The Gang of Pregnant Women

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Le taux de natalité est à la hausse en Suisse. La faute aux mafieuses de la grossesse. Enquête.

Avec les beaux jours, la nature s’éveille, les habitants s’émerveillent et la mafia des femmes enceintes sévit sans pareil. Munies de couettes, de leggings ou de salopettes, elles rôdent en bande. Comme seul mot d’ordre : la culpabilité. Certes, il existe autant de diversité chez la femme enceinte que dans les quartiers (parole de bondy blogueur). Mais celles dont je compte vous parler représente la plaie en ces mois printaniers. Il est donc temps d’évoquer un fléau si souvent évincé des conversations et pourtant traumatisant pour celles qui tomberaient sous leur influence. Alors lisez la suite, c’est à vous faire lâcher les eaux.

Pas plus tard qu’il y a deux semaines, me voilà à table avec l’une d’entre elles (une femme enceinte). 23 semaines, assez marrante, une bonne copine, plutôt épanouie. La fille en question, je l’ai connu avec et sans fœtus. Sans, elle est plutôt festive, un brin acquise au verre de rouge et aux soirées enfumées. Alors imaginez donc le traumatisme quand elle a su ce qui se tramait dans son utérus. Avec, elle est plutôt dépressive. 

La nature du mal n’est pas à chercher dans ses entrailles, mais bien dans sa rencontre paranormale avec une mafieuse de la grossesse. Si cette dernière n’est pas connue comme telle, elle en porte tous les signes distinctifs : leggings, couettes, look bobo nature, maquillage léger et un cd de Christophe Maé dans le panier. Une dégaine s’accompagnant d’un discours des plus culpabilisant : « Quoi, ton bébé n’est pas encore inscrit aux cours de bébés nageurs ? Quoi, tu fais pas ça ? Quoi t’as pas acheté, lu, vu, expérimenté ça ?» C’est donc avec une certaine curiosité et par esprit de solidarité pour mon amie traumatisée que j’ai décidé de mener l’enquête.

Il n’y a pas si longtemps, je tombe sur une ancienne voisine. Fille plutôt sympa, début de trentaine, mais présentant les signes avant coureur de la mamification (aux tics de mamie ndlr.) A l’époque, nous étions tous deux de fervents adeptes du small talk. Mais cette fois-ci, la donne change. La demoiselle semble avoir envie de parler. Une envie qu’elle cristallise par un subtil jeu de devinette :

Elle : « Devines quoi ? »
Moi : « Quoi ? »
E : «Ben devine ? »
M : « Tu veux que je devine quoi ? »
E : « Rohhhhhhh t’es nul ! Bon je te dis, mais chuuut, ne le répétes à personne, parce qu’il faut que j’attende encore 4 jours pour pouvoir officialiser. »
M : « Tu vas te marier ? »
E : « Nooooooooon t’es bête (elle se caresse le ventre). J’attends un p’tit bout (grand sourire épanouie, les yeux grand ouverts pour capter la moindre de mes réactions. »

Le mot est lâché : « pt’it bout », s’en est une, c’est sûr… une expression de la mafia.

Sans en rester là pour autant dans la discussion, la voilà qui s’enflamme à parler grossesse à 11h du mat avec son ancien voisin de sept ans son cadet : «Tu ne peux pas savoir ce que c’est épanouissant.» Dans la foulée, j’apprends que cela sera une fille. Il est beaucoup trop tôt pour le savoir, mais la voisine semble en être convaincue. Comment ? « Je sais exactement quel a été le rapport qui m’a mis enceinte………… (je ne veux pas savoir ce genre de détails). Et la position dans laquelle on la fait, ça ne peut être qu’une fille. (Oh la bonne nouvelle !) »

Le truc est juste totalement débile, mais elle m’explique que la femme enceinte a un sixième sens, une sorte de voix intérieure qui communique exclusivement avec son fœtus dès les premières heures de la fécondation via son cordon ombilical. C’est un truc à elles, de femmes enceintes : « Tu ne peux pas comprendre », me dit-elle . Alors ne me l’explique pas.

Dans quelques mois, c’est sûr, elle changera de voix (préférant les aigus un peu traînants (mamification)). Elle me montrera son ventre gonflé, son nombril retroussé. Une vision plus que traumatisante lorsque l’on n’a pas suivi tout le processus. Vite, elle va s’inscrire au yoga avec d’autres femmes enceintes, pour parler bébé et boire le thé. Et puis, elle s’achètera de l’huile d’Argan, pour masser son ventre matin et soir et ainsi diffuser les bienfaits des huiles essentielles à BEBE. Ce sera ensuite la piscine et le belly talk – cours de conversation quotidien avec BEBE.

Je l’imagine déjà à terme de sa grossesse, pleine de vergetures, les veines du bide qui sautent, la rétention d’eau dans les jambes, 14 kilos en plus (soyons optimistes). On va voir si elle est toujours aussi épanouie. Et puis l’accouchement, la chute des organes, la baisse de libido et l’incontinence.

Aux dernières nouvelles, la voisine a eu un garçon. J’ai évidemment reçu la petite carte au style des plus représentatifs de la mafia. Son trend à elle comme à toutes les autres de sa trempe, c’est de faire parler BEBE à la première personne : « Bonjour, c’est dans la nuit du 23 janvier que j’ai décidé de venir au monde et offrir le meilleur des cadeaux à mes parents. Je mesure 50 cm pour un poids de 3200g. Mes parents sont très fiers de m’avoir……… blablabla ….. beurk ! »

Et je vous le donne en mille. L’heureuse arrivée s’appelle …………. Enzo. Classique des classiques !

Mehdi

11 Responses

  1. Avatar
    Gab
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     Mehdi Mehdi, comme tu fais plaisir avec ton article d’une justesse à se rouler par terre!!!! Tu m’en avais parlé, mais je n’aurais pas pensé que le tableau pourrait être si exact (l’huile d’Argan, le “petit bout”, le faire-part à la 1ère personne- voir mon blog à ce sujet ;)…….). Tu vas te faire incendier mais qu’est-ce que c’est drôle quand tu es méchant! Becbecs

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    AnneHicroche
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    Tant mieux si ça peut vous (Mehdi et Gab) faire rire…
    Moi aussi, j’ai souri à cette lecture.
    Mais dans le fond, une seule phrase peut résumer l’article:
    “TU NE PEUX PAS COMPRENDRE”…
    Moi aussi je trouvais amusant de voir les jeunes parents
    bêtifier devant leur enfant et même avant sa naissance…
    Et puis un jour ça m’est arrivé et c’est que du bonheur.!
    En “grandissant”, vous comprendrez…
    C’est tout le mal que je vous souhaite.

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    michael_depasquale
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    Mehdi, j’aime ça. Même si nous, les mecs, on ne peux apparemment pas comprendre… 🙂
    Bon texte, avec juste ce qu’il faut de provoc et de détails croustillants sur cette mode du “ptit bout”

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      Gab
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       Pas que les mecs Mike, Il semble que toute personne capable d’un minimum d’ironie et de sens de l’humour ne puisse pas comprendre. C’est vrai, il y a des choses avec lesquelles il ne faut pas plaisanter. Heureusement, nous avons reçu une bonne leçon et nous allons nous dépêcher de grandir un peu, hein Mehdi? Histoire de pouvoir dire: “C’est que du bonheur”, comme à la télé française.

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        laurent_opoix
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        Gab,

        Je ne sais pas ce que viens faire la télé française là dedans.

        PS : TF1 n’est pas LA télé française. La télé française ne se résume pas à LCI et TF1

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    Anonyme
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    Excellent!!!!

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    Anonyme
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    Quelle magnifique analyse!!!

    J’adore…d’autant plus que c’est tellement vrai 😉 Mais voilà, dans la vie, certaines choses sont inévitables. Comme ce “syndrome du futur tonton”, une maladie particulièrement agressive qui se propage rapidement après la naissance du BB. Il paraît qu’elle peut ravager, de manière irréversible,  un organisme vivant en un rien de temps…  Personnellement, je m’en méfierais 😉

    Z. A.

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      Gab
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       Laurent, on en discutera lors de notre prochaine entrevue autour d’une binch. J’ai hâte de t’entendre de vive-voix, te répondre par écrit commence à me lasser. See you on Monday!

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    Anonyme
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    … c’est beau la tolérance..! 

    et après les mamans gâteuses ? quelques articles sur les ados débiles, les fonctionnaires qu’en foutent pas une, les vieux racistes, etc…

    y’aurait-il une légère frustration, à détester des gens qui s’épanouissent (temporairement !) dans leur truc ?

    ahh, l’humour du bondy blog.. j’ai pas encore tout compris j’crois !

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      mehdi_atmani
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      @ Anonyme,

      Merci pour votre commentaire. Tout d’abord, je suis heureux d’avoir suscité votre lecture jusqu’à la dernière ligne de ce post.

      Il est vrai que les fonctionnaires et les ados sont autant de sujets à faire figurer sur la liste des textes à réaliser. Dans ce sens, je me permets – avec votre accord – de solliciter votre collaboration pour la réalisation d’une de vos propositions.

      Il est peut-être vrai que le sujet des femmes enceintes n’est pas intéressant (c’est une autre question), bien écrit (c’est une autre question) ou objectif (c’est encore une autre question), mais il est en prise directe avec la ligne éditoriale du Lausannebondyblog. Et laissez moi vous la rappeler.

      C’est à force d’ironie et sans méchanceté aucune qu’il m’a plus de raconter, avec humour je l’espère, un événement, une constatation, une discussion, aussi personnelles soient-elles et de le partager. C’est que j’appellerais du subjectivement objectif. Un événement (ma rencontre avec cette voisine enceinte), une réflexion (cette fille est un peu débile tout en étant sympa) et de le raconter (le post). N’est-ce pas la visée d’un blog citoyen? Il se passe tellement de choses en bas de votre immeuble qu’il doit vous tarder de raconter.

      Car, qui ne se dit pas tous les jours: “Ah oui……. et d’ailleurs ça me fait penser à ça.”

      Certes, le texte ci-dessus distille bon nombre de généralités, mais c’est un procédé délibéré de ma part pour souligner l’ironie et renforcer le second degré. N’en déplaisent aux détracteurs. Et il en faut sur ce blog. Des articles plus “sérieux”, il y en a aussi ici, mais surtout ailleurs.

      Permettez moi de vous rassurer. L’équipe du Lausannebondyblog et moi-même ne sommes pas frustrés. De quoi? De ne pas tomber enceinte? Pour ma part, la question est réglée depuis 25 ans déjà. Et méchant? De quel droit? Et dans quel but? 

      C’est donc avec une certaine perpléxité que je lis votre commentaire.

      Au plaisir de lire très prochainement l’une de vos moutures sur les fonctionnaires et les ados. Merci de nous envoyer le texte à l’adresse suivante: lausannebondyblog@gmail.com

      A très bientôt et merci encore de nous lire

  7. Avatar
    pamela
    | Répondre

    Très joliment et écrit et pertinent lors de l’identification des détails les plus comiques!
    Un grand bravo pour cette justesse du regard et le recul qui ont été nécessaires à la rédaction de cet article – et très bien maîtrisés.

    Pour celles et ceux qui ne savent pas rire de ce type de caricature, retournez simplement coller des photos de votre filleule ornées d’un cadre dauphin – la plus chouette fonction de l’appareil photo – sur du papier recyclé pastel (sans oublier le commentaire: “Océane a adoré partager un Happy Meal avec Mamy-Bonbon”).

    Je tiens à préciser que l’on peut très bien avoir vécu le bonheur d’être enceinte et ne toujours rien comprendre à la bonne humeur perpétuelle et surjouée qu’ils sont si nombreux à attendre de vous à ce moment.

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