Après deux mois d’immersion dans le centre d’accueil des demandeurs d’asile de Vallorbe, le réalisateur Fernand Melgar a su capter des images qui ne laisseraient pas indifférent le plus fervent membre de l’UDC. Pas pour rien qu’il a décroché un Léopard d’or au festival du film de Locarno en 2008 dans la section Cinéma du présent. C’est dans ce centre de transition que les destins se décident. Voyons si tu as suffisamment souffert, si ta vie est suffisamment menacée pour te garder parmi nous. Ce documentaire révèle non seulement les drames de ces personnes que l’on renvoie d’un pays à l’autre comme une patate chaude, mais aussi la difficulté de ceux qui gèrent ces situations au quotidien, ceux qui décident. Il soulève l’aspect déshumanisant de la noyade procédurale que cela implique, et les incohérences du traité de Dublin : un requérant, quels que soient ses motifs, est renvoyé dans le premier pays européen dont il a foulé le sol. Fallait pas faire de détour avant de venir ici, à présent tes problèmes ne nous concernent plus.
La tsr a donc décidé d’ouvrir le débat. La Suisse est-elle trop sévère ou au contraire trop laxiste en matière d’asile ? Une thématique qui n’est de loin pas nouvelle, pourtant les discours qui l’entourent ne semblent pas évoluer. Amalgames et stéréotypes persistent. Plusieurs commentaires (évidemment pas tous !) parus sur le forum d’infrarouge, l’émission de débat qui a suivi la diffusion du film, témoignent de l’ignorance ambiante et aveuglante. Faut-il en rire ou en pleurer ? En voici quelques exemples choisis pas au hasard:
Scouc4 nous sort quelques chiffres de derrière les fagots, « Suisse: 25% d’étrangers, Grands Pays de l’UE: 5% !!! », et se demande si on ne pourrait pas créer « un fonds de solidarité européen pour aider à une meilleure répartition des immigrés ? »
Attends, c’est vrai, pourquoi on fait pas ça ? Finalement c’est logique, la Suisse c’est comme un grand meuble de rangement. Quand les tiroirs sont pleins, on range ce qui dépasse ailleurs. Soyons solidaires !
Shin insiste sur le fait que « le contribuable suisse de la classe moyenne ne doit pas continuer à être un cochon de payant, pendant que nos “amis réfugiés”, (il y en a beaucoup dans mon village) se promènent tout de neuf habillés, veste de cuir, nikes, téléphone dernier cri, prennent le train sans jamais payer et aillent dans la prochaine ville attendre à la gare qu’on leur achète leur merde… »
Ah les nikes et le téléphone dernier cri ça ne trompe personne.
Capricion s’indigne : « 3frs par jour d’argent de poche ? bien des suisses n’en ont pas autant ! … et ils ne sont pas en plus nourris, logés, blanchis, sans devoir travailler. cool quoi. qu’est-ce qu’on attend nous pour y aller à vallorbe ? c’est chauffé, nettoyé, il y a des cuistots professionnels, que veut-on de plus dans la vie PAR LES TEMPS QUI COURENT ? »
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Cristina –
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