Cher 5, j’avais 18 ans quand tu es parti et que tu m’as laissé sur le trottoir.
C’est clair que le m2 qui t’a remplacé me fait gagner un sacré paquet de temps, à moi plus encore qu’à bien d’autres, car j’habite à Vers-chez-les-Blancs, petit village dans les hauts de la commune de Lausanne. Malgré cela, j’avoue te regretter. Tu étais BEAUCOUP plus lent, c’est vrai. Certains “yos” des hauteurs de la ville arrivaient paradoxalement au collège de Béthusy avant nous autres, les enfants sages, ils avaient même le temps d’en fumer une avant de nous voir arriver, car la descente Epalinges – Ours était plus rapide en trottinette ou en rollers qu’en trolleybus. Quant à la remontée, c’était encore pire, aux heures de pointe il n’était pas rare que tu te fasses doubler par les piétons, tout particulièrement vers le tronçon CHUV – Sallaz que tu mettais parfois près de 20 minutes pour parcourir. Mais voilà, on pouvait toujours rêvasser et regarder la vie urbaine, toujours en mouvement, au travers de tes fenêtres…
Les voyages dans le m2, j’en ai soupé
Aujourd’hui, je me tape le trajet en métro entre 500 et 600 fois dans l’année, et j’avoue en avoir marre. Je n’éprouve vraiment aucune envie d’entrer dans ce long tunnel. Privé de vue pendant l’essentiel du trajet, il ne me reste plus qu’à observer les autres passagers, dont 4 sur 5 au moins gardent leurs yeux rivés à leur mobile, spectacle tout de suite lassant. Le plus souvent je craque moi aussi très vite et je fais le tour des derniers articles d’Eurosport ou me lance encore plus bêtement dans un scroll facebook, non sans culpabiliser, car ce sont là des secondes de vie tout à fait perdues. Se connecter à un monde virtuel signifie en effet se déconnecter du monde réel et de nos abords immédiats, pourtant porteurs de beaucoup plus de possibilités, pourtant beaucoup plus aptes, en principe, à satisfaire nos désirs qu’un p’tit écran qui ne restera jamais que ça, un p’tit écran.
Reste qu’il est quand même bien plus facile de laisser errer son regard et son esprit au travers des fenêtres lorsqu’elles donnent sur autre chose que des murs gris qui défilent !
Cher 5, j’avais 18 ans quand tu es parti et que tu m’as laissé sur le trottoir.
Laisser un commentaire