Les mots à utiliser en 2009, n°2

Posté dans : Culture 3
Deuxième épisode de l'exercice de création de mots et d'expressions de notre bloggueur Yann

Previously on “Les mots à utiliser en 2009”: il y a maintenant une semaine, un groupe de lecteurs trié sur le volet découvrait avec émerveillement le concept d’ayance. Leur point commun: ils sont tous très smarts. Leur différence: ils n’étaient pas tous prêts. Les plus fragiles d’entre eux ont été retrouvés en état de choc, fiévreux et couverts de plaques rouges, plongeant la population dans un état de… pas de psychose, mais… enfin, d’inquiétude… enfin, non… de préoccupation? Nan… ah voilà: de questionnement sur “si on est vacciné ou pas”, les autorités ayant camouflé l’affaire avec une histoire grotesque de maladie qui touchait les poupons il y a 200 ans (si jamais, on s’en fout que ce soit vrai ou pas, ça rentre bien dans l’histoire…). Malgré ces conséquences fâcheuses, l’auteur persiste, publie et signe pour le bien d’une langue française qu’il chérit, depuis un endroit tenu secret. Voici donc les dernières expressions qui nous sont parvenues de sa tanière.

Le paillard
S’il est un mot qui a connu une évolution synonymique “touffue” au fil des siècles, c’est bien la verge. L’attribut masculin s’est en effet vu affublé au cours de sa longue existence de bon nombre de sobriquets que la bienséance nous interdit d’énumérer dans ces lignes. Ainsi, les mots “bite”, “tige”, “sauciflard”, “p’tit zoziau”, “braquemard”, “poutre”, “lézard”, “mentule”, “parties honteuses”, “polduk”, “pioche”, “bûche” ou encore “chibre”, pour n’en citer, pêle-mêle, que quelques-uns, se voient, malgré une apparente exhaustivité, orphelins d’un frère qui permettrait d’évoquer la chose de manière grivoise et détendue lors d’événements mondains où l’argot n’est que rarement le bienvenu. Heureusement, y’a l’paillard!

N’en déplaise aux détenteurs du célèbre nom de famille vaudois, le mot “paillard” se prête allégrement à l’imagerie pénienne. Mais si, je vous jure! Tenez, le paillard n’est-il pas une “pièce de veau”, déjà lui-même synonyme de “zizi”? Et ne parle-t-on pas de “chansons paillardes”, dont l’unité thématique est généralement la sexualité exacerbée de provinciaux un peu filous? Sachant, de plus, que ces hymnes à la bonne chair sont le plus souvent entonnés par des glands, la boucle semble bouclée.

Alors pourquoi mondain, me direz-vous? Ben parce que ça sonne mondain, nom de bise! Voyez cet exemple inspiré d’un célèbre scandale contemporain:

“Monica n’avait pas eu le temps de dire “Cohiba”, que déjà l’immense paillard de Bill lui flattait le flanc gauche.”

Messieurs les censeurs, voyez-vous une once de vulgarité dans ce bref état de fait? Moi non plus. J’y vois, comme vous, une poésie et une classe rarement égalée lors de l’évocation des choses de l’amour. J’y vois du rythme et du suspens. J’y vois du swing et du groove. Oui, j’y vois aussi des cigares et un bureau en chêne laqué, mais ça c’est une autre histoire, bande d’obsédés! Ma plaidoirie s’arrête ici, votre Honneur, je laisse la parole à Maître Verges. (Je tiens à rassurer le public, j’ai bien été flagellé 40 fois pour avoir osé cette dernière vanne moisatche et si laborieusement amenée…)

La cousine et la p’tite nièce
J’ai beaucoup hésité avant de poser cette expression dans ces lignes. J’hésite toujours et j’hésiterai sûrement encore après l’avoir fait. D’un autre côté, m’est d’avis que des gens qui auront tenu trois paragraphes intégralement dédiés au phallus pourront endurer un paragraphe de plus sur la conclusion du système digestif. Très rapidement: je me suis rendu compte dernièrement que ces deux membres de la famille faisaient d’excellents euphémismes pour ce qui était des fonctions naturelles de type solide ou gazeux. Ainsi, dans le même contexte de haute société où l’utilisation du paillard est préconisée, l’on pourra, à choix, avoir “lâché une cousine” ou “être allé larguer une p’tite nièce”. Merci de ne pas applaudir.

Yann Marguet

Yann Marguet

3 Responses

  1. Avatar
    safran
    | Répondre

    Cher Mr.Marguet, permettez-moi de vous remercier pour cette nvlle ayance par le rire suite à la lecture de votre dernier article. Aussi grâce à votre saga “des mots à utiliser en 2009”, mon vocabulaire se trouvent constamment enrichi: dès lors je suis d’ores et déjà capable de former de formidables phrases du type “elle s’est prise une ayance à la vue de ce paillard de taille ridicule”. N’est-ce pas des plus chic?
    Enfin encore un commentaire: serait-il possible afin d’assurer une parité des sexes de rediscuter l’utilisation de la cousine et petite nièce? en effet, pourquoi s’en tenir à deux mots désignant la gente féminine? je propose que ces expressions soient simplement adaptées en “lâché un cousin” ou “être allé larguer un p’tit neveu” lorsqu’utilisées par ces incroyables êtres que sont les femmes. Merci de considérer cette requête. ABE, salut.

    K.

    • Avatar
      yann_marguet
      | Répondre

      Chère petite épice,

      Merci pour votre gentil mot, même s’il est flanqué d’un titre pour le moins énigmatique. Je me vois néanmoins dans l’obligation de répondre par la négative à votre requête, quitte à être taxé de misogyne, pour la raison suivante: de la même façon que l’on chie une pendule et pas un réveille-matin, que l’on est con comme un balai et pas comme une brosse (quoique ça sonne plutôt bien), que l’on daube le bouc et pas la chèvre, il est malheureusement impossible de lâcher, voire fuser un cousin ou de se lester d’un p’tit neveu. En revanche, ce que je peux vous proposer, si vous voulez de l’équivalent masculin, c’est de puiser dans un environnement tout aussi intuitif que celui de la famille: le monde ferroviaire. Ainsi, vous trouverez sûrement une façon de rentabiliser des mots tels qu'”un charriot”, “un ICN”, “un régio”, “un direct”, “un wagon restaurant”, “un tsol, un leb ou un BAM”, “un train à crémaillère” si votre cousine produit un son caractéristique ou encore “un convoi” (mon préféré).

      En espérant avoir, malgré cette réponse moyennement satisfaisante, comblé au mieux votre attente, je vous prie d’accepter, chèr/e K., mes salutations les plus distinguées.  

  2. Avatar
    farman
    | Répondre

    Heureux d’avoir été présent lors de l’ébauche de réabilitation du paillard. Je vois que l’idée a fait son chemin depuis ! 
    Quitte à tenir séance à nouveau, je propose de reconduire l’exercice accompagné de viande froide… Pour faire plaisir à Viandor, dieu de la viande, à qui je dédie cette réabilitation.
    Merci Yann!

    Manu

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.