moi, j’écouterai insouciant la radio et j’espère que le résultat offrira la même insouciance à ces 3ème générations.
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