« Nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours »

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Trois agents de police ont été jugés le mois dernier pour lésions corporelles et abus d’autorité. Le verdict est tombé, ils sont acquittés. Avis d'un des plaignants.

Novembre 2008. Souvenez-vous, le Lausanne Bondy Blog racontait qu’ « A l’heure des téléphones portables, les dérapages de police ne passent plus inaperçus. » C’était un samedi soir. Comme à son habitude, le toit de la fnac était habité par de nombreux noctambules. La police arrive, et rapidement un jeune homme se retrouve à terre, menotté, sans explication. L’interpellation musclée ne laisse personne indifférent. Ses amis forcément s’en approchent, et l’un d’entre eux dans l’incompréhension pense à filmer la scène. C’est alors qu’au milieu de l’agitation, le chien d’un agent s’empare violemment du bras d’un autre jeune homme. Résultat, le premier passera la nuit au poste pour n’apprendre que le lendemain qu’il était accusé – à tort – d’avoir incendié un fourgon de police. Le second, blessé, sera laissé sur place sans assistance, avant de se rendre par lui-même à l’hôpital. Les deux portent plainte, vidéo à l’appui.


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envoyé par mehdiatmani. – L’info internationale vidéo.

Interpellés plusieurs fois dans la même soirée parce qu’ils faisaient du bruit, rien ne pouvait pourtant les laisser présager de tels événements. D’où l’envie de rectifier la situation. Il faudra attendre près de deux ans pour connaître publiquement l’aboutissement de cette enquête, notamment à travers le journal 24Heures qui y consacrera trois articles. Le 13 octobre dernier, on apprend que les « trois policiers nient tout dérapage ». Le lendemain, veille du verdict, le substitut du procureur disculpent les agents. « Nous ne vivons pas dans un monde de Bisounours, et il est difficile d’engager une conversation urbaine avec une personne que l’on soupçonne (ndlr : à tort) d’avoir mis le feu à un fourgon de police » a-t-il déclaré. Effectivement, les Bisounours auraient peut-être, entre deux papouilles, tenté d’expliquer au « prévenu » les causes de son arrestation avant le lever du jour… Puis la saga se termine sans surprise par l’acquittement des policiers à qui le juge ne trouve rien à reprocher sur le fond, quoiqu’un peu sur la forme. « Le tribunal a tout de même déploré que la police n’entreprenne rien pour venir en aide au blessé. » Voilà tout. Que s’est-il passé depuis ? Qu’en pensent les plaignants ?

Novembre 2010. Sam*, celui qui a passé la nuit au poste, me donne sa version du procès. « Face aux gens du tribunal on avait des fois l’impression que c’était notre jugement. Au final, le verdict c’était que j’étais trop agité et que Baptiste* (qui s’est fait mordre par un chien) n’était juste pas au bon endroit au bon moment. La situation était selon les policiers trop dangereuse pour lui venir en aide. Pour moi ça va encore, j’ai reconnu que j’étais agité mais vue les circonstances c’était normal. Pour Baptiste* ça a été plus difficile à avaler. Il a obtenu des excuses mais rien d’officiel. » C’est d’ailleurs ce décalage entre l’officiel et l’officieux qui fait peut-être la différence. En effet, bien que le verdict les déclare non coupables, Sam m’apprend que les policiers en question ne s’en sont pas sortis totalement indemnes. La plainte les aurait empêchés d’obtenir toute forme de promotion pendant les deux années qui ont séparé l’affaire de son jugement. Mais ça ne suffit pas. « C’est triste pour eux, le policier propriétaire du chien regrettait d’ailleurs vraiment ce qui s’est passé, mais c’est leur façon de travailler qui n’est pas correcte. Du coup c’est triste pour nous. »

Aujourd’hui, tous deux estiment que ça ne vaut pas la peine de faire recours, ils pensent que ça ne valait peut-être même pas la peine de porter plainte. « Dès le départ, notre avocat nous a prévenus que gagner contre la police dans ce genre d’affaire c’était mission impossible », me dit-il. « C’est déjà incroyable qu’on en soit arrivé là ! » Et la vidéo dans tout ça ? « Elle a plutôt joué en notre défaveur. Il aurait fallu que ce soit de la haute définition! Là il paraît qu’on ne voit pas assez bien les faits. » A croire qu’à l’heure des téléphones portables, les dérapages de police ne sont qu’aperçus.

*prénoms fictifs

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Cristina

  1. Avatar
    jmemeledetout
    | Répondre

    En effet Cristina, nous ne vivons pas dans un monde de bisounours.

    La violence, d’où qu’elle vienne a une cause dont personne ne veut envisager l’origine. Mais c’est un sujet hors-débat, quoique…

    J’imagine que cet article fait suite à celui du 20.11.2008, ce qui signifie déjà, que le jugement n’a eu lieu que deux ans plus tard.

    C’est terrifiant de voir que la justice suit d’autres règles, selon le statut de la personne agressante, en fait, elle ne sert plus que ceux qui la font et ce, depuis bien longtemps.

    Je me souviens d’un accident de ma propre fille dans les années 1980, vous voyez que cela ne date pas d’aujourd’hui. Elle était arrêtée à vélo, tout au bord de la route, un pied sur le trottoir, en sens inverse de la circulation. Une automobile est arrivée en face à toute allure, elle a juste eu le temps de sauter de son velo pour ne pas se faire écraser, le vélo lui en bouillie. Le conducteur était complètement ivre, s’est arrêté 100 mètres plus loin et lorsque choquée par la peur elle lui a dit : “Ca va pas la tête de rouler comme ça ?” il lui a fichu une gifle tellement violente, qu’elle en a fait une commotion cérébrale.

    Et bien… le dossier a été classé, parce que cette personne était un ancien maire des Trois-Chênes, qu’il avait un avocat aux crocs très longs, que le juge était son ami et que je ne disposais qu’une avocate stagiaire qui a en plus oublié de préserver les droits civils.

    Ce qui veut dire que tous les frais d’hôpital ont été à ma charge et qu’il n’a même pas reçu d’amende pour conduite en état d’ébriété très avancée.

    Ce n’est donc pas d’aujourd’hui que la justice protège ceux qui la font. Il y aurait sans doute des centaines de milliers d’exemples à citer depuis lors.

    Ce qui est vraiment inquiétant, c’est que l’humain tend à devenir de plus en plus agressif et violent et que les personnes atteintes de ce mal, je dirais plutôt de cette pathologie, deviennent soit des voyoux, soit des policiers ou des soldats, qui pourront exercer cette violence en toute impunité. Le tout étant pour la personne violente, de faire le bon choix… celui qui lui créera des ennuis, ou celui qui ne lui en créera aucun.

    Il y a bien d’autres formes de violences aujourd’hui dans la société, qui relèvent de violence passive, envers les personnes âgées, les handicapés etc… dont les droits les plus élémentaires sont non seulement bafoués, mais à qui l’on rajoute des pressions tellement insupportables qu’ils en finissent pas mourir. Et ça, cela se voit beaucoup moins, mais fait encore bien plus de dégâts.

    Il suffit de regarder les gens dans la rue ou dans les transports publics, pour voir que le bonheur n’existe plus, nulle part, les yeux sont vides, les corps stressés, la nervosité à fleur de peau.

    Je pense qu’il y a une interactivité d’innombrables raisons pour que cette société devienne de plus en plus violente.

    Mais la cause en est sans doute, tous les neuro-toxiques présents dans l’alimentation, les produits de nettoyage, les parfums et tout ce qui est couramment utilisé chaque jour, dans chaque ménage. Il s’agit quand-même de plus de 400 substances chimiques par jour ! que le corps est obligé de gérer, de tenter d’éliminer. Ce qui est impossible, malgré la faculté d’adaptation du corps humain.

    Sinon, comment expliquer que même les enfants à l’école maternelle sont de plus en plus violents, que naissent de plus en plus d’autistes ou d’enfants hyper-actifs ainsi que l’augmentation des maladies neuro-dégénératives, de plus en plus jeune.

    Une récente recherche a démontré que sur 150 enfants autistes aux US,  80 % d’entre-eux sauf erreur de ma part et selon mémoire, étaient porteurs de doses de mercure conséquentes et dépassant largement la quantité admise dans le sang.

    Une autre étude de l’Université de Calgary, démontre qu’en moins de 20 secondes,  une infime dose de mercure fait non seulement stopper, mais régresser des cellules en développement.

    Lorsque l’on sait que tous les vaccins en contiennent, ainsi que la plupart des substances utilisées chaque jour et dans le quotidien, il faut être particulièrement et volontairement aveugle pour que les recherches ne soient pas dirigées dans ce sens. Je dis bien volontairement, car cela remettrait en question, toute l’économie et l’obligerait à modifier complètement son sytème.

    Vous trouverez très aisément ces videos soit sur les sites des universités, soit sur youtube.

    Il est consternant de voir, à quel point, notre médecine suisse est obsolète dans la connaissance des effets des métaux lourds, alors que des recherches sont opérées depuis plus de 60 ans sur le sujet, et depuis le drame de Minamata.

    Alors que l’on sait, depuis les années 50, qu’une infime dose de mercure répétée, suffit à rendre une personne paranoïaque…

    Pour en revenir à votre post, je ne pense pas que les policiers soient à l’abri de ce genre d’intoxication, pas plus que les voyoux ou le commun des mortels.

    N’importe quel être humain qui se sent habité par la violence, va trouver un moyen de l’exprimer.

    Là où, effectivement, le bât blesse, c’est dans la réponse de la justice à cette violence, qui est totalement inéquitable.

    Mais le juge, lui-même, n’est pas à l’abri de cette violence et donc, il pourra la manifester, à sa manière, à travers son jugement, aussi inéquitable qu’il soit.

    Je ne cherche pas des excuses à ce genre d’actes, par contre j’y cherche une cause.

    Bien à vous et merci pour cet article.

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