Lausanne: Ville de passage (épisode 1)

Posté dans : Feuilleton 3
Premier épisode d'une saga historique sur la capitale vaudoise. Entre anachronismes et faits réels, revivons la vie de Lausanne de la Préhistoire à nos jours en nous gaussant joyeusement.

Saviez-vous, mes enfants, que notre bourgade est une véritable ville de passage? Voilà plus de 8000 ans que l’être humain traîne ses savates au gré de nos vallées escarpées. Alors que nul d’entre nous n’était encore né, les badauds nomades du Mésolithique (6000 av. J.C.) faisaient des grillades à Vidy. Parmi eux : Jean-Claude. Lui et sa tribu ont choisi les bords du lac de notre ville pour passer l’hiver. Notre personnage en profite pour se familiariser avec les nouvelles techniques de pêche de l’époque, avant de poursuivre sa route en direction des Alpes. 

Il est plus prudent de les traverser en été, une fois que la neige aura fondu. Un peu plus tard, à l’âge de Bronze (1800 av. J.C.) et à l’âge de Fer (700 av. J.C.) quelques agriculteurs et éleveurs construisent les stations littorales de Vidy. Le dimanche après-midi, ils s’adonnent à la réalisation de nouveaux outils de guerre (haches, poignards, épées, bouclier). C’est l’épanouissement de la civilisation celtique. Tous les vendredis soir, près de l’actuel emplacement de l’Amnésia (à l’époque, l’auberge se nomme “les Quatre Cuirasses”) les meilleurs tailleurs de menhirs se réunissent. Celui qui taille la plus belle amande de pierre repart dans sa tente avec la plus jolie fille de cette joyeuse troupe. Nicolas tombe amoureux de Vanessa. Il l’emmène sur une digue non loin de Lutry, d’où ils contemplent les étoiles. Il fait bon vivre sur les berges de notre lac.

Mais bientôt, cette apparente tranquillité n’est plus qu’un lointain souvenir. A l’aube de notre nouvelle ère, les Romains fondent sur nos terres le vicus (relai de postes sur une voie romaine) de Lousonna et nos sympathiques nomades se voient contraint de se soumettre à la nouvelle autorité.  Au premier siècle après notre petit Jésus, Lousonna devient une bourgade de plus en plus importante. Si bien que Sebastien (petit cousin éloigné de nos deux amoureux celtes) et sa famille sont obligés de grimper dans les terres pour s’installer sur la colline de la Cité. Mais en  fait, saviez-vous que notre ville est construite autour de trois collines? La Cité, le Bourg et Saint-Laurent. Ces trois lieux sont reliés entre eux par le Grand Pont (1836-1844), le pont Chauderon (1904-1905) et le pont Bessières (1908-1910) qui enjambent littéralement la vallée pour donner un nouvel aplomb à notre ville de passage. Sûr que dorénavant vous ne traverserez plus ces édifices avec la même perspective. Sebastien est garde de la Cité. Avec ses collègues, il défend la fortification au nord de la Ville. Il fait chaud en cette journée de printemps 348 après J.C. et notre jeune homme transpire sous sa carapace de fer. A la fin de la journée, il rejoint le centre en passant par un cordon de terre reliant le bourg à Sauvabelin. Ensuite, il lui faudra encore descendre la pente abrupte de la mercerie  puis traverser un terrain marécageux et insalubre qu’on nomme aujourd’hui la Palud. Enfin le voilà chez lui, il retire sa cuirasse et s’endort sur son lit de paille. La nuit est douce et Nicolas est loin des tracas que connaît l’Empire romain d’Occident.

Après deux siècles de prospérité, un climat d’insécurité s’installe. Le général Sextus propose même d’installer des caméras de surveillance à la gare. Finalement, alors qu’il rentre dans sa villae de Pully où sont installés les hauts officiers, une incursion barbare surprend le général sans son glaive. On lui tranche la gorge avant de remplir la piscine de son propre sang. Cette période de l’histoire est un des rares intermèdes où il ne fait pas bon être de passage à Lausanne. Offrant une situation à la croisée des voies routières et fluviales, Lousonna aura joué un rôle stratégique important pour nos ancêtres les légionnaires. Si le cœur vous en dit, vous pouvez encore en apercevoir les vestiges tout au long de la promenade de veni Vidy vici.

Mais nos badauds n’ont pas fini pour autant de découvrir tous les bienfaits de notre Lausanne antique. Jusqu’au Xème siècle, la capitale du canton de Vaud est une étape de la Via Francigena (voie des français). Les visiteurs entrent dans la ville par le faubourg de Saint-Laurent, à l’ouest. Ce pèlerinage conduit nos voisins les Gaulois en partance pour Rome. Aujourd’hui encore ce parcours médiéval fait l’objet d’un balisage par le Conseil de l’Europe. On peut la parcourir à pied ou à vélo.

Pierrot ? Sophie ? Ils sont ou ces sales gosses ? Ça vous ennuie mes histoires ? Hop ! Allez chercher vos vélos. L’histoire est un fil fragile le long duquel nous allons tisser notre propre destinée. (suite des aventures la semaine prochaine)  

Thomas

3 Responses

  1. Avatar
    Rose
    | Répondre

     excellente plume Thomas! You rock!!!!

    • Avatar
      Zébulon
      | Répondre

      I agree. Très frais!

  2. Avatar
    Tess
    | Répondre

     Il fut bon de vivre sur les berges de notre lac…

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.