Les Caves Ouvertes Vaudoises ou quand le Chasselas chasse la pluie

Les Caves Ouvertes Vaudoises ou quand le Chasselas chasse la pluie

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Le week-end dernier avaient lieu dans tout le Canton de Vaud les Caves Ouvertes 2013. Récit d’une aventure œnologique enivrante à plus d’un titre.
L'ombre du fameux verre, sésame de l'évènement
Le fameux verre, sésame et souvenir de l’évènement

Les Caves Ouvertes, c’est une balade dans les caves de votre choix, dégustation des crus locaux servis par les vigneron.nes. Le deal : pour 15.-, vous avez droit au verre officiel et à son remplissage dans n’importe laquelle – voire chacune pour les plus efficaces – des caves participant à l’évènement. Des bus navettes peuvent même vous emmener d’un endroit à l’autre, pour peu que vous profitiez pleinement des dégustations, c’est utile. Le bonus : certain.e.s vigneron.ne.s vous parleront volontiers de leurs vins, de leur travail, et vous feront goûter plusieurs de leurs vins. On vous propose même généralement de petits accompagnements plus solides comme des assiettes de fromages ou de charcuterie. On a malheureusement manqué les meilleurs horaires : le samedi soir ou le dimanche midi, certains servaient même des filets de perches, des raclettes ou des pizzas au feu de bois !

On m’a donc proposé d’aller profiter dimanche de cet évènement annuel qui vaut le détour. Pour cette première fois, on choisit le Lavaux et plus particulièrement la région de Lutry. Le Lavaux, son vignoble en terrasses inscrit au Patrimoine Mondial de l’Humanité de l’Unesco depuis 2007, est sans doute le plus beau coin de vigne assez loin à la ronde. 15 minutes dans le bus 9 depuis Saint-François et nous voilà prêts à débuter !

Notre 1ère étape : Clos de Chamaley, Route de Lavaux 349, Lutry
Malgré la pluie intermittente et le manque de places à l’abri, l’accueil est chaleureux et généreux. C’est une entreprise familiale, un père et ses deux filles nous servent d’abord un Chasselas, cépage roi dans cette région, et que chaque cave visitée nous proposera également en dégustation. La pluie baisse un peu d’intensité. Je ne le sais pas encore, mais on goûte aussi ici le meilleur vin de cette aventure : le Sylvaner, dans un style un peu plus particulier, original, délicieux, il nous fait oublier un peu la pluie. Les assiettes de fromages aident aussi, il faut l’admettre. Et le fait que la pluie s’arrête, ou presque.

La vue depuis la véranda
La vue depuis la véranda du Domaine Pascal Dance

Notre 2e étape : Domaine Pascal Dance, Rue du Village 4, Aran

La navette à disposition (gratuite si vous avez le verre officiel de l’évènement) nous emmène ensuite à Aran. On s’élève dans le vignoble et la vue s’embellit, notamment grâce à une météo changeante, alternant sur le lac et les montagnes les zones grises et sombres et les zones où le soleil se reflète joyeusement sur le lac. L’accueil est toutefois un peu décevant malgré une véranda qui offre un grandiose panorama. On prend donc un petit verre de Chasselas et on repart sans s’être fait proposer ne serait-ce qu’une poignée de cacahuètes. Du coup, je vole une flûte au beurre en sortant. A leur décharge, ils ont servi des filets de perches pendant une partie du week-end et une certaine lassitude s’installait peut-être.

Notre 3e étape : Château de Montagny, Ch. de Montagny, Aran
Repéré depuis la 2e étape, cet endroit me fait plaisir, puisque mon grand-oncle y a été vigneron pendant longtemps et j’ai quelques vagues souvenirs d’y avoir fêté des 1er août en famille. L’accueil y est d’abord distant, presque froid, et ce malgré l’anecdote familiale. Mais peu à peu le vigneron qui a succédé à mon grand oncle se détend et raconte. On apprend que comme la plupart dans la région, il est vigneron-tâcheron, c’est-à-dire qu’il n’est pas propriétaire des vignes qu’il cultive (qui appartiennent en l’occurrence à la commune de Payerne). Je découvre aussi que mon grand-oncle vigneron a été parmi les 5 vignerons-tâcherons couronnés à la Fête des Vignerons de 1977, un évènement qui n’a lieu que tous les 25 à 30 ans et dont la prochaine édition est agendée pour 2019. On nous sert le meilleur Chasselas de la journée, de l’avis également des amis qui m’accompagnent.

La cave du Château de Montagny
La cave du Château de Montagny

Et puis au moment de partir, au hasard d’un échange d’adresses, il nous invite à visiter une autre partie du château : la petite salle de fête/carnotzet/cave à jazz. Un joyeux capharnaüm règne ici : des drapeaux révolutionnaires ou indépendantistes de nombreux pays, un buste de Lénine qui semble faire du coude à celui de Jean XXIII, des guirlandes de bouchons de bouteilles, un fauteuil à l’effigie du Che… Il nous raconte qu’à défaut de pouvoir voyager, la vigne ne le permettant que peu, il demande aux gens de passages de lui ramener ou de lui envoyer des drapeaux et autres souvenirs plus ou moins révolutionnaires. Les guirlandes de bouchons, quant à elles, sont confectionnées après chaque vendange avec ce qui est consommé à cette période : leur longueur témoigne donc de la qualité des personnes qui participent et un graphique est même affiché pour confirmer qu’on aime produire, mais qu’on aime aussi consommer. Et à l’occasion de ces vendanges, toujours, cet endroit accueille aussi des concerts de jazz. On a envie de s’installer dans cet endroit et d’y rester, mais l’heure tourne et l’aventure doit se terminer. L’heure de fin de l’évènement étant dépassée, on se résigne à rentrer à pied jusqu’à Lutry, le gosier de plus en plus sec, et pourtant, en atteignant le haut du village, on est accueilli par des cris et chants joyeux qui nous sont manifestement adressés.

Notre 4e étape : Domaine viticole de la Commune de Lutry, Rue du Châtelard, Lutry

Le Léman depuis la terrasse de la salle communale d'Aran
Le Léman depuis la terrasse de la salle communale d’Aran

L’accueil est de loin le plus chaleureux et le plus arrosé ! Voilà qui tombe bien, ça fait au moins 10 minutes qu’on marche sans rien à boire ! Le vigneron-tâcheron (eh oui, ces vignes appartiennent à la Commune de Lutry !) nous montre ses caves et les grandioses tonneaux qu’elles renferment, puis nous sert son Chasselas, mis en bouteille il y a tout juste trois semaines. Ici apparemment, le patron bosse comme une bête et son meilleur ami s’occupe des relations publiques : malgré l’heure et le fait que les victuailles étaient rangées, on nous sort des flûtes, alors quand on nous le demande, on dit « oui m’sieur Bruno, je reprendrais volontiers de ce vin blanc ! ». On nous parle encore d’une balade à faire qui débute juste dans cette rue et qui monte en direction de Grandvaux, où sur la route un vigneron laisse tous les week-ends de l’été une glacière avec du Chasselas et une petite boîte pour payer sa consommation, alors on se dit qu’on pourrait bien revenir, si l’été arrive un jour…

Le site de l’évènement : http://www.cavesouvertes.ch/ (où je découvre seulement au moment d’écrire ces lignes que les plats servis et les horaires sont mentionnés…)
Photos © Joseph Demont et LBB

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