En prémices, une couverture médiatique étendue dont la plus marquante a été une séquence au 12h45 qui, grâce à Lucie Blush et quelques images assez explicites, fait rougir. Cela a du chauffer dans les chaumières et cela ne plait pas au conservateur LesObservateurs.ch. La RTS y consacre également deux émissions radiophoniques sur la Première (Vertigo et Tribu) et le quotidien Le Temps balance la sauce avant et après le festival. En bref, tout le monde en parle et le quidam, qui a ri en entendant la première fois « Fête du Slip », sait ce qu’il se passe à Lausanne du 6 au 8 mars.
A l’intérieur
La multiplicité des sujets, la manière de les aborder et les lieux font de la Fête du Slip un festival hybride, entre table-ronde, plateforme en ligne, bouffe et party !

La diversité proposée par le festival se traduit par une prise de parole libérée. La vision positive du sexe est au cœur de la programmation. Dans The Sessions, un film sur l’assistance sexuelle aux handicapés, diffusé au Bourg vendredi et au Pully City Club samedi, les questions de la recherche du plaisir sexuel par des personnes handicapées et du recours à l’assistanat sont abordées de manière plutôt poétique. Cette fiction, éloignée de la réalité suisse même si inspirée d’une histoire vraie, jouit de la qualité de ses acteurs. Cependant, c’est le débat post-projection qui a été le point fort de la soirée du 6 mars. En effet, une diplômée de la formation en assistance sexuelle a répondu aux questions du public relatives à son activité. Un public curieux et intéressé qui s’interroge sur les aspects pratiques et émotionnels de ces rapports. Les réponses de l’invitée sont claires et démystifient l’assistanat sexuel. Le débat s’étend en parlant du droit au plaisir, s’il en est.
Autre exemple de prise de parole exemplaire avec la diffusion du documentaire Le Clitoris, ce cher inconnu. La projection est

organisée au Romandie en partenariat avec le CLACS. Ce docu date de 2004 déjà, mais est encore une révélation pour certains. Le clitoris est en effet un organe très mal connu, pour des raisons de désintérêt historique –la faute à Freud, au patriarcat, etc. Un film hyper informatif qui encourage les femmes à partir à la découverte de leur anatomie. Le documentaire est disponible en DVD mais aussi sur Youtube et devrait être vu par le plus grand nombre. Après cet éclairage essentiel, les filles du CLACS prennent la parole pour mettre à jour les connaissances acquises entre la sortie du film et maintenant. Ce qui marque particulièrement est l’exhortation à parler plus, à apprendre et à éduquer autour du plaisir et de la sexualité, terrains d’émancipations souvent oubliés.
Plaidoyer pour une ouverture

Ces moments forts où les tabous sont levés existent pendant la Fête du Slip, grâce à la Fête du Slip. Cela fait du bien de parler, c’est indéniable. Or, le festival n’est pas encore soutenu financièrement par nos institutions publiques. Si, de prime abord, il parait à beaucoup farfelu de subventionner un évènement « cul », le public devrait avoir maintenant compris qu’il ne s’agit pas d’une partie de jambes en l’air branchée mais d’un espace de discussion et d’éducation à propos d’un sujet qui traditionnellement est traité partout, tout le temps, de manière stéréotypée. Ce discours réaliste et libéré, bien plus utile que le succès de Fifty Shades of Grey ou de la présence de l’anthologique Cinéma Moderne, devrait pouvoir être pérennisé au-delà d’un évènement annuel de trois jours.
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