PAN MILAR

PAN MILAR

Posté dans : Société 4
PAN-MILAR, association à but non lucratif, offre des cours de préparation à la naissance aux femmes migrantes aux mêmes conditions que les Suissesses, en tenant compte de leurs spécificités migratoires, linguistiques et culturelles.

Voilà quelques mois déjà que j’ai découvert à travers mon parcours professionnel, les cours de préparation à l’accouchement destinés aux femmes migrantes et offerts dans différentes langues. Ils sont animés par des sages-femmes et des interprètes communautaires d’Appartenances. J’ai eu la chance de pouvoir en discuter avec l’une des sages-femmes qui s’occupe d’une session de cours, Eliane Schnabel.

Elle m’a raconté toute la genèse du projet et rappelé qu’il a émergé d’une expérience au sein de l’ancien EVAM (établissement vaudois d’accueil des migrants), la FAREAS. A la base, ce n’était pas un projet cantonal mais au fur et à mesure, il s’est étendu et aujourd’hui, il est le seul d’une telle ampleur au niveau national. Ayant atteint une telle dimension, il est sorti de la FAREAS, et renommé PAN-MILAR (Préparation à la naissance- migrantes, Lausanne et régions).

Cette association sans but lucratif est reconnue et reçoit des subsides, entre autres, de la Santé Publique de l’Etat de Vaud et travaille en partenariat avec la Maternité du CHUV. PAN-MILAR collabore aussi avec divers services ou associations tels que les Centres PROFA, la section vaudoise de la Fédération Suisse des Sages-femmes ou encore le Centre Femmes d’Appartenances. Les cours sont coordonnés par des sages-femmes indépendantes qui travaillent en étroite collaboration avec les interprètes communautaires, tout ceci étant chapeauté par une coordinatrice générale, également sage-femme.

L’association nous explique que l’un de ses buts premiers prend sens dans l’accompagnement des femmes pour qu’elles tentent d’identifier l’impact de la migration dans le vécu de leur grossesse et leur représentation de l’accouchement. Il s’agit bien entendu aussi de se préparer à vivre un accouchement harmonieux en connaissant le déroulement d’une naissance. Le travail des sages-femmes tente également de favoriser la prise de conscience de ce qui se passe dans le corps des femmes enceintes. Elles cherchent aussi à comprendre et à partager les enjeux du rôle de parents et des changements qui vont s’opérer dans leurs vies. Elles s’intéressent également à comprendre ce qui se passe durant l’allaitement et encouragent les femmes à pouvoir profiter, pour celles qui le peuvent, de ces moments privilégiés avec l’enfant.

L’association nous dit qu’elle est un possible vecteur pour favoriser l’intégration par le renforcement des connaissances culturelles autour de la thématique de la naissance ainsi que par une meilleure connaissance des habitudes et normes socioculturelles du pays d’accueil.

Actuellement, il existe quatre lieux où se déroulent les sessions de cours : les 4 Coins à Renens, le Centre Femmes, le CHUV à Lausanne et le Jardin Ouvert à Yverdon. L’équipe est constituée de 6 sages-femmes, de 17 médiatrices culturelles régulières, et de plus de 20 interprètes occasionnelles prêtes à traduire les cours en plus de 35 langues différentes, dont le turc, l’albanais, le tamoul, le croate, l’amharique, l’arabe, le tigrinya, le serbe, le somali, l’espagnol. Il est même possible de demander encore d’autres langues d’une nouvelle médiatrice. PAN-MILAR nous dit pouvoir offrir également des accompagnements en chinois, russe, mogol, polonais ou thaï.

Eliane Schnabel m’a confirmé l’importance d’être à l’aise pour pouvoir s’exprimer sur des thématiques, finalement très intimes et culturellement très fortes. Elle me dit que, pour elle, la possibilité de comprendre dans sa langue maternelle, se sentir à l’aise pour s’exprimer ouvertement, librement et émotionnellement – si les femmes en ont envie – est primordial. Elle donne des cours tous les lundis soirs dans les locaux des 4 Coins, à Renens. Elle insiste sur la volonté d’avoir des groupes formés de plusieurs langues différentes au sein d’un même cours. Ceci pour que la langue ne soit pas une barrière et qu’au-delà, ce soit finalement une prise de conscience pour ces femmes qui pourront peut-être déceler un certain universalisme dans cette expérience de vie. Ainsi elles peuvent remarquer qu’elles vont retrouver, malgré des différences parfois fortes, des préoccupations ou soucis similaires que partagent d’autres femmes, pourtant issues de cultures différentes de la leur. Eliane Schnabel me dit que de pouvoir sentir certaines similitudes est très important. Ceci permet, selon elle, une « groupalité » plus grande et ainsi de pouvoir sortir d’un certain individualisme. Eliane me dit être ravie et que cela marche bien. Elle souligne qu’il s’agit d’une occasion unique de se rencontrer dans cette unité et me dit qu’ensemble, elles rigolent, partagent et se reconnaissent.

En écoutant attentivement ce qu’elle me racontait, une question m’est venue et je lui ai demandé si elle avait la présence des futurs papas à ces cours. Elle m’a confirmé la présence d’hommes aussi. Elle m’a aussi précisé que les femmes peuvent être accompagnées de qui elles souhaitent. Elle souligne qu’au contraire des cours généralement donnés en Suisse, elle n’insiste pas pour que les hommes soient présents. Il s’agit là d’un choix personnel ou culturel, parfois. Eliane me témoigne le plaisir qu’elle a de voir les femmes arriver le premier soir, encore méfiantes ou prudentes parfois et finalement de revenir aux séances suivantes et se laisser découvrir et découvrir le groupe. Elle me dit que souvent, cela crée des liens entre les futures mamans. Le cours n’est évidemment pas qu’une suite d’informations sur des procédures, pour Eliane, il s’agit avant tout d’une sorte de reconnaissance de ces femmes et de ce qu’elles vivent. Elle met en avant le courage qu’il a fallu à certaines pour faire un pas vers ce nouveau lien. Elle me dit que cela est positif car si elles ont besoin ou envie d’aller vers d’autres choses ensuite, c’est parfois par le courage passé qu’elles en trouveront la force.

Pour Eliane, il est également important qu’elles se sentent en confiance, évidemment mais aussi qu’elles soient reconnues dans leur savoir relatif au maternage. Elle les amène à trouver des réponses à leurs soucis dans leurs connaissances. Il est nécessaire qu’elles se sentent dignifiées et écoutées. Les cours d’Eliane se passent à Renens aux 4 Coins, lieu d’accueil enfants-parents, inspiré de la Maison Verte, selon Françoise Dolto. Pour elle, ce lieu est important puisque par la suite, les mamans pourront revenir avec leur enfant. Connaissant l’endroit, il pourra être un possible point de chute où elles pourront dire ce qu’il leur arrive sans être jugées ou prises en charge.

Après la naissance, une rencontre est organisée pour celles qui le souhaitent. Eliane souligne que bien que submergées par ce moment de vie, celles qui viennent ont beaucoup de plaisir à se retrouver.

Je tiens à remercier ici Eliane Schnabel, pour la discussion et à saluer son engagement notamment auprès de ces femmes.

Pour plus de renseignements, vous pouvez visiter le site de Pan-Milar : www.pan-milar.ch

 

4 Responses

  1. Avatar
    mum48
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    Quelle belle initiative !

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    Cornut Marie
    | Répondre

    D’abord bravo à Sitara pour son article! Et bravo à Eliane Schnabel et à son équipe pour cette initiative.

    Je souhaiterais rebondir sur la question de la présence des hommes aux cours de préparation à l’accouchement.

    Je trouve cela très intéressant qu’Eliane Schnabel offre la possibilité aux femmes d’être accompagnées de la personne de leur choix.

    Selon mon expérience j’ai effectivement relevé que les cours généralement donnés en Suisse se font automatiquement en couples.

    Ainsi je me souviens qu’une femme était seule au milieu d’un groupe d’environ 5 couples et cela m’avait interpellé. Si sur l’intitulé du cours on avait invité les femmes à venir avec qui elles souhaitaient, peut-être que cette femme se serait rendue aux cours avec une amie, ou un membre de sa famille. Là il m’a semblé que l’on “devait” venir accompagné du futur papa ou alors venir seule.

    N’est-ce pas une manière d’instaurer le couple parental hétérosexuel comme norme unique et immuable et par la même occasion stigmatiser celles qui ne s’insèrent pas dans cette norme?

    Je trouve qu’il y a matière à réfléchir autour de cette question. Et on pourrait même pousser la réflexion afin de questionner notre tendance actuelle à impliquer presque de force les hommes dans tout ce qui touche à l’accouchement de façon globale. De toute évidence je suppose que cette tendance s’inscrit dans une volonté d’égalité entre homme et femme et dans une volonté de responsabiliser les deux parents. Ce qui doit certainement s’avérer tout à fait positif dans de nombreux cas.

    Une amie sage-femme m’as d’ailleurs dit que de nombreuses femmes étaient réellement soutenues par leurs hommes lors de l’accouchement se déroulant de façon harmonieuse au sein du couple parental. Mais elle m’a aussi dit qu’il existait évidemment d’autres situations où la présence d’un homme (qui soyons honnêtes ne peut pas vraiment se représenter ce que sa femme endure) peut être parfois mal vécue et s’avérer être davantage une pression qu’un réel soutient. Certains hommes se sentent si impuissants à côté de leur compagne étouffées de douleurs…Ils paniquent, font des malaises, au final ne sont pas parvenus à aider vraiment et en ressortent eux-mêmes traumatisés!

    Dans de nombreuses autres cultures, l’accouchement se vit entre femmes, ce sont des femmes plus âgées qui s’occupent de l’accouchement. Elles sont passées par là, c’est assez logique et rassurant me semble-t-il. Le fait que l’implication des hommes soit devenue une quasi obligation me paraît quelque peu excluante par rapport aux situations différentes, aux besoins et envies qui peuvent être variés lors d’un tel évènement.

    Personnellement, je me suis sentie soutenue par le papa de mon fils durant l’accouchement et suis bien contente qu’il ait été là, mais je me souviens que ce jour là, le fait que ma maman ne réponde pas à son portable qu’elle avait oublié chez elle, cela m’avait paniqué! Je crois que j’aurai apprécié sa présence. Mais cela ne se fait pas tellement ici, vouloir ma maman pour mon accouchement, quelle gamine! Pourtant les indiennes et les africaines ont toujours valorisés et valorisent encore aujourd’hui une présence ancestrale autour de l’acte de donner la vie. Une manière peut-être aussi de s’inscrire réellement dans une lignée, une continuité…

    Pour en revenir à présent aux cours de préparation à l’accouchement, car je m’en suis un peu éloignée, il me semble que l’optique d’Eliane Schnabel d’ouvrir le cours aux femmes avec l’accompagnant.E. de leur choix, enferme moins dans une seule norme et que l’on devrait en prendre de la graine!

    De toute façon le couple traditionnel homme-femme n’est qu’une construction culturelle et sociale qui est naturellement toujours plus troublée par les nouveaux partenariats de toutes sortes,il faudra bien s’y faire et ouvrir les cours de préparation à l’accouchement aux familles et amies des femmes seules, mais aussi permettre à une future maman lesbienne de venir avec sa partenaire!

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    Sitara
    | Répondre

    Bonjour et merci pour vos commentaires.

    Marie, je te remercie pour le questionnement que tu soulèves en rebondissant sur l’un des thèmes abordés dans l’article.
    Je trouve intéressant l’angle que tu lui donne et les diverses questions qui lui sont relatives.
    Et effectivement, j’ai été interpellée par cette possibilité de présence ou non des hommes mais surtout l’accompagnement par une autre personne de la famille ou non. C’est pour cela que je l’ai souligné dans mon article. Je suis contente que cela t’ait également interpellé et que tu aies partagé tes réflexions.

    Et si l’envie t’en dit, laisse toi tenter par un article dans notre tribune libre, où chacun.e peut nous livrer une contribution!

    Sitara

    • Avatar
      Cami
      | Répondre

      Chargel,eu não utilizo o blogger, não sei como funciona Em wordpress, existe uma coisa chamada de “cuffon”, sei que dá para fazer isso, mas não sei como fucinona.Escolhi estas Fonts para utilizar na criação de imagens por exemplo (como faço em todos os posts).Se encontrar alguma coisa para blogger, enviarei um email

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