Le Café des Patronnes : « Ici les gens sentent qu’il y a une âme et c’est important pour nous, car on y a mis notre bide, notre cœur, tout ! »

Le Café des Patronnes : « Ici les gens sentent qu’il y a une âme et c’est important pour nous, car on y a mis notre bide, notre cœur, tout ! »

Concept store d’un genre nouveau en Suisse romande, le Café des Patronnes a ouvert début juin, rue du Valentin 43. Mêlant vêtements de seconde main et boissons, la boutique est tenue par Melodia, 27 ans, et Morgane, 31 ans. Rencontre.

Le 6 juin dernier, rue du Valentin 43, ouvre une sorte de caverne d’Ali Baba. Nul besoin, cependant, de réciter la formule pour entrer au Café des Patronnes, boutique de dépôt-vente où l’on peut, comme le nom l’indique, boire un verre. Une lumière douce règne à l’intérieur du local où les vêtements se tiennent à gauche à droite, négligemment suspendus à un paravent en osier ou près du comptoir. Tandis que je m’installe dans un large fauteuil bleu, Melodia me sert un délicieux thé froid maison et Morgane termine les derniers rangements de cette fin de journée. Les deux jeunes femmes sont les boss du lieu, accueillantes et dynamiques.

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La jolie vitrine du Café des Patronnes, rue du Valentin 43.

Un même désir d’entreprendre

Parfois, la vie est curieusement faite. On cogite dans son coin et un jour on rencontre quelqu’un qui partage le même rêve. C’est ce qui s’est produit pour Morgane et Melodia. Pour la première, l’idée d’avoir son commerce fait progressivement son chemin entre son expérience dans une boutique de seconde main à Genève puis dans la restauration. Entre l’envie de revendre des vêtements et celle d’avoir son café un constat se pose : quand une personne vient déposer ses fringues ça peut prendre du temps, alors pourquoi ne pas lier cela avec un café et rendre le moment plus convivial ? Pour la seconde, c’est un souhait qu’elle a déjà depuis l’enfance. Et puis avec sa formation de décoratrice, le vêtement ça lui parle ! L’envie d’être sa propre patronne s’impose aussi peu à peu. Suite à un séjour à Berlin, où il existe beaucoup de boutiques de seconde main, elle souhaite recréer ce type de commerce en Suisse.

C’est par le monde professionnel que les deux jeunes femmes se rencontrent avant de devenir amies. Entre elles la confiance est naturelle et implicite. « C’était évident qu’avec Melodia ça allait matcher professionnellement », confie Morgane. Bien qu’il ne soit pas toujours évident de travailler en duo, les deux amies sont réunies par la même envie d’être indépendante et le désir d’entreprendre déjà juste pour soi. « L’aventure humaine est bien plus enrichissante que tout le boulot concret, même si parfois cela complique aussi les choses », souligne Morgane. Elles m’expliquent que chacune apporte et donne de soi, qu’elles se soutiennent et qu’ainsi aucune des deux n’abandonnent. C’est une dynamique qui permet de progresser. « On se tire l’une l’autre », concluent-elles d’une même voix.

 

Business plan

Lorsque je leur demande, quelles sont les démarches qu’elles ont effectuées pour montrer leur entreprise, elles me répondent que leur première question c’était : « Par quoi on doit commencer ? » Morgane fait sa patente. Melodia prend des cours sur deux jours à Genilem, seule structure existante pouvant les accompagner dans leur démarche, afin d’acquérir quelques pistes méthodologiques. Là, elles ont la chance de tomber sur des gens passionnés qui prennent le temps de leur donner des conseils.

« Quand on veut créer une petite entreprise avec un faible budget, on n’est pas pris au sérieux », dénonce Melodia. « Il faut être bien accroché à son rêve », appuie Morgane. Qui dit monter une entreprise, dit rédiger un business plan. Une tâche incontournable et essentielle. « Il s’écrit petit à petit, on y inscrit des points, on en enlève aussi. C’est notre bible, on y voit notre progression », m’apprend Melodia. « Faire un business plan, cela te force à voir loin. On a fait le nôtre sur trois ans et on le réajuste au fur et à mesure », précise Morgane. Elles ajoutent qu’y inscrire également la répartition des tâches aide à être au clair sur « qui fait quoi » et permet d’éviter disputes ou quiproquos. « Je suis contente de montrer que même avec des petits moyens, l’on peut réaliser ce que l’on souhaite », achève Melodia.

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Des habits, un bar et une fresque peinte à la main, oui à la main !

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Beau bordel

Donner une deuxième vie à des vêtements qui ont été aimés, voilà ce qui tient à cœur aux deux jeunes femmes. Au Café des Patronnes, le lien émotionnel que l’on entretient avec les différentes pièces de sa garde-robe est valorisé. Ici, les habits sont exposés comme des œuvres d’art et si l’on y revend ses pièces, l’on peut aussi y découvrir des pépites à moindre coût. Une solution pratique pour toutes celles qui en ont marre des rendez-vous organisés via groupe Facebook ou des vide-dressings où il est bien souvent nécessaire de payer son emplacement.

Ce canapé n’attend que vous !

En activité depuis environ un mois, Melodia constate que : « Pour l’instant on n’a que des super retours de gens de tout âge. » « Chaque personne qui rentre dit  “Waou, c’est beau !”, “Waou, c’est unique !” et ça fait du bien. Surtout après autant de travail et avoir mis autant de soi dans la décoration et l’ambiance du café. Ici les gens sentent qu’il y a une âme et c’est important pour nous, car on y a mis notre bide, notre cœur, tout ! » s’exclame Morgane. Le lieu, qui combine les meubles de l’enfance de Morgane et de Melodia à ceux qui leur ont été donnés, est entre la roulotte de gitan, le dressing de maman et le premier petit appartement meublé de bric et de broc. « C’est un beau bordel ! » résume Morgane. Dans ce chaleureux capharnaüm prenez le temps de chiner, discuter et déguster cafés, sirops artisanaux ou autres petits thés. Morgane précise : « On a pris des producteurs locaux pour les mettre en valeur et aussi s’entraider entre petits commerçants. »

Et l’avenir ? L’idéal pour les deux amies serait de pouvoir se dégager un salaire et être à temps plein à la boutique. « On n’a pas de grandes prétentions, on a peu de moyens depuis toujours, si on peut partir en vacances c’est cool, mais c’est tout », explique Morgane. « Notre seule attente, c’était juste de nous lever le matin et d’être heureuses », conclue Melodia.


Le Café des Patronnes, rue du Valentin 43, 1004 Lausanne, ouvert du mardi au vendredi de 10h à 18h30 et le samedi de 10h à 18h. Paiements seulement en cash pour le moment. Vous trouvez les conditions et les horaires de dépôt ici. A suivre sur Facebook et Instagram.

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2 Responses

  1. Avatar
    Lucie
    | Répondre

    J’aime bien l’idée d’une boutique seconde main qui est un café un même temps. Car il est vrai qu’il faut du temps pour déposer ses vêtements et la possibilité de boire un café facilite la tache. Une copine de moi aimerait bien acheter un sac Hermès d’occasion. Je vais lui proposer de faire un tour des magasins de seconde main pour trouver un tel sac et de boire un café.

    • Julie Collet
      Julie Collet
      | Répondre

      Bonjour Lucie,

      Merci pour votre commentaire. Depuis 2020, le Café des Patronnes ne propose plus le service de dépôt-vente. Mais vous pouvez toujours y boire un café et trouver des pépites que les patronnes chinent elles-mêmes.

      Amicalement

      Julie Collet

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