Lausanne : ville littéraire

Lausanne : ville littéraire

Découvrez Lausanne sous la plume d'auteurs de tous horizons et de toutes époques. Découvrez leurs regards sur cette ville, sur son évolution, ses changements aux travers de plusieurs récits, parfois tristes, parfois critiques, mais parfois drôles aussi. Lausanne, une ville qui inspire depuis bien longtemps, où il fait bon vivre et se promener. Le LBB vous propose une série estivale mêlant flânerie, découverte et culture, basée sur le guide « Lausanne, promenades littéraires ».

Une balade teintée d’humour

En mars dernier, un nouveau recueil de balade était édité, son nom ? « Lausanne, promenades littéraires ». Ce guide était une véritable aubaine pour moi, car il concentre deux choses que j’aime particulièrement faire : lire et me promener. Je n’ai donc pas tardé à me le procurer. J’ai finalement tenté l’expérience, non pas de sortir avec mon exemplaire sous le bras (pas encore, mais cela ne saurait tarder) mais de suivre une visite guidée justement inspirée d’un chapitre de cet ouvrage. Le guide était Daniel Maggetti, l’un des auteurs et coordinateur du livre. C’est le chapitre sur l’humour, inspiré par Lausanne à plusieurs écrivains, qui était le thème de cette balade. L’ouvrage offre pour chaque itinéraire un petit nombre de récits à découvrir en chemin, qui parlent chacun à leur façon d’un endroit spécifique de la ville.

Le voyage commence au bord du lac Léman, à Ouchy plus précisément. Le livre nous donne rendez-vous à la place de la Navigation 4, endroit où le tramway, en son temps, emportait nombre de voyageurs à travers la ville. Le premier texte est en effet basé sur l’expérience du tramway lausannois. Cette histoire (« Le scandale des tramways lausannois » de Henri Roorda) nous transporte à une autre époque, durant l’année 1919 pour être précise. Pourtant, elle pourrait tout aussi bien être actuelle si on remplaçait le mot tramway par celui de bus.

Lors de la visite guidée, Daniel Maggetti a commencé par nous avertir qu’il avait légèrement revisité l’itinéraire original, il avait notamment décidé d’y glisser pour commencer, un texte supplémentaire, « Une si jolie petite plage » de Suzanne Delacoste, faisant normalement partie d’une autre promenade, celle dédiée aux romancières. Celui-ci fait un parallèle entre la plage de Bellerive et les Limbes. On pourrait donc même envisager de commencer notre promenade par Bellerive. Ce petit supplément ajoutait un goût d’inédit et se fondait parfaitement avec le thème. C’est aussi cela qui fait le charme de cet ouvrage en même temps que celui de cette visite guidée, les itinéraires ne sont pas figés, comme la ville ils changent. On peut ainsi à loisir et selon nos envies, composer nos propres balades, notamment grâce aux index (de lieux et d’auteurs) basés à la fin du livre.

La suite de la promenade officielle, nous emporte grâce au m2 jusqu’au Flon. De là, il faut se diriger vers la place de l’Europe, puis vers le Grand-Pont. On pourra alors découvrir le texte, « L’art de détruire », dissertant de l’infâme nouvelle architecture lausannoise du XIXe siècle, apportée par l’industrie et son développement économique exceptionnel. Mais si l’économie lausannoise se portait à merveille, le paysage était lui, pour bien des lausannois, gâché, défiguré, par ces nouvelles constructions, qui avec le temps, pour les générations suivantes, ont développé un charme certain. L’auteur, Paul Budry, se penche tout particulièrement sur les ponts de la ville, le Grand-Pont, le pont Chauderon, sans oublier la construction abominable du pont Bessières.

C’est là l’un des points de divergence du livre et de la visite, en effet, notre guide avait légèrement modifié notre itinéraire afin que nous profitions de l’ombre et du moins de pentes possibles. Une alerte canicule avait été déclarée et la chaleur aurait pu ruiner notre plaisir, il n’en fut cependant rien, car ce changement de parcours nous permis de profiter de l’ombre à chaque halte. Au lieu de nous arrêter au Flon, nous avons continué jusqu’à la Riponne, sautant par-dessus le récit des ponts, pour passer au suivant. Là, on nous a astreint à emprunter les escaliers roulants. C’était primordial. Plutôt interloqués, nous avons abdiqué, ce n’est qu’en haut, lorsque nous nous sommes regroupé, que le texte suivant nous a fourni la clef de l’énigme. Il s’agissait d’un passage de « Rubriques » de Charles-Albert Cingria. Celui-ci parle de son amour pour les escaliers mécaniques de la ville, invention bien pratique, surtout lorsqu’on commence à peiner après plusieurs montées dont Lausanne est friande. Attention : Je vous préviens tout de suite, l’idée de s’imprégner du récit tout en se faisant transporter par l’escalier roulant peut être dangereuse, car parfois, il prend moins de temps que nous pour lire et là…aïe aïe aïe.

L’étape suivante nous amène à passer au abord du Palais de Rumine, le chemin tout tracé de l’ouvrage nous fait continuer notre route par l’avenue de l’Université. Cependant, parfois, cela a du bon de choisir sa propre voie, c’est pourquoi on peut sans autre décider de passer à l’intérieur de Rumine, d’en gravir les marches ou de prendre un ascenseur (solution de facilité) et de rejoindre les hauteurs par la petite passerelle qui relie le palais au sentier des Colombes. C’est la solution qui a été choisie lors de la visite guidée, car l’une des promeneuses avait un pied dans le plâtre et était motivée à nous suivre jusqu’au bout. D’ailleurs, cela nous permettait également de profiter de la fraîcheur et de la beauté des lieux.

Quel que soit l’itinéraire choisi, le but reste le même, arriver jusqu’à la place du Château, lieu historique et d’importance politique pour le pays de Vaud. Actuellement, des travaux gâchent un peu les lieux, mais il y a toujours la possibilité de se poster près de la préfecture, endroit admirablement bien choisi pour y feuilleter un polar. Alors quoi de plus normal que de se plonger dans la lecture de l’extrait du roman policier, « Porchat revient » de Benjamin Vallotto, qui s’inscrit dans ce que l’on nomme « les vaudoiseries », en clair, des textes bien de chez nous. On y parle du célèbre major Davel, du Grand Conseil, de la molasse et de la Cité bien sûr.

La suite de la promenade, nous emmène à Saint-François, aucune indication précise quand au parcours est noté dans le guide, c’est donc à nous de choisir de faire au plus court ou au contraire de profiter de se perdre dans les ruelles remplies d’histoire de la Cité. Là aussi, la visite guidée s’est un peu éloignée du tour proposé, car elle a inséré à cet instant, en passant par le pont Bessières, le fameux texte portant sur le nouveau visage de la ville, de ses constructions et de ses ponts. Finalement, ce changement convenait parfaitement et nous permettait en plus de bénéficier d’un joli point de vue.

Arrivé à Saint-François, cœur de la ville, lieu de croisement de bien des promenades et des lignes de bus, nous arrivons déjà au terme de notre visite. A l’ombre de l’église, la lecture du dernier texte, « Le Veau d’or. Esquisse de mœurs dissidentes » de Jules Besançon, nous emporte dans le Lausanne du XIXe siècle, alors que l’église protestante du canton était divisée par ses idées. C’est la place Saint-François, ainsi que la critique de certains protestants, qui nous est contée.

C’est une jolie promenade a entreprendre, qui dure environ 1h30. Son parcours n’est certes pas le plus original qui soit, mais il est agréable et si on prend le temps de bien regarder, ou d’entreprendre quelques petits détours, on découvrira à coup sur quelques détails jusque-là inconnus. C’est également un bon choix pour faire découvrir la ville à des visiteurs. La visite guidée par Daniel Maggeti apporte quant à elle d’abondants détails supplémentaires, sur les écrivains, leurs rapports à la ville, le projet de ce guide, des anecdotes, d’autres auteurs ayant passé par Lausanne et ce, d’un ton passionné, ce qui est d’autant plus intéressant. Le temps était suspendu et j’en savourais les secondes. Les 5400 secondes de promenades m’ont semblé infiniment moins longues, c’est comme si nous n’étions parti que 30 minutes.

Il est à ajouter que l’un des éditeurs des éditions Noir sur Blanc était présent et qu’il offrait non seulement des boissons lors de la promenade, mais également le ticket de métro pour celles et ceux qui n’en étaient pas déjà munis.

Et l’humour dans tout ça ? Les textes sont plus ou moins drôles, certains n’ont que quelques petites touches, d’autres en sont bien plus pourvus. Il ne s’agit pas là de récits hilarants qui nous ferons rire aux larmes, mais ils restent agréables à lire ou à entendre. Mon récit préféré est sans conteste celui consacré aux tramways.

Une belle idée
L’idée de cet ouvrage était la suivante : faire découvrir le visage littéraire de Lausanne, ainsi que la ville elle-même, au travers de promenades et d’écrits de qualité. Isabelle Falconnier, déléguée à la politique du livre de la Ville de Lausanne est à l’origine du projet, elle s’est rapidement tournée vers le Centre de recherche sur les lettres romandes de l’Université de Lausanne pour réaliser un livre. C’est donc cette collaboration entre la ville et l’UNIL qui a réussi à produire ce précieux guide. Vu l’enthousiasme des sept auteurs travaillant d’arrache-pied sur les différentes promenades, le livre a été finalisé en une année environ. Tout n’était pas simple pour autant, les auteurs se sont retrouvés à batailler contre plusieurs difficultés. Tout d’abord, il fallait trouver des textes qui parlaient de lieux précis se trouvant à Lausanne, le mieux étant que les endroits existent toujours. Pour les balades des auteurs, il fallait que ceux-ci aient eu un véritable lien avec la ville. Enfin, le plus dur restait à venir, après avoir amassé les textes, encore fallait-il que leur assemblage aboutisse à une promenade agréable, de l’ordre du possible.

Le résultat ? C’est un guide contenant le plan de chaque promenade, dessiné avec finesse par Fanny Vaucher, illustratrice lausannoise. On y retrouve les textes de 92 écrivains, qui composent les 20 promenades thématiques présentées dans cet ouvrage. On y retrouve des balades basées sur un sujet, comme les jardins publics, les spectacles, les voyageurs ou les cafés et d’autres sur des auteurs en particulier comme Anne Cuneo, C.F. Ramuz, Georges Simenon, etc.

On peut à choix choisir son chapitre et le suivre à la lettre, le revisiter à sa sauce, en changeant l’ordre des étapes ou simplement inventer une nouvelle balade en utilisant l’index des lieux ou des auteurs. Pour mieux comprendre son contenu, ou par simple curiosité vous pouvez ici feuilleter ses premières pages, où vous avez accès à l’intégralité de la première promenade sur Charles-Albert Cingria.


Pour aller plus loin : 

Les prochaines visites guidées :

  • 12 août 2017 : Promenade Hôtels
  • 19 août 2017 : Promenade Jaques Chessex

Toutes les informations utiles sont ici !

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