L’Église des Terreaux, un espace de recueillement culturel

L’Église des Terreaux, un espace de recueillement culturel

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Une église désertée par les croyants et les collectes, ce n’est pas nouveau. Lui trouver une nouvelle fonction non plus, c’est d’ailleurs le principal questionnement de ces dernières années : comment les utiliser à bon escient sans tomber dans l’hérésie. Lausanne n’y échappe pas…

…surtout avec la quarantaine de lieux de culte parsemés à travers la ville, comme, l’un de plus flagrant en ce moment, l’Église Saint-François qui, outre sa programmation musicale, a récemment laissé l’artiste Sandrine Pelletier investir les lieux avec des dizaines d’échelles et toute une symbolique artistico-religieuse même si elles ne nous mèneront certes pas au Paradis. Osez entrer, cela vaut la peine, mais ce n’est pas le propos du jour.

L’église, espace culturel des Terreaux.

Mais nos Terreaux… Nous passons tous devant en allant chercher un (bon) burger chez Holy Cow ! ou en faisant nos courses le samedi à Métropole 2000, tout ça sans forcément lever les yeux au ciel et prendre le temps de contempler cette église néo-romane de la fin du 19e siècle construite par Théophile Van Muyden et Henri Verrey et ayant reçu la note *2* au recensement architectural du Canton de Vaud (ce qui signifie, en gros, que le bâtiment est protégé et toute rénovation ou modification doit être autorisée par la Déléguée à la protection du patrimoine bâti et le Conservateur cantonal, ou comment teaser le prochain article…).

Depuis, cette église, qui n’en est désormais plus vraiment une, passa en de nombreuses mains, pieuses évidemment, en commençant par l’Église libre, puis protestante et maintenant sous l’égide de l’Église Evangélique Réformée du Canton de Vaud. Dès 2004, ces derniers furent les instigateurs de sa désormais nouvelle fonction : un espace culturel qui se veut accueillant et tout de même fédérateur avec à sa tête, si c’est bien toujours le cas… un pasteur/metteur en scène et avec au programme théâtre, danse, musique et conférence, entre autres.

Et qui dit lieu de rassemblement accueillant dit forcément bar ! Fonction donnée au Sycomore (ou l’arbre sur lequel Zachée grimpa pour voir Jésus…, petit cours de catéchisme au passage pour ceux qui, comme moi l’ignoraient), situé juste derrière l’église. Ce petit bar-café-librairie-billetterie permet ainsi de se déshaltérer avant ou après le spectacle ou en participant aux soirées à thème régulièrement organisées.

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N’ayez crainte de franchir la grille.
Si, d’un point de vue purement architectural, cette église ne paie peut-être pas de mine, elle renferme néanmoins une programmation étonnante et variée. Comme quoi il ne faut jamais juger une église par son clocher. Mais comment faire passer une programmation pourtant attrayante sans faire peur aux « infidèles » qui craignent de se faire enrôler dans des débats religio-philosophiques ? Alors oui on peut y voir un fil conducteur religieux, comme en cette saison 2017-2018, avec des pièces incluant un juif, le Christ et Luther. Et aussi la découverte d’Ibrahim et les fleurs du Coran ou un Beethoven manouche et même une occasion de philosopher avec Descartes ou Audrey Hepburn (décidément très à la mode en ce moment). Et si même là vous n’y trouvez pas votre compte, pourquoi ne pas réinterpréter le désormais trop conventionnel Lac des Cygnes avec l’école de danse lausannoise Studio danse Fusion ?

Au vu de tout ce qui précède, force est de constater que cette église revisitée ne s’éloigne effectivement ainsi pas de sa fonction de rassemblement même si certains puristes pourraient reprocher le caractère païen de quelques représentations. Alors sacrilège ou rentabilisation contemporaine de l’espace urbain ? Finirons-nous tous en enfer pour avoir franchi le seuil sans se confesser… ? Pour le découvrir la billetterie ouvrira le 28 août. Le Seigneur a également droit à une pause estivale.


Espace culturel des Terreaux, rue des Terreaux 14, 1003 Lausanne

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