Le Grandjean 3 prend son envol à Yverdon

Posté dans : Personnages 1
Un fou d'aéronautique s'apprête à réaliser son rêve: voler avec le premier avion suisse en reconstruction.

Michel Porchet n’a pas pour but d’aller ni sur la lune ni de faire le tour du monde en 80 jours. Son objectif a pour nom « Grandjean 3 », le premier avion suisse en reconstruction. Si le nom de Grandjean ne vous est pas encore familier, sachez que René Grandjean a construit le premier avion à moteur en Suisse. Il est aussi celui qui a mis au point le premier avion à ski au monde.

Le flambeau est repris par Michel Porchet, un mordu d’aéronautique vivant pleinement sa passion. Il n’a pas la notion du temps qui passe ou plutôt des années qui passent. Il y a mis du cœur et de l’énergie pour que son rêve puisse prendre son envol. Le résultat se passe de commentaires : un avion doté d’une envergure (d’une extrémité de l’aile à l’autre) de 10m60, d’une longueur est de 8m80, d’une hauteur de 2m60 pour un poids avoisinant les 420 kg. Un ouvrage en bois et entièrement réalisé à la main. (www.aviongrandjean.ch)

C’est en 1977 que Michel Porchet obtient sa licence d’aviation. Il était sensé participer à la construction d’un avion Blériot. Ce projet tombe à l’eau mais pas les convictions de Michel Porchet qui décide alors de se lancer seul dans une aventure extraordinaire : construire son propre appareil, une réplique authentique du Grandjean 3 et de le faire voler. Il se trouve que cet aviateur est également charpentier-menuisier de métier. Ce qui l’a sans doute aidé à façonner chaque partie de son appareil avec le doigté et la précision qu’il fallait. C’est en 1995 que le coup d’envoi est donné dans son atelier à Fiez, près d’Yverdon-les-Bains. Auparavant, il a fallut trois années de recherches de documents à travers les musées et auprès de particuliers afin de retrouver des photos des prototypes de l’avion du constructeur vaudois René Grandjean. « Un avion qui fut le premier à être mobilisé en 1914 pour la troupe de l’aviation suisse ». Après avoir dessiné les plans, se pose un problème. Et il est de taille : le moteur de 1910 introuvable sur le marché. « J’ai imaginé, dit notre interlocuteur, de reconstruire un moteur neuf selon le modèle se trouvant au Musée suisse des transports de Lucerne. Grâce à l’appui de l’Ecole d’Ingénieurs d’Yverdon, le plan de fabrication a été refait de façon à reconstituer les pièces du moteur ». D’autres écoles apporteront leur contribution : Ecole des métiers de Lausanne, Ecole des mécaniciens d’aviation de Meiringen, de Payerne et de Sion ainsi que l’Ecole technique de Sainte-Croix. 

La structure du Grandjean 3 est entièrement faite en bois, principalement avec du frêne pour les pièces nécessitants de la résistance, du sapin et du peuplier, entre autres. Lorsqu’on l’interroge sur le coût de réalisation de son avion, Michel Porchet répond spontanément « je n’en sais rien ». Le chiffre relatif aux heures de travail est impressionnant : 12 000 heures de travail dont 3500 heures uniquement pour la construction.

Les organisateurs du Meeting de Payerne expriment leur intérêt vis-à-vis du projet en 2004. L’appareil encore non toilé est assemblé pour la première fois et présenté au public. L’entoilage en lin interviendra en septembre 2006 avec la contribution d’amis de l’aviateur- menuisier quinze jours durant. Ensuite, cinq couches d’enduit consécutives ont été appliquées par trois personnes pour imperméabiliser et tendre la toile. Cette opération étant finie, un carrossier à la retraite se chargera de façonner les capots du moteur en aluminium, et de les ajuster. Ensuite, il restera à mettre en place quelques agrégats : les réservoirs d’eau, d’essence et d’huile et terminer les commandes du moteur (manette de gaz, triglerie).

Une fois le Grandjean 3 terminé, un délégué de l’OFAC se prononcera sur l’appareil. En cas d’approbation, Michel Porchet pourra procéder, cet été, aux essais de roulage à l’aérodrome d’Yverdon. « Selon le comportement de l’appareil lors de ces tests,  une décision sera prise quant à l’éventualité d’effectuer les vols d’essais proprement dits sur l’aérodrome de Payerne ». Une vidéo de ces événements sera diffusée sur le site du lausannebondyblog.net

Quel est donc le but de tout ce travail acharné ? A cette question, l’orateur rétorque : « C’est avant tout un travail de loisir personnel, destiné à rendre hommage aux pionniers de l’aviation suisse qu’étaient Grandjean et Failloubaz; mon but est de présenter le “Grandjean 3” dans des meetings ou des expositions statiques. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’une remorque spéciale a été fabriquée, afin de faciliter le déplacement de l’appareil ». Et d’ajouter : « Je souhaite inciter les gens à faire en sorte de sauvegarder et maintenir le patrimoine aéronautique existant »

Le timbre de voix de Michel Porchet d’habitude si calme prend un élan de dynamisme lorsqu’il évoque l’année prochaine. Il dit à ce propos : « De nombreuses commémorations se tiendront à travers le pays en 2010. Il s’agit de célébrer le 1er vol effectué le 10 mai 1910 par Ernest Failloubaz aux commandes de l’appareil construit par René Grandjean, devenant ainsi le premier pilote à avoir obtenu un brevet de pilotage en Suisse. En septembre de la même année, Failloubaz effectue le premier vol en Suisse de ville en ville, plus précisément d’Avenches à Payerne. Ces deux événements marquent officiellement le début de l’aviation suisse ». Pour faire revivre ces deux événements, des fêtes sont agendées pour les 15 et 16 mai 2010 à Salavaux, suivies les 25 et 26 septembre d’un vol d’Avenches à Payerne à bord d’un Blériot XI datant de 1910, avec départ à l’IENA.

Pour en savoir plus, vous pouvez consulter le site www.aviongrandjean.ch

Kahina

Kahina Messiaux

  1. Avatar
    R.YANICK
    | Répondre

    j’aimerai savoir comment calculer l’épaisseur d’une profil aile

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