
Nouveau phénomène du hip-hop hexagonal, Orelsan a su prouver qu’on n’était pas obligé d’être banlieusard pour savoir rapper. Lui, il vient de Caen et nous parle de la vie telle qu’il la perçoit, en l’agrémentant de punch-lines assassines qui ont fait sa marque de fabrique. Deux ans après son premier album, Perdu d’avance, il revient avec Le chant des sirènes, un album plus mature et plus ambitieux, déjà disque d’or. En pleine préparation de sa prochaine tournée, Orelsan répond à nos questions sans frein, un peu malade et avec la voix cassée : quel homme !
Lausanne Bondy Blog : Tu dois être en pleine répétition pour ta tournée. Comment s’annonce-t-elle ?
Orelsan : Très bien ! C’est une nouvelle expérience pour moi. Il faut réarranger les titres, s’adapter à l’équipe. Ça demande beaucoup de travail, mais il y a une super ambiance avec les nouveaux musiciens. On répète depuis une semaine et demie et c’est cool d’entendre des morceaux sur lesquels t’as travaillé pendant des mois d’une façon différente. Je me réjouis de commencer la tournée
LBB : Tu étais déjà venu à Lausanne lors de ta précédente tournée. Quelques mots sur la ville ? Tes impressions ?
O : Ouais, c’était aux Docks, une super salle. Avant j’habitais à Caen, une ville de province calme, et Lausanne me rappelle un peu ce côté agréable. Les gens sont tranquilles, pas stressés. Maintenant, je suis à Paris et ce calme me manque des fois. Et puis je commence à connaître un peu de monde à Lausanne. J’y suis retourné il y a trois semaines pour la promo et j’ai encore plus apprécié que la première fois.
LBB : Ton nouvel album, Le chant des sirènes, est un mix entre pur hip-hop des 80/90’s et Rap/Rn’B des 10’s. Concept voulu ou hybridation inconsciente ?
O : Un peu des deux, en fait. Je me laisse juste guider par mes goûts et forcément ça ressort dans mes morceaux. J’aime autant la variété française, que le Rn’B moderne ou les trucs plus old-school, genre Public Enemy, IAM et autres. Ça se voit dans les divers titres de l’album et ça me va très bien.

LBB : Suicide social est sûrement le titre le plus marquant de cet album (voir en fin d’interview), entre Demain c’est loin d’IAM et Faut de tout pour faire un monde de Sniper. Raconte-nous sa genèse.
O : Merci pour la comparaison ! Je voulais surtout parler des problèmes de communication entre les gens en France. J’ai des potes de différentes couches sociales et je rencontre de plus en plus de personnes, eux aussi d’univers divers. Et tout ce petit monde ne se comprend pas toujours. Alors j’ai eu l’idée d’en faire un titre, en alliant les stéréotypes connus et usés à l’idée de communautarisme. Ça nous arrive à tous de cracher sur certaines personnes, lorsqu’on est de mauvaise humeur et c’est plus facile qu’on ne le pense de tomber dans la négativité et la peur. C’est cette idée qui m’a donné l’envie de faire un truc brut, nu et direct. C’est le genre de choses qui me parle, en général. Enfin, l’autre forte inspiration de Suicide Social, c’est une scène de La 25ème heure de Spike Lee, lorsque le personnage d’Edward Norton déclame sa haine pour les différentes communautés new-yorkaises.
LBB : On t’a vu chez Ardisson, au Grand Journal, etc. où ils te ressortent quasi-systématiquement la polémique de Sale Pute* d’il y a deux ans et on te sent plus calme vis-à-vis de cette épisode. Qu’est-ce que tu en as tiré ?
O : J’ai appris comment fonctionnent les médias et du coup j’ai compris qu’être discret était une bonne solution pour éviter les situations de ce genre. Puis, je me suis concentré sur l’écriture, ce que je connais le mieux. Aujourd’hui, cette histoire est terminée, c’est du passé.
Récemment, RealGib a twitté que tu devenais trop populaire et que ça le faisait chier d’avoir les mêmes goûts que le reste des gens. Quelle a été ta réaction face à ce tweet ?
O : (rires) RealGib est un mec qui me suit depuis le début. Il est venu à presque tous mes concerts, depuis la Boule Noire. Son tweet était humoristique. Les gens récupèrent un peu ce qui commence à bien marcher, sans vraiment être connaisseurs et ça peut être un peu énervant des fois. Quand j’étais simple auditeur, j’étais un peu pareil. C’est quelque chose de très français, à vrai dire : être jaloux des goûts des autres, vouloir être exclusif sur ce que qu’on écoute.
LBB : Après, Joey Starr et Booba, tu es le troisième rappeur français à faire bouger Lausanne. Une préférence pour Joey Starr ou pour Kool Shen, pour Booba ou pour Ali ?
O : Je crois qu’il n’y a pas de préférence, j’aime les quatre. Tu pourrais y ajouter Akhenaton et Shurik’n d’ailleurs. Et puis, c’est difficile de les différencier, ils forment tous un ensemble, tu vois. NTM c’est NTM, ce n’est pas d’un côté Kool Shen et de l’autre Joey Starr, ils sont comme le yin et le yang. En fait, ça dépend surtout de mon humeur. Des fois, j’écoute Mauvais Œil et je me dis « Putain Ali, il déchire » et le lendemain je le réécoute et là je suis plutôt « Booba, c’est trop une bête ! »

LBB : Si tu devais sampler un générique de série, lequel serait-ce ?
O : J’en ai déjà samplé quelques uns : McGyver, Olive et Tom, Amicalement vôtre, etc. Aujourd’hui, il y a plein de séries, trop même ! Je ne pourrais pas t’en dire une en particulier. Je préfère celles de 80’s, genre Supercopter ou Code Quantum. Ces deux-là pourraient faire des bons sons.
LBB : Si un jour un réalisateur te proposait de faire un de tes clips, tu préférerais que ce soit Michel Gondry, Mathieu Kassovitz ou Gaspard Noé ?
O : Ça dépend du morceau. Kassovitz et Noé feraient des trucs de ouf, c’est clair. J’ai vu dernièrement le clip de Heard’em Say de Kanye West feat. Adam Levine, le chanteur de Maroon 5. C’est Gondry qui l’a fait et j’ai vraiment kiffé.
LBB : Tu as grandi avec Dragon Ball, Alex Kid, Akira et la Super Nes. Mais venons-en au cœur du sujet : d’après-toi Mario est-il gay ?
O : (rires) Ouais, avec tous ces tuyaux, son petit air pervers avec sa moustache et son allure à la Yves Mourousi. C’est possible. Et si c’est le cas, Luigi doit être son petit copain.
LBB : Le rap c’est bien, c’est kiffant, ça déchaîne et ça apaise. Aurais-tu aimé faire autre chose de ta vie ?
O : Je suis fan de manga, d’anime et de bande-dessinée et un temps, j’avais commencé à écrire un scénario. Mais il y a dix ans, j’ai fait un bilan et je me suis dit que je ne pouvais faire qu’un seul truc et le faire à fond. Et j’ai choisi le rap.
LBB : Ton parfait dimanche ?
O : Je déteste sortir de chez moi le dimanche, même pas pour aller chez l’épicier. Je ne m’habille même pas et je glande toute la journée.
LBB : Pour finir Orelsan, si on monte dans ta soucoupe, tu nous amènes où ?
O : Ça dépend qui veut venir ! Mais en général, j’opte pour un endroit où on s’amuse, une planète cool, quoi !
Rendez-vous donc le mercredi 07 décembre au D! Club, dès 20h.
*En Mars 2009, la secrétaire d’Etat à la solidarité Valérie Létard condamne un vidéo-clip d’Orelsan, où il incarne un homme récemment trompé par sa compagne et sur laquelle il lâche des propos violents. Pour plus d’info : http://fr.wikipedia.org/wiki/Orelsan
Et en bonus, le superbe clip de Suicide Social.
3 Responses
jojo
GG Flo et le LBB, au top de ce qui se passe à Lôz’ !
Catarina
Vraiment cool ton article, je crois que je vais me mettre à écouter du rap français je sais pas pourquoi !
Florian Poupelin
C’est cool de faire découvrir un artiste pas prise-de-tête comme Orelsan (merci à lui) et c’est cool que vous appréciez (merci à vous)!