Rolex Wasting Center?

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Le Learning Center de l'EPFL, c'était la star du printemps, jusqu'à jouer le premier rôle sous la direction de Monsieur Wim Wenders. Si l'on a beaucoup parlé de ses belles courbes, qu'en est-il de ses réelles compétences énergétiques ?

moncarrésolaire est une démarche innovante, nous dit-on. Lancé il y a tout juste une semaine, le projet de Parc Solaire Romande Energie – EPFL permet à tout un chacun de louer une surface de production pour un coût de 6.50 frs par mois et par m2. Ainsi, une partie ou l’entier de sa consommation électrique peut-être couverte avec de l’énergie écologique. Si l’envie vous vient, par contre, de louer une parcelle solaire sur le Learning Center, ça se corse un peu. Il n’y en aura pas. Ses espaces vides et sa géométrie en font une sorte d’antithèse au développement du photovoltaïque.

« On aurait certainement préféré un bâtiment zéro énergie, c’est sûr, mais l’occasion n’a pas été saisie. » Jean-Louis Scartezzini, chef du laboratoire d’énergie solaire et de physique de l’EPFL (LESO) ne cache pas qu’il aurait choisi un autre projet pour le Learning Center. Un projet qui aurait réellement intégré les différentes forces de l’EPFL, notamment celles capables d’innovations technologiques dans le domaine des énergies. « La construction de bâtiments nécessite l’intégration d’une multitude d’éléments (techniques, culturels, sociaux, économiques, mais aussi humains). Dans ce projet, le côté formel est très présent et prend une grande place. C’est un parti pris. J’en aurais pris un autre. », ajoute-t-il.

Un bilan énergétique louable, mais pas exceptionnel

Le choix du projet s’est effectivement basé sur des critères plus esthétiques que philosophiques. Les dirigeants de l’EPFL ne l’ont d’ailleurs jamais caché. Quel est alors le véritable bilan énergétique du bâtiment ? C’est Pierre Jaboyedoff de l’entreprise Sorane SA, responsable du concept énergétique du Learning Center, qui répond : « Il s’agit du deuxième bâtiment le plus performant de l’EPFL après celui des Communications, il est bas en consommation et a obtenu le label minergie 2007 à la surprise générale ». Satisfaire “Minergie” est, pour Jean-Louis Scartezzini, « louable en soi, d’autres constructions récentes à l’EPFL ont fait de même. Cela n’a toutefois rien d’exceptionnel en 2010, dans la mesure où la norme SIA 380/1 (“L’énergie thermique dans le bâtiment”) le prescrit aujourd’hui pour toute nouvelle construction ». Il n’empêche, de gros efforts ont été produits pour arriver à ce que le bâtiment soit climatisé naturellement, comme le demandait l’EPFL. « Il a fallu négocier, jouer tout le temps, avec les architectes », se souvient Pierre Jaboyedoff. Un problème en premier lieu culturel, selon lui, car les Japonais ne sont pas connus pour être les rois de l’isolation.

L’intégration des forces de l’EPFL s’est donc finalement bien réalisée, mais plus pour tenter de minimiser l’impact des choix architecturaux sur le bilan énergétique que de concevoir, avec les architectes, une construction qui soit la moins gourmande possible. Pierre Jaboyedoff trouve cela normal : « Je préfère des bâtiments fait par des architectes », dit-il. Cela paraît sensé. Si les architectes en question sont au clair avec les méfaits des courants d’air, bien sûr.

A lire aussi, l’article “La montre du Poly

(Crédit photo: flickr/Crhristoph Koch – Creative Commons)

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Loïc

  1. Avatar
    serge
    | Répondre

    L’architecture, comme presque tout le reste, subit des modes. Heureusement pour l’EPFL et pour Lausanne, le Learning Center n’est pas à l’architecture ce que la Tecktonik est à la musique, à savoir de la merde.

    Il faut également se méfier de ce qui aujourd’hui fait la règle, les choses changent et plutôt vite. Les « faiseurs » de normes sont les premiers à les bruler une fois la dernière nouveauté en marche. En plus d’être une spécificité Suisse, « Minergie » n’est pas obligatoire, c’est un choix de l’État de Vaud d’imposer ce label à ses propres constructions.

    N’oublions pas qu’il y a à peine 30 ans les immeubles d’habitations étaient construits avec autant d’isolation thermique qu’il y a de pétrole sous le Léman alors laissons les ingénieurs glousser sur les occasions manquées et réjouissons-nous que Lausanne abrite un bâtiment qui a heureusement été créé pour sa beauté et non pour sauver quelques kilowatts.

    Il faut louer la volonté d’avoir osé offrir un tel bâtiment  la région, même au prix d’un rendement énergétique mitigé. En appliquant à la lettre les prescriptions qui font l’air du temps de la construction, le bâtiment n’aurait jamais pu atteindre cette légèreté.

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