Portrait d’un parcours atypique réussi

Posté dans : Personnages 2
A 24 ans, dépourvu de diplômes, Simon Vicari nous prouve que malgré tout on peut se sortir de n’importe quelle situation avec de la détermination, de l’intuition et du talent.

Pouvez-vous me résumer votre parcours ? J’ai fait mes écoles jusqu’à la huitième année. A ce moment là, j’ai décidé d’arrêter l’école pour me lancer dans un apprentissage de cuisinier que j’ai arrêté un an et demi après. Ensuite, je me suis lancé comme DJ dans le milieu de la musique hardstyle ce qui m’as permis trois mois et demi après, d’avoir mes premiers contrats et de devenir DJ. Après avoir tourné plusieurs années en tant que DJ dans le milieu musical romand et au delà des frontières, j’ai par ce biais eu la chance de connaître des patrons de discothèques, j’ai donc pu m’intégrer à l’intérieur de celles-ci. 

J’ai commencé par l’Amnésia Club à Lausanne en tant que responsable promotionnel. Par la suite, j’ai navigué dans plusieurs autres clubs toujours en tant que responsable marketing et publicitaire pour devenir, il y a deux ans, directeur du Queen’s club et du B-club à Genève, ce qui m’a permis d’avoir un point d’appui dans ce milieu là et d’en faire mon travail. Après avoir pris la direction de ces deux clubs, un de mes amis a racheté le Cult Club à Lausanne. Il m’a tout de suite intégré à son staff en tant que responsable promotionnel et marketing pour lequel je bosse actuellement depuis un an, ce qui m’a permis d’améliorer ma réputation, de gagner de l’argent et de  pouvoir racheter le Harper’s Pub à Lausanne. Ce dernier est depuis deux semaines ma propriété avec trois associés. Un pub totalement « Irish » situé à la rue de la Barre.

A quel moment votre vie professionnelle a basculé du bon côté ?

C’est à l’âge de 16 ans que j’ai vraiment pris conscience que dans la vie il fallait s’accrocher et travailler. J’ai fait plusieurs conneries comme tous les jeunes. Je me suis retrouvé dans un foyer  de jeunes en difficultés. Ce jour là, j’ai pris conscience que n’ayant rien, il fallait que je me sorte les « pouces des fesses » et que je devais m’acharner pour avoir une place de travail. C’était la seule solution que j’ai pu trouver pour m’en sortir. J’ai donc décidé de me donner à fond, d’apprendre les bases du marketing et de faire des études sur le tas afin d’en faire un métier. 

Vos origines ont-elles freiné votre parcours?

Etant libanais d’origine et adopté, ça n’a pas été très simple dans mon enfance quand j’allais à l’école. J’étais dans le nid à part, de fils adopté. Ca a donc été dur surtout dans les années 85-90. Dans ma vie professionnelle, le fait que je ne vienne pas forcément de Suisse mais d’ailleurs m’a mis des freins lors de mes envois de dossiers de candidature. J’ai souvent souffert du regard des gens qui constamment m’assimilait tout de suite à un étranger, ils se disaient “il n’a le droit qu’a une place de travail très très basse”.

Comment expliquez-vous votre réussite ?

Je l’explique par le fait que je me suis beaucoup donné professionnellement. J’ai souvent eu des places de travail pas forcément bien payées dans lesquelles je me suis acharné professionnellement pour avoir aujourd’hui la considération et le respect des gens qui m’entourent. Ma réussite c’est surtout d’avoir mon propre respect sur ce que j’ai pu réaliser et sur mon parcours très satisfaisant.

C’est quoi pour vous la réussite ?

Pour moi la réussite passe d’abord par l’investissement personnel et l’acharnement. Ca passe aussi, lorsque l’on est employé, par l’écoute des gens placés au-dessus de soi. Il faut beaucoup de stratégie publicitaire et communicative pour faire d’un petit grain un grand champ

Jacques Séguéla (publicitaire) a déclaré que si on n’avait pas une Rolex à 50 ans on avait raté sa vie, vous en pensez quoi ?

Ce n’est pas parce qu’on a une Rolex qu’on a forcément réussi dans la vie et j’espère qu’à 50 ans, j’aurais toujours le travail que je fais. Dans la vie, il y a d’autres réussites que celles matérielles avec des montres de luxe et de belles voitures.

On parle de self made man mais ne pensez-vous pas qu’on doit toujours quelque chose à quelqu’un et que personne ne se fait tout seul ?

Effectivement, je pense que l’on doit toujours quelque chose à quelqu’un mais pas matériellement parlant. Il y a beaucoup de gens qui m’ont aidé et soutenu, qui ont pris du temps et qui m’ont formé, comme mes patrons. Par exemple, quand j’étais directeur du B-Club à Genève, mon patron aurait pu engager quelqu’un bardé de diplômes qu’il n’aurait pas eu besoin de former. Au lieu de cela, il a choisi de m’engager et de me former en misant sur mes capacités en marketing. C’est aussi grâce à ce genre de personnes (que je remercie) que j’ai pu me forger des bases solides sur la vision du travail.

En Angleterre, on favorise la motivation et la détermination. Ici ce sont les certificats de travail, les diplômes et la filiation qui priment. Quelle est pour vous la meilleure méthode de recrutement ?

On n’a pas besoin d’avoir des diplômes pour être bon dans la vie, j’en suis la preuve car je n’ai ni certificat d’études, ni CFC. Pour moi, ça passe d’abord par le premier contact avec la personne et surtout par les capacités de la personne. L’Etat nous impose d’avoir un papier pour être reconnu mais les gens peuvent être très bons par la formation professionnelle et par les diverses expériences qu’ils ont acquises. Moi je ne sélectionne pas un employé sur son CV ou ses qualifications, je sélectionne sur le feeling, la réussite et la tchatche.

Comment expliquez-vous un tel engouement pour la vie nocturne de Lausanne ? 

Le succès lausannois provient des nombreux clubs qu’on y trouve. A savoir, le Cult, le D club, le Mad, l’Amnésia, le Loft et j’en passe…Il y’a une quinzaine de clubs qui sont très attractifs. Lausanne est la capitale Romande et Suisse de la nuit. Notre ville est un milieu très clubbing, c’est à dire qu’on n’y trouve pas forcément du VIP. Mais on y trouvera toujours une palette d’artistes et de prestations qui attireront des gens de l’extérieur chez nous, pour pouvoir voir, par exemple, un David Guetta qui ne passera pas à Genève ou à Zürich. N’oublions pas que les vies nocturnes genevoise et zürichoise sont en pleine évolution, mais on restera, à Lausanne, le pôle des nuits de Romandie grâce aux diverses animations et shows qu’on peut y trouver.

Les délits « de sales gueules » à l’entrée des clubs, vous en pensez quoi ?

Je pense que c’est à double tranchant parce qu’il y a beaucoup d’abus de la part de la sécurité comme quand elle refuse l’entrée aux Albanais qui sont en bande ou alors à une personne seule. Mais d’un autre côté, ce n’est pas plus mal car ça évite aussi l’effet de masse dans les clubs. Ca évite aussi les bagarres parce que l’alcool influence la décision des gens et favorise le conflit. Il est vrai qu’à Lausanne, il y’a du délit de sale gueule dans tous les clubs mais c’est pareil en France ou à l’étranger. Il ne faut pas non plus généraliser ce n’est pas parce que trois Albanais arrivent ensemble qu’ils vont tout casser. C’est peut être des personnes qui ont un travail stable et qui viennent dépenser sans compter. Mais il y a une tendance à généraliser, moi par exemple, je suis Libanais et si j’arrive à l’entrée d’un club avec 5 Libanais, on va me dire « ce n’est pas possible » à moins qu’on sorte une carte visa. Le délit de sale gueule, je n’en souffre pas mais si j’étais un simple clubber, j’aurais de la difficulté à rentrer. Je devrais passer par plusieurs étapes : contrôle des cartes, des poches et on observerait mon comportement pour voir s’il correspond au style de la boîte.

Quels sont vos projets?

Mes projets sont d’abord d’exploiter le premier bar que j’ai acheté et de le remettre « un peu en place » grâce à la publicité et au marketing. Par la suite, je souhaite pouvoir ouvrir d’ici une année, deux autres établissements et créer ainsi une chaîne de bars Harper’s Pub en Romandie.

Affaire à suivre…

www.harpers-pub.ch

Laurent Opoix

2 Responses

  1. Avatar
    TheDjames
    | Répondre

     Sympathique photo

    • Avatar
      lie
      | Répondre

      Beau parcours surtout, ça nous change de l’UDC ;-)))
      Ce type d'”handicap” qu’il a connu de part son origine et son statut d’orphelin, c’est transformé en force grâce à une motivation de mort de faim ajoutée à une bonne image de soi, indispensable pour avancer.
      Je suis admirative devant tant de volonté, vraiment chapeau bas.
      Pour d’autres au contraire, les handicaps prendront le dessus et qui ce coup ci déboucheront sur une image de soi très dévalorisante et une vie difficile qui va avec mais bien souvent d’un côté comme de l’autre, les parcours sortent de l’ordinaire.

      Juste un p’tit bémol, le hardstyle ça craint un peu nan ;Þ

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