Lausanne danse Béjart depuis 30 ans, et vous ?

Lausanne danse Béjart depuis 30 ans, et vous ?

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Tutududu Riponne-Maurice Béjart, qui n'a pas entendu cette annonce au moins une fois dans le M2, se posant vaguement la question : c'est qui ce Maurice ? Non, il ne s'agit pas du poisson rouge qui a poussé le bouchon un peu trop loin en mangeant de la mousse au chocolat, mais bien du chorégraphe de renom, Maurice Béjart, débarquant à Lausanne avec ses chaussons et ses danseurs il y a maintenant trente ans.
Lausanne danse Béjart
L’arrêt Riponne du M2 dédié au Béjart Ballet Lausanne.

Comme beaucoup de petites filles, j’ai commencé la danse classique à l’âge de 4 ans, en 1987, soit l’année où Maurice Béjart arriva à Lausanne avec sa compagnie.

A un âge où l’on rêve plutôt de devenir petit rat à l’Opéra de Paris, la découverte du Béjart Ballet Lausanne, dit le BBL (n’y voyez aucune anagramme avec le LBB) vous ouvre une nouvelle perception de la danse, ce dont Lausanne profita simultanément.

La réputation de Béjart certes le précédant, ce n’était pas couru d’avance qu’une petite ville et petite fille, somme toute conventionnelles comme Lausanne et moi, plutôt habituées à la danse classique avec le Prix de Lausanne, soient aussi rapidement convaincues (même si le mot « rapide » reste relatif).

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Pourquoi Lausanne et pourquoi la mayonnaise a-t-elle pris aussi facilement ?

Béjart arriva sans tutu, sans paillette ni chichi, proposant un art total valsant entre danse, théâtre et parfois même chant sur un fond musical aussi varié que décalé comme Queen, Mozart ou encore Brel et Barbara. Les thèmes choisis aussi surprennent, on est loin d’un ballet romantique à l’eau de rose comme Giselle et il le prouva d’office lors de sa première en 1988, avec Souvenir de Leningrad, bousculant ainsi tous les codes d’une discipline rigide.

Dès leur arrivée, en 1987, la Municipalité, menée alors par Monsieur René-Martin, les accueillit à bras et budgets ouverts, leur trouvant lieux de répétitions, logements et subventions. S’installant définitivement, dès 1988, au chemin du Presbytère, près du Théâtre de Beaulieu, Béjart y créa et travailla d’arrache-chaussons pour nous livrer des prestations toujours plus belles et innovantes. Si la compagnie reste nomade et s’évade régulièrement, au Japon notamment, le BBL revient toujours à sa terre d’adoption où la petite vingtaine de représentations annuelles se jouent à guichets fermés, les places partant presque aussi vite qu’un soir à Paléo et se terminant par l’habituelle et inévitable standing ovation.

Puis, le 22 novembre 2007, en pleine préparation de ce qui sera sa dernière création (Le Tour du monde en 80 minutes), le chorégraphe s’éteint, laissant une Lausanne orpheline, mais certes entre de bonnes mains avec la relève de Gil Roman. Béjart était une personnalité attachante et fédératrice qui nous gratifiait d’un grand sourire à la fin de chaque représentation, mais derrière cet homme aux chats, se cachaient une exigence et rigueur hors pair, qualités qu’il insufflait dans des ballets d’une précision et émotion rares. Lausanne, tout aussi exigeante, aimant les choses propres, nettes et sincères, s’est ainsi tout de suite retrouvée dans ces instants de partage et d’émotion.

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Les 30 ans du BBL 

Vous aurez fait le calcul avec tous ces 7…, oui parce qu’en plus d’être né un 1er janvier 1927, 2017 est l’année des jubilés pour la compagnie et ses fans : les 30 ans du BBL, les 10 ans de la mort du Maître et ses hypothétiques 90 ans. 30 ans donc que personne ne manque une représentation, la preuve toutes celles de la Flûte enchantée du mois de juin sont complètes. Alors ne loupez pas le coche pour le mois de décembre, la prélocation ouvrira le 14 juin avec une mise en scène de Marc Hollogne, artiste dont nous vous parlions déjà dans ce billet.

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L’arrêt Riponne du M2 nommé d’après Béjart.

Et cet arrêt de métro dans tout ça ?

La Municipalité manquait-elle d’un nom lors de sa création en 2008 ? Non, c’est juste parce que Béjart habita dans un appartement surplombant la Place de la Riponne avec vue sur la terrasse du Great Escape, moyen donc simple mais efficace de rendre hommage à celui qui a élevé Lausanne au rang de capitale suisse de la danse.

Alors aurez-vous une petite pensée pour lui la prochaine fois que vous boirez une bière sur la terrasse du Great ou lorsque vous prendrez le métro pour rentrer chez vous ?


La Flûte enchantée, Théâtre de Beaulieu, du 14 au 18 juin et les 20 et 21 juin, www.bejart.ch

 

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