La Fête du Slip, eXcitante ?

La Fête du Slip, eXcitante ?

La 4ème édition de la Fête du Slip s'est déroulée ce week-end à Lausanne. Mais en fait, pourquoi aller à un festival des sexualités?

La Fête du Slip (FDS) se tenait ce week-end à Lausanne. L’édition 2016 du festival des sexualités positives qui s’intéresse au corps sous toutes ses coutures et au genre sous toutes ses formes dans l’art de la performance, la musique ou encore le cinéma, a confirmé son succès cette année encore. Ce sont plus de 3400 personnes qui sont venues écouter, regarder, réfléchir à l’un ou l’autre des septante événements proposés au Festival, soit 600 spectateurs de plus que l’an dernier.

Mais finalement pourquoi allons-nous à la Fête du slip ? Est-ce par curiosité, malice, intérêt ou coquinerie ?  En plus, pourquoi y aller avec ses ami.e.s ?

La FDS projette, entre autres, des films pornos, dit-on. Mais est-ce vraiment le bon terme ? Mathilde formule une réflexion à ce propos, dans son article. Nous la rejoignons sur ce point. La pornographie peut être définie par la représentation sous forme écrite, dessinée, peinte, photographiée ou scénographique de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l’intention délibérée de provoquer l’excitation du public auquel elles sont destinées. En partant de cette possible définition, il est intéressant de relever que dans le cadre de la FDS, il y a justement une préoccupation artistique. Le Festival regroupe divers arts depuis la première édition. Les performances et les ateliers (comme celui de teindre les parties génitales) sont la preuve, il me semble, que ce festival n’essaie pas (que) d’exciter sexuellement son public. Les conférences, comme celle sur les normes de beauté, sont certainement là pour ouvrir la thématique et ne pas oublier que tout est normé dans une société, même (ou peut-être surtout) la sexualité. Cela nous amène à l’idée qu’il est possible, quand on en est conscient.e et si on en a envie, de dépasser ces normes et donc parfois nos propres idées préconçues ou nos propres limites.

Peut-être que certaines personnes viennent pour le « cul ». Peut-être que certain.e.s se pensent ou se sentent excité.e.s par ce qu’ils.elles voient. D’autres, comme moi, viennent pour comprendre, découvrir ou connaître d’autres possibles.

Les performances, les films, les conférences nous aident à nous poser des questions sur nos pratiques. Le thème du genre est très présent à la FDS. Les toilettes des divers lieux, par exemple, sont tapissées d’affiche où il est inscrit « All gender ». Les films qui en parlent, dont l’un des films que j’ai vus cette année, Tangerine, peuvent le faire de diverses façons.

Donc, tout n’est pas porno à la FDS. Plusieurs films que j’ai vus depuis toutes ces éditions, n’ont montré à peine qu’un bout de corps. Ces séries de films alternatifs nous exposent à des milieux spécifiques en lien à la sexualité. Tangerine, par exemple, aborde le thème des travailleurs du sexe transgenre aux Etats-Unis. Le film nous plonge dans leur quotidien tout en nous promenant en suivant le fil d’une histoire d’amour tumultueuse (pour un compte-rendu du film, lisez l’article de Florian paru hier).

Ces films, qui finalement pourraient ne pas porter l’étiquette “porno” parce que l’on y voit pas de parties génitales ou parce qu’ils traitent avant tout d’amour, sont quand même présents à la FDS. Mais alors pourquoi ? Est-ce qu’un film qui parle d’amour ne pourrait pas être porno ? Ou est-il plus convenable d’aller le voir entre ami.e.s ? En allant à la FDS, on s’attend à y voir des pornos dans le sens classique du terme avec des nus, des frottements, des sexes, des gémissements et tout l’attirail. Ce que vous pouvez voir aussi à la FDS, d’ailleurs, rassurez-vous. Cela dit, l’amour et le porno ne font pas bon ménage, dans la représentation que l’on a de la pornographie, Et pourtant, à la FDS, il y a des films dits pornos qui parlent d’histoire d’amour diverses. Et des histoires d’amour qui ne sont pas pornos. Mais comme on vous le répète cette année, il n’y a pas que du porno au sens strict du terme (en précisant que s’il n’y avait que des films dits pornos, cela ne serait pas un problème, évidemment. C’est une précision pour vous décrire la FDS).

Au final, c’est tout le Festival qui nous propose de réfléchir différemment aux sexualités. Comme nous le disait l’un des directeurs du festival l’année dernière, il y a certains éléments qu’il faut prendre au sérieux comme le consentement, la santé ou la procréation lors de certaines combinaisons génitales mais il nous confirmait aussi qu’il y a plein de façon de vivre et de pratiquer la sexualité. Ce festival permet à mon sens aussi de rassembler sur cette réflexion. Car finalement le sexe concerne tout le monde, évidemment, qu’on le pratique ou non. Les films et les performances nous rappellent et nous interrogent sur notre corps, sur nos émotions et sur la manière de pratiquer notre sexualité, quelle qu’elle soit. Un festival comme celui-ci nous permet de garder à l’esprit que la sexualité est libre et participative et qu’elle n’est pas ou ne devrait pas être exploitante ou normative.

Et vous, pourquoi êtes-vous venu.e.s à la FDS ? Nous avons posé la question à quelques festivaliers.ères vendredi soir.

 

Fête du Slip 2016-1 from lausannebondyblog on Vimeo.

 

 

Fête du Slip 2016-2 from lausannebondyblog on Vimeo.

 

 

Fête du Slip 2016-3 from lausannebondyblog on Vimeo.

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