Latrine Lover

Latrine Lover

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Ou comment Lausanne offre encore, dans sa grande diversité, des occasions d’élargir le cercle de ses connaissances dans des lieux insolites.

La semaine dernière, alors que je me trouvais à la Cité, je fus prit d’un irrépressible  besoin d’assouvir une fonction biologique vitale, au risque de revivre les sensations connues principalement par les enfants en bas âge et les vieux incontinents.

A ma grande joie, et celle de ma vessie, il y a non loin de la Place de la cathédrale une vespasienne. Alors en principe, je ne suis pas un habitué de ces espaces qui sont des zones de non-droit de l’hygiène mais comme disait Enzo Barboni, “Quand il faut y aller, il faut y aller”.

Me voilà donc entouré d’une voluptueuse odeur d’urine séculaire dans l’exercice périlleux consistant à se déboutonner l’entre-jambe tout en ouvrant le manteau et en tenant la sacoche, aucun objet ou vêtement ne devant entrer en contact avec le sol, les cloisons ou le plafonds de ce lieu d’aisance.

Et ce fut enfin la délivrance, la libération, le soulagement ultime et je profite de rappeler combien on ne vantera jamais assez le bonheur que procure  le vidage de vessie après une trop longue attente de rétention urinaire. C’est seulement à ce moment, quand mon cerveau put reprendre le cour des choses sans se soucier du risque de l’accident humiliant, que je remarquai la présence à mes côtés d’un compagnon de vessie qui, comme moi, trouvait ici le soulagement mérité.

Mettant un point d’honneur à appliquer ma bonne éducation en toute circonstance, et tout en finissant mon affaire, je saluai poliment mon voisin de manière retenue mais pas trop familière non plus, malgré l’intimité inévitable qui unit deux hommes côte-à-côte qui tiennent leur sexe dans la main. Mon voisin donc, probablement beaucoup moins imprégné que moi de ce Protestantisme qui est un des piliers de la société Vaudoise, brisa la glace en me posant une question qui, bien que très à propos vu nos positions respectives, n’en était pas moins surprenante à savoir : «  Tu veux que je te suce ? »

Sur le principe, et comme tous les garçons normalement constitués, une telle proposition, dans l’absolu, laisse entrevoir une finalité somme toute des plus agréable. Néanmoins, dans ce cas précis, mon cerveau s’est réveillé brutalement en répétant plusieurs fois la question pour y apporter la réponse adéquate mais sans arriver à trouver une raison valable pour entrer en matière. C’est donc tout naturellement que je déclinai poliment l’offre, tout en rangeant l’objet du délit dans son écrin de coton.

Alors rétrospectivement il n’y a pas de quoi casser trois pattes à un canard et je ne veux pas jeter la pierre. Qui n’a pas eu des aventures sortant de l’ordinaire, même dans un endroit à l’hygiène douteuse ? Mais quand même, à 10 heures du matin, ce n’est pas un peu tôt, cher Monsieur ?

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