
« Non, mais j’ai envie de voir la cathédrale. La saluer. Vous comprenez ? » C’est cette phrase prononcée par Laure qui m’est revenue en tête lorsque j’ai découvert les photos d’Alex dans ma boîte mail. Elle justifiait ainsi son détour sur la place de la Riponne avant de rentrer chez elle. « Ça me manque quand je ne vois pas la cathédrale pendant un moment. » C’était sa manière d’appartenir à Lausanne. Aujourd’hui cela m’évoque la lumière verte de Gatsby le magnifique, cet attachement aux objets familiers qui ancrent nos vies dans une forme perceptible.
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C’est un jeu de cache-cache entre elle et moi. Je l’oublie, elle m’observe de loin. Je la photographie à la dérobée. Elle s’impose à moi.
C’est le guet, il a sonné dix !

– J’y suis passée il n’y a pas longtemps.
– Raconte-moi.
– Un soir d’hiver. Je voulais entrer dedans.
– C’est vrai qu’on est plus habitué à l’extérieur. Mais ce n’était pas un peu tard ?
– Oui, la porte était fermée.
– Ah zut !
– Oh, ce n’est pas si grave, j’ai regardé le portail.
– Les statues sculptées ?
– Oui, si minutieusement.
– Avec des gestes lents.
– Avec patience.
– Et ?
– J’ai senti avec vertige cette immensité du temps.
– Ça te fait la même chose avec les livres.
– Pourtant, rien de moins actuel.
– Tu es restée longtemps ?
– J’ai pensé à la fin de In the mood for love de Wong Kar-wai.
– Aux secrets.
– Qu’on dépose.
– En fermant les yeux.
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