Tous à Copenhague!

Posté dans : Société 4
Depuis peu, une compagnie aérienne propose des tarifs attractifs pour aller en Scandinavie. Les avis divergent sur l’accueil à réserver à cette nouvelle offre. Débat.

Vous avez peut-être aperçu, ces dernières semaines, la nouvelle promo d’une compagnie aérienne low-cost. Mais si, cette compagnie basée à Genève et qui propose des voyages à prix bradés (appelons-la « AvionFacile »). On peut y voir un casque de viking orange, dans lequel est inscrit en grands caractères le prix de la liaison Genève-Copenhague – seulement 43,95 CHF ! L’ensemble est surmonté d’un slogan dans lequel un jeu de mots aussi gros que la Scandinavie se cache : « Vous auriez Thor de payer plus cher ».

On imagine les réactions d’ici. En se promenant à Lausanne, votre serviteur a recueilli les avis de la population. Une personne se réjouit :

43, 95 CHF, ma bonne dame ! Le prix d’un resto, du DVD du dernier spectacle de Gad Elmaleh ou d’un aller simple en train Lausanne-Coire ! Vous vous rendez compte ! Pour le même prix, plutôt que d’aller mourir d’ennui à Coire, je peux être à Copenhague ! Mais que demande le peuple ? Moi c’est tout vu, on aurait tort de payer plus cher, comme ils disent – quand je pense les tarifs des CFF, c’est dingue !! Et on nous parle de réchauffement climatique ? Ah, il a bon dos, le réchauffement climatique !

On pourrait avoir un autre son de cloche, plus rare, certes, mais non moins intéressant. Voici l’avis d’un autre passant :

Effectivement, on ne demande qu’à y croire. Mais après quelques instants de réflexion, on reste pourtant sceptique devant le slogan de la pub. Par rapport à d’autres compagnies aériennes, tout d’abord : devoir se lever à 4h du matin pour décoller à 6h, atterrir dans un aéroport secondaire parfois à 100 km de la destination en question, découvrir lors de l’achat du billet que le prix affiché est doublé par les taxes d’aéroport, et enfin, devoir payer un supplément de 5 ou 10 francs en fonction de la carte de crédit utilisée, pas sûr qu’on aurait tort de payer plus cher.

Si on compare avec le train, l’offre d’AvionFacile est évidemment attirante : c’est moins cher et cela prend beaucoup moins de temps. Mais au niveau écologique, quel désastre ! La possibilité-même de se rendre à Copenhague en deux heures pour moins de 100 CHF pose question. Elle fait partie de cette nouvelle mode, dernier joujou de l’industrie du tourisme de masse : le city-trip. Tu reçois une Smartbox pour ton anniversaire, tu pars le vendredi soir pour Barcelone, tu reviens le dimanche. Tu as passé 48 heures sur place, guide touristique dans une main, appareil photo dans l’autre, et le lundi tu mets les photos sur Facebook en disant : « I’ve been there » ! Cette consommation de l’exotisme est inquiétante, car elle s’accompagne d’un gaspillage de ressources incroyable.

Mais pourquoi se priver du confort de faire des city-trips, alors que c’est possible tant au niveau du temps qu’au niveau du portefeuille ? Tout le monde a déjà entendu l’argument-massue « même si tu ne le prends pas, l’avion, il volera quand même ! », bien souvent suivi de son petit frère « de toute façon, quelqu’un d’autre prendra ta place ». Généralement, on ne sait pas quoi dire après cela. Pourtant, une telle affirmation n’est en rien valable, puisque que, comme tout bon produit de notre système économique, les avions volent parce que des gens les empruntent. Cessez donc de les prendre, ils cesseront de voler.

Un petit détour par les chiffres peut s’avérer utile. En Suisse les ménages génèrent 40 % des émissions de gaz à effet de serre. Dans ces émissions, 44% proviennent des transports et 56 % des chauffages (chiffres OFS pour 2005). Le rôle de monsieur tout le monde dans le réchauffement climatique est donc clair ; pourtant, beaucoup de personnes conscientes de l’impact environnemental de leur mobilité estiment qu’ils ne doivent pas changer leurs habitudes, car ils se fient aux technologies et à l’industrie. Traduction : ils ne vont pas prendre les transports publics parce qu’ils n’aiment pas ça, mais ils attendent que les voitures deviennent « vertes » pour avoir la conscience tranquille. Quand on voit comment nos cerveaux prennent le métro, je ne fonderais pas trop d’espoir sur la voiture verte…

Finalement, ce qui est en jeu avec cette offre d’AvionFacile, c’est la valeur de notre temps. Nous voulons aller toujours plus vite et toujours plus loin. Nos choix en matière de mobilité sont souvent dictés par la rapidité de la solution choisie. Mais à quel prix environnemental ? Notre temps est-il précieux au point de brûler des litres de kérosène pour gagner quelques heures ?

Laquelle de ces deux positions retenir ? Votre serviteur a bien une préférence pour l’une d’entre elles, mais ne peut vous dire laquelle – objectivité du journaliste oblige. Quoi qu’il en soit, pouvoir aller à Copenhague vite et pour pas cher est important ces temps-ci : du 7 au 12 décembre prochain, c’est la Conférence des Nations-Unies sur le changement climatique qui s’y tiendra. Volons au secours de la planète !

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Etienne

4 Responses

  1. Avatar
    yann_marguet
    | Répondre

    That’s ma dawg!

  2. Avatar
    Anonyme
    | Répondre

    Merci l’ami serviteur ;))

  3. Avatar
    Anonyme
    | Répondre

    Sujet qui te tient à coeur, bravo! Il est aisé de comprendre où penche la neutralité du journaliste rien que par le développement de la deuxième partie…propos déjà entendus en d’autres lieux. bizzzz

  4. Avatar
    Anonyme
    | Répondre

    Et c’est qui-qui qui prend le navion pour passer de temps en temps un weekend en Belgique ?

    C’est Nétienne ! Ah-ah-ah, faites-ce-que-je-dis-mais-pas-ce-que-je-fais.com…

    Cet homme est un imposteur !!!
    Haro sur Etienne, la racaille belge qui vient nous donner des leçons !

    Ricola Akbar ! Ricola Akbar !

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