« Le must de la drague à Lausanne » !

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Soirées Messages : vrais lieux de prédilection pour les coeurs solitaires ?

Bravant mes complexes, je me suis laissé embarquer dans une de ces fameuses « soirées messages » qui se déroulent une fois par semaine au Bleu Lézard et au Java. Du soft dating que ça s’appelle, des petits messages sur papier pour prendre anonymement contact avec qui bon vous semble dans la salle : en effet, il est difficile de faire plus soft en matière de premier pas vers un(e) inconnu(e). Mais finalement, c’est bien cela la particularité toute charmante de ces soirées.

J’arrive avec quelques potes peu avant l’heure à laquelle la drague organisée allait pouvoir prendre ses droits. Miracle, une table se libère, nous nous jetons sur les places disponibles et attendons fébrilement. Il y a du monde! La moyenne d’âge tend vers la trentaine. Des couples, des bandes d’amis. Les hommes sont en surnombre, mais l’ambiance n’est pas plus « à la chasse » qu’habituellement. Etonné, je me dis que ça ne va pas durer, et que la plupart des gars et filles présents vont bien finir par sortir leur harpon. Eh, c’est une soirée drague !

L’heure arrive, les choses se mettent en place : deux filles distribuent des bloc-notes à chaque table. Qui le souhaite, gratuitement, peut écrire un message à la personne de son choix. Les filles passent et distribuent le papier à son destinataire. Tout cela, bien sûr, dans la plus grande discrétion, grâce au savoir faire irrésistible des messagères qui ne manquent pas de brouiller les pistes en se baladant au hasard dans l’endroit. Dès ce moment, les visages changent, on devient soudain plus attentif aux mouvements et aux regards des personnes autour de soi. Le jeu commence : les premiers et premières se lancent, stylo en main. Démarre le ballet des mots doux qui verra naître de grands amours. Ou pas.

Car le truc cocasse, c’est que cette affaire se déroule comme si de rien n’était, au beau milieu d’une soirée classique de fin de semaine. N’importe qui est susceptible de recevoir un message de la part d’un(e) parfait(e) inconnu(e), même la nana qui sera venue manger avec ses parents, même le type qui aura offert une bouffe à sa copine. Certains sont immédiatement repérables. Voyez le tableau : un homme, plus tout jeune, seul à sa table, il boit un café ou une bière, il lit le journal en levant la tête toutes les cinquante secondes, et surtout, il n’écrit aucun message. L’air de rien, hein. Mais ça ne prend pas ! Lui aussi est en quête, ça ne fait aucun doute.

Je recueille quelques impressions : « Je suis venu souvent, j’ai laissé mon numéro à plein de filles qui voient pas qui je suis, et aucune m’a rappelé ». Ou dans un registre plus insistant : « Pourquoi elle me répond pas elle… Je vais écrire à sa copine pour lui demander ». Tout est permis. Je lis quelques messages, et note des discussions de plus en plus élaborées sur le cinéma ou quelque autre sujet culturel. Certains ne manquent bien sûr pas de se marrer un coup, en faisant parvenir des mots douteux à des demoiselles qui n’en demandaient pas tant : facile facile, le gros lourd est impossible à reconnaître sous couvert d’anonymat ! Tout ceci reste cependant bon enfant, loin des clichés qu’évoquent les « soirées dragues ».

Fini la rigolade

Allez, je me lance. Préparation de quelques messages, certains sérieux, d’autres moins : dépressif, intelligent, lourdaud, déconneur, je varie les styles. J’apostrophe une messagère et lui lance un courageux « Va, et donne ces billets au hasard ». Plusieurs minutes d’attente et, ô joie, des réponses ! Les classiques : « T’habites où, tu fais quoi, c’est quoi tes passions ». Mon compère a eu plus de succès : « Sympa ton style rock ! Et tes longs cheveux attachés, grr… ». Comme quoi, ça peut virer hot, même si un sujet revient inévitablement dans les discussions : le cinéma.

« C’est un peu Internet version Moyen Âge », me dit quelqu’un. Pas faux : l’anonymat, la vitesse, la facilité et l’efficacité des rencontres sur la toile se retrouve dans les soirées messages. Une efficacité de plus en plus dénoncée, mais qui ne le sera peut-être pas dans notre cas présent : le côté « humain » subsiste, et aucune machine ne joue dans la communication entre deux personnes. Soft et pratique comme sur Internet, chaleureux comme dans la vraie vie ! Et surtout cet esprit bon enfant qui annihile l’aspect malsain qu’on peut ressentir sur le web.

Il ne faut donc pas trop espérer trouver l’âme sœur dans une soirée messages, il est par contre facile d’y passer un très bon moment. Mais je vois déjà la prochaine étape pointer son nez : soirée speed dating. D’ici là, je me souhaite de développer quelques tactiques infaillibles, car ce sera une autre paire de manches…

Pierre Hecketsweiler

Pierre Hecketsweiler

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