Quand les printemps se mettent à danser !

Posté dans : Culture 1
Comme chaque année à l’occasion de son festival, le théâtre de Sévelin s’apprête à accueillir de jeunes chorégraphes du 27 février au 20 mars 2010. Rencontre exclusive avec l’un d’entre eux et l’une de ses danseuses.

Pour la douzième année consécutive, le festival Les Printemps de Sévelin met en avant la chorégraphie régionale, suisse et internationale. Il sert de tremplin et offre un cadre professionnel à ceux qui portent peut-être la danse de demain. Mais qui sont-ils? Parmi eux, le chorégraphe Jean-Philippe Guilois qui y présentera sa pièce H.P.S le 3 et 4 mars prochain. Le Lausanne Bondy Blog a saisi l’opportunité de le rencontrer en compagnie d’une de ses interprètes, Jessica François. Regards de celui qui dirige la scène, et de celle qui l’investit.

-        Est-ce que c’est ta première participation au Printemps de Sévelin?

J-P : L’année dernière, nous avons joué un quart d’heure, il y avait plusieurs pièces durant la même soirée. Cette année, nous sommes à une soirée où seulement deux pièces d’une demi-heure sont présentées.

-        Et il s’agit d’une toute nouvelle création ?

J-P : Oui c’est une nouvelle création, nous sommes encore en train de travailler.

-        Quel est le thème principal de cette pièce ?

J-P : Le thème est la quête du bien-être… Le but est de montrer jusqu’où on est prêt à aller pour se sentir bien, et finalement, ce que cette quête représente. Quête qui touche 99% des êtres humains. Il s’agit de savoir quelles conséquences elle peut avoir sur nous-mêmes et aussi sur les rapports avec les autres.

-        Tu as choisi trois interprètes féminines, pourquoi ce choix?

J-P : Il y a une raison toute simple, c’est plus difficile de trouver des garçons !! J’en avais contacté un mais finalement c’était difficile de diriger un groupe où il n’y avait pas le même nombre d’hommes et de femmes. Intégrer un garçon ça change tout. Si tu travailles avec trois filles, c’est différent. En plus, si tu as dix garçons et une seule fille ou l’inverse, bref, ça crée une autre problématique qui est à mon sens plus difficile à gérer. Cela peut créer des histoires d’amour, etc.

J : C’est vrai, avec un garçon c’est hyper vite amour ou haine, ce genre de duo est très catégorisé … Mais avec deux filles, tu peux aller plus facilement au fond des choses, tu peux avoir plus de choix, du moins dans ce que tu veux montrer dans un duo par exemple.

-        Et concernant le titre de la pièce, H.P.S ?

J-P : H.P.S, c’est l’histoire d’Henriette Pénélope et Solly, trois femmes qui ont leurs propres désirs, leurs propres aspirations. Ces trois femmes suivent chacune leur propre chemin. On ne sait pas vraiment quel rapport elles ont entre elles, chacune est plus ou moins enfermée dans les priorités qu’elle s’est fixé. Mais les trois sont solidaires dans ce qu’elles ont choisi. En fait, chacune d’elle respecte les désirs de l’autre. Il n’y pas de haine ou de jalousie.

-        C’est intéressant de préciser qu’il n’y a pas de jalousie puisque c’est un thème un peu cliché, souvent abordé lors des interactions entre femmes. Qu’en penses-tu?

J-P : C’était une possibilité à explorer, mais ce qui m’intéresse est autre. Le fait que tu sois dans le chemin que tu as décidé de tracer par  toi-même, c’est ce que je veux explorer. J’aimerais voir à quel moment, tout en suivant ce chemin, cela peut te couper des autres. A quel moment le désir, qui normalement te fait avancer, va te stopper dans ton évolution… Si cela arrive. Je veux voir où ces chemins vont les mener, par quels sentiments elles vont passer. La joie ? La frustration ? La souffrance ? L’enfermement ? etc.

-        Cette une co-création avec les danseuses qui te font des propositions artistiques. Mais comment travaillez-vous ? Est-ce autour d’un thème ou est-ce que tu leur donnes des directives précises ?

J-P : J’ai défini les personnages très clairement. Cela est dû, entre autre, au peu de temps qu’on a pour créer. Le développement des personnages était plus ou moins établi à l’avance. Mais elles ont eu la liberté d’amener des propositions pour étoffer ces personnages.

J: Parfois j’ai eu peur d’aller dans la caricature…

J-P : Il ne faut pas oublier que le but c’est de créer un personnage crédible, même si t’es un peu dans le cliché… C’est très important d’avoir un personnage auquel on croit mais qui ne soit pas trop exagéré. Il faut rester sur une ligne qui tient. Sinon on peut décrocher très vite et ne plus trop y croire. Concernant la caricature, quand t’es en création, il faut aller assez loin. C’est mieux de faire trop et après d’affiner que dans l’autre sens. Ce qui est très important aussi, au-delà des différentes facettes du personnage, c’est de lui créer une gestuelle. Le mouvement pure n’est pas assez intéressant, mais créer un univers et imaginer des personnages avec un caractère et un style de mouvement originaux est beaucoup plus intéressant. Dans certaines pièces, on peut voir le personnage sortir de son rôle pour faire de la danse comme les autres personnages, et revenir ensuite vers son personnage d’origine. Ca n’est pas crédible ! C’est autre chose de faire bouger son personnage d’une certaine façon, c’est aussi pour la crédibilité de la pièce. Il peut y avoir une évolution tout au long de la pièce évidemment, mais il faut que cela reste cohérent. Mais vu le peu de temps qu’on avait, j’ai clairement dit comment les personnages devaient se comporter. Après je suis resté ouvert et je voyais ce qui collait avec les danseuses, en fait ça ouvre des portes mais ça peut en fermer d’autres aussi.

J : C’est une grande première de travailler comme ça pour moi. C’est plus intéressant d’avoir un personnage complet. On peut dire que c’est vraiment de la danse thérapie !

-        Jessica, quand il t’a présenté le personnage, comment l’as-tu perçu ? 

J : Mon personnage a évolué, c’est clair car je me le suis approprié. Je sentais le personnage abordable. Toutes les trois, on a des personnages qui nous approchent. C’est plus faciles pour chacune comme cela d’aller le creuser.

-        Et Jean-Philippe, puisque tu as une idée assez précise de tes personnages, comment choisis-tu les danseuses ? Quels ont été tes critères ?

J-P : Concernant le choix des danseurs, ce n’est pas le niveau technique de danse qui m’intéressait au départ, mais bien de voir quel personnage je pouvais créer avec les danseurs ; de voir quel personnage peut être créé avec leur personnalité propre. Techniquement, si elle est très forte c’est un plus ! C’est à partir de leur façon d’être que je tente d’imaginer quel personnage je peux voir en elles. Il faut que je voie quelle « utilisation » je peux faire d’elles. Ce qui m’intéresse c’est de connaître la personne et après, dans un deuxième temps, de la voir danser. Ce n’est pas forcément humainement que je dois la « connaître » mais c’est vraiment au niveau de l’interprétation. Je dois sentir aussi si la personne a vraiment envie de s’investir dans le projet. De voir si elle croit au projet.

-        Et comment se passe la gestion d’un groupe lors d’une création ? 

J-P: La gestion du groupe fait partie du rôle du chorégraphe. Il est là aussi pour faire en sorte qu’il y ait une bonne ambiance de travail. Même si les personnes n’ont pas forcément de feeling de base. Il faut arriver à ce qu’il y ait une ambiance de travail qui tienne la route.

-        As-tu eu des subventions pour cette création ?

J-P: Oui plusieurs fondations m’ont soutenu dont la Loterie romande, artephila Stiftung, la société suisse des artistes interprètes et bien sûr c’est une co-production avec le théâtre de Sévelin. 

-        Et tes projets pour la suite ?

J-P: Le but est évidemment de continuer… Tout dépend aussi de la réussite de ce projet ! J’aimerais essayer de refaire la pièce en tournée. Je vais ainsi pouvoir la développer, qu’elle dure une heure pour la vendre en soirée complète. Et d’enchainer avec une prochaine création la saison prochaine..

 
Pour avoir le programme des Printemps de Sévelin du 27 février au 20 mars 2010:
 

www.theatresevelin36.ch 

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Sitara Chamot

  1. Avatar
    Ihssan
    | Répondre

    Article interessant, merci

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