Les ténèbres d’Augustin

Les ténèbres d’Augustin

Le Théâtre de Vidy accueillait ces quinze derniers jours la toute première pièce d'Augustin Rebetez. L'artiste jurassien y présente une sorte de mythe de la caverne aux allures grunges et surréalistes, Rentrer au volcan.

RENTRER_AU_VOLCAN_03Voilà bientôt deux semaines que le théâtre de Vidy semble s’être transformé en squat lausannois ou, moins réjouissant, en galerie berlinoise à la mode. Ecrits sur les murs, mobiles de corbeaux en papier et en métal, monstres oniriques, maisons étranges… Chaque centimètre de l’institution lausannoise a été retapissé par les oeuvres tribales d’Augustin Rebetez. Car la Passerelle, sa plus petite salle, accueille le premier spectacle officiel de l’artiste jurassien, et celui-ci aime bien envahir l’espace qui lui est donné. Ce sont de mélodieuses ténèbres, aux envolées lyriques, que le petit génie de la photographie, passé par l’école de Vevey puis propulsé sur le devant de la scène artistique européenne, nous invite à explorer avec sa pièce Rentrer au volcan.

Dans un décor noir, aux machines Tingueliesques – tout a été créé, de A à Z, par Rebetez et sa troupe – on retrouve ses compagnons d’art, comme Noé Cauderay et Louis Jucker, mais aussi des étrangers sélectionnés par ses soins, la performeuse Iona Kewney ou une chanteuse norvégienne, par exemple. Langue imaginaire (« automatique », dit-il), contorsion, gnomes et machines qui grincent… il semblerait qu’on assiste à une coupe en diagonale du cerveau d’Augustin Rebetez, l’inventeur fou. Le spectacle est bruyant, rythmé, musical – il y a du post-hardcore, mais aussi du chant lyrique et des mélodies aériennes. Selon l’artiste, les accessoires sont, entre autres, “une tristesse profonde, des rêves d’enfance, un sentiment précoce d’immortalité”. Il y est question de se faire porter par la vision d’individus oniriques dans une grotte étrange, aidés par des chaires branlantes et des cercueils movibles; à part ça, il n’y a pas vraiment de narration – et c’est dommage.

Augustin Rebetez est connu pour être prolifique et protéiforme – il fait tout : il écrit, il dessine, il décore, il sculpte, il invente, il raconte, il photographie, il peint, il parle. Son oeuvre nous englobe et c’est un univers entier qu’il crée. Cependant, sa pièce n’a rien de surprenant si on est habitués à son oeuvre, si on a déjà vu ses expositions ou ses vidéos. Rien n’est particulièrement choquant, rien ne nous retourne les entrailles. Dur à dire, mais on commence à être habitués à la magie de Rebetez. Se succèdent une suite de tableaux surréalistes, beaux et sombres, dans un langage difficile à atteindre, qui laissent simplement rêveur. Rien de nouveau, donc, pour les connaisseurs. C’est là le problème : peut-être faut-il aller voir Rentrer au volcan en ignorant tout de l’artiste et de son oeuvre, pour se laisser immerger totalement dans son univers. Sinon, on en sort rêveurs, et pas particulièrement retournés.

Rentrer au volcan, jusqu’au 11 décembre, à Vidy-Lausanne, 021 619 45 45, www.vidy.ch. Fête “Aftershow Party” vendredi 11 décembre, dès 21h.

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