La grève des femmes au CHUV.

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La mardi 14 juin dernier, une myriade de collectifs féministes, d'associations, de syndicats et de partis politiques appelaient les femmes à revendiquer « l'égalité, maintenant ! » et ce dans toute la Suisse, y compris à l'hôpital.

Vingt ans jour pour jour après la dernière grève des femmes, le but de cette journée était bien de  réaffirmer que le combat pour l’égalité ne s’est pas conclu joyeusement et « sans rancune » avec l’arrivée de Simonetta Somaruga, quatrième femme au Conseil Fédéral. De ce fait, en de nombreuses places dans les villes, les institutions publiques ou les entreprises, différentes actions étaient programmées dans le cadre du 14 juin 2011. Le Lausanne Bondy Blog s’est penché sur cette « grève » en allant voir ce qui passait au CHUV. Rappelons que dans le secteur de la santé, il y a en moyenne quatre femmes pour un homme : le grand complexe hospitalier vaudois ne soignerait plus grand monde sans le travail des femmes.

Il aurait été difficile de ne pas rencontrer Geneviève, physiothérapeute et syndiquée au syndicat des services publics (SSP). Cette figure historique du féminisme à Lausanne était déjà là en 1991 et quelques minutes à peine suffisent à sentir son enthousiasme pour la journée qui s’annonce. Ce qu’elle espère c’est « par exemple, qu’après des discussions entre collègues ou copines, des femmes profitent de cette grève et se disent  « On s’y met ! On va faire quelque chose nous aussi » : c’est ainsi qu’on obtiendra notre émancipation ! » 

Dès midi, un pique-nique organisé dans l’herbe devant l’entrée du bâtiment hospitalier ouvre le 14 juin au CHUV. Parmi les présentes, quelques unes sont venues seules, la plupart entre collègues, et certaines en famille. Caroline est « surtout solidaire avec les bas salaires, qui touchent particulièrement les femmes », mais pense aussi « qu’il ne faut pas abandonner les combats que les femmes ont commencés avant nous ».

Lorsqu’on les interroge sur ce qui les touche directement, les violences subies au quotidien sont dénoncées, mais toujours sous anonymat. On me parle du harcèlement sexuel régulier de certains hommes cadres, mais aussi des heures supplémentaires qui s’accumulent sans toujours être payées. Marie, elle, est spécialement choquée par une nouvelle initiative qui veut remettre en cause le droit à l’avortement : « c’est le retour au Moyen Âge » s’énerve-t-elle. Jeanne évoque aussi des difficultés à gérer la double journée : « quand on a fini nos huit heures, tout reste encore à faire à la maison, beaucoup de mes collègues n’en peuvent plus, partent en dépression ou démissionnent. »

Il est midi quarante, l’heure de reprendre le service. Dans l’après-midi, celles et ceux qui ne travaillant pas ou disposant d’une pause plus longue peuvent se rendre à l’une ou aux deux conférences-débats. Celles-ci sont animées par des spécialistes du monde de la santé sur les thématiques du droit à l’avortement et sur la prise en compte du genre dans les soins fournies au patient-e-s. 

Entre ces deux conférences, à 14h06 (devinez pourquoi !) l’occasion n’est pas manquée de participer à un concert de sifflets devant les bureaux de la direction, une action symbolique suivie en de nombreuses places partout en Suisse.

Vers 16h30, une cinquantaine de femmes entonnent quelques slogans et partent en chanson direction place de la Riponne, où Geneviève est attendue pour une prise de parole : « La tâche n’est pas terminée ! C’est maintenant la génération suivante qui va devoir reprendre ce combat pour les droits des femmes et j’espère que cette journée pourra y contribuer ! »

Avant que ne s’élance une manifestation jeune, dynamique et féminisée comme il est rare d’en voir à Lausanne, celle-ci m’avoue cependant ne pas être « pour le moment » au courant d’initiatives de femmes autres que ce qu’elle et ses collègues avaient organisées, contrairement à ce qu’elle espérait en début de journée. Comment l’expliquer ? « La peur de se mobiliser collectivement est profondément ancrée dans les consciences en Suisse. Avec les réductions de personnel dans les différents services, les pressions des chefs, c’est encore plus dur aujourd’hui. »

 

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Gwen

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