La chute de la Maison des associations entre rivalités partisanes

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La campagne électorale de mars 2011 n’avait même pas commencé que son influence sur l’adoption de projets municipaux se faisait déjà ressentir. Des projets tels que celui de la Maison des associations peuvent ainsi facilement se faire descendre durant ces temps aux airs de western. Explications.

Au risque de ne pas respecter l’une des règles journalistiques les plus basiques, à savoir avoir un lien avec l’actualité, je m’en vais vous causer d’un sujet qui n’est justement plus d’actualité dans cette période préélectorale. En effet, dans moins de 6 mois ont lieu les élections communales dans tout le canton et les agendas politiques s’en trouvent modifiés, que ce soit légèrement ou plus profondément. Les partis ont développés des stratégies et se profilent pour leur campagne, essayant de ne pas faire de mauvais pas et si possible en laissant traîner un pied dans la ligne de course de l’adversaire. Pour ces raisons de stratégie, certains objets politiques peuvent devenir des boulets lors du sprint final. Il est alors de bon sens d’essayer de s’en débarrasser. Le projet de Maison des associations à Lausanne fait partie de cette catégorie.

La chute du projet de Maison des associations

Suite à diverses demandes du Conseil communal, la municipalité a lancé un projet de Maison des associations. La motion Gilliard (2001) demandait de créer une Maison des associations dans le but de soutenir le monde associatif lausannois particulièrement dense en mettant certaines infrastructures à disposition. La motion Meystre (2006) demandait de faire une étude concernant les besoins en terme de salles auprès des sociétés locales et le cas échéant de proposer un projet y répondant. L’interpellation Ruiz (2007) souhaitait obtenir des informations sur le logement du monde associatif à Lausanne. Et finalement le postulat Philippoz (2008) souhaitait valoriser le bénévolat et la vie associative à Lausanne au vu des plus de 1500 associations ayant des comités bénévoles.

La municipalité a donc planché sur un projet de maison des associations qui devait mettre à disposition un lieu polyvalent et convivial qui associe un soutien technique et une offre infrastructurelle. Il devait permettre aux associations de se réunir et d’organiser des activités, tels que des spectacles, des conférences ou des lotos. Une maison offrant des salles de réunions et de conférences ainsi qu’une grande salle polyvalente devaient donc voir le jour. Le centre d’appui à la vie associative, l’association AVEC financée par le canton, était prédestiné à gérer le projet tout en proposant ses services au monde associatif. Un lieu situé au centre-ville et disposant d’espaces sous-exploités avait même été proposé. Pourtant, le projet meurt le 29 juin 2010 au Conseil communal avant même la publication d’un avant-projet. En effet, le Conseil communal a adopté un amendement par 43 voix contre 30 et 13 abstentions rejetant des crédits permettant au propriétaire de l’immeuble de réserver le lieu pour la Maison des associations au lieu de le destiner à un promoteur privé. Le montant demandé était de 80’000.- CHF, un montant relativement faible au vu des investissements prévu au budget 2010 (173 millions). Mais alors que s’est-il passé ?

Les raisons électorales de la gauche et les craintes de la droite

En fait, à y voir de plus près, les élections de 2011 se sont associées à la peur de la droite de voir la Maison des associations au centre de l’influence de la gauche. Le projet devait voir le jour à la Maison du peuple, une propriété du Cercle ouvrier lausannois (COL). A la base, la fondation du COL avait pour but de fournir des lieux de réunion, un café-restaurant et des logements à la population ouvrière et aux organisations syndicales. La Maison du peuple est ainsi diabolisée par la droite comme étant un bastion de la gauche. Pourtant même si actuellement, elle abrite les bureaux du PS, du POP et du syndicat UNIA, elle propose des salles de différentes tailles à un public très large et s’est diversifiée en abritant notamment le restaurant Movida, le bar Pocco Locco et un cabinet de médecine générale. Or, depuis la fermeture du cinéma Eldorado, le COL cherchait à rentabiliser ses infrastructures et ses espaces sous exploités. Des propositions ont même été faites par des privés afin d’y installer une discothèque. L’idée d’y loger une Maison des associations leur semblait pourtant plus pertinente.

Lors du vote du 29 juin sur les crédits additionnels au projet de Maison des associations, la droite s’est donc offusquée envers ce qu’elle estimait être un cadeau offert aux camarades de la gauche. En effet, le président du COL et le municipal chargé du projet sont tous les deux socialistes. La droite a ainsi demandé une véritable étude de l’état des lieux disponibles à Lausanne afin de démontrer que seul le COL pouvait correspondre aux exigences du projet. Au niveau politique, c’était de bonne guerre et une relative improvisation de la part de la municipalité a facilité la tâche des opposants au projet. Cependant, l’argument a des aspects des plus fallacieux. En effet, au centre-ville de Lausanne, il semble très improbable de pouvoir espérer trouver les mêmes espaces que ceux du COL. La demande de la droite est astucieuse mais quelque peu hypocrite. Elle questionne leur véritable volonté de mettre en place une maison favorisant les synergies entre associations. De plus, si la peur de voir le monde associatif être sous l’influences de la gauche peut être compréhensible et justifier des freins au projet, le fait d’avoir une association cantonale qui gère l’ensemble de l’immeuble destiné à la maison des associations et donc qui rend des comptes à un canton dont la majorité est détenue par la droite aurait pu être une véritable garantie contre la crainte de ce type de dérive.

Finalement, si la majorité de la gauche avait voulu faire passer sa proposition en force, elle aurait pu le faire. Néanmoins, il est possible d’imaginer qu’une partie de la gauche ait voté en faveur du rejet du crédit demandé et donc du rejet final de la Maison des associations afin de ne pas mettre en doute leur propre probité avant la campagne électorale. Par ailleurs, la possibilité de manœuvres partisanes entre les différents acteurs de la gauche au Conseil communal lausannois n’est pas non plus à exclure. Il est également possible d’imaginer qu’il y avait un certain nombre de craintes face à la votation concernant la suppression de l’impôt sur le divertissement (voir post du 25 septembre). Toutefois, la question de savoir si cette tactique était pertinente reste difficile à évaluer. Il n’y a cependant pas de raison de déresponsabiliser les partis de gauche dans l’échec du projet. En effet, une chose est sûre, une gauche désunie et partisane a permis la chute de la Maison des associations.

La maison des associations à Chauderon, une occasion manquée ?

Le jeu partisan ne permet pas de se faire des cadeaux en période électorale. Chaque parti vise ainsi à renforcer sa position au détriment de ses adversaires politique, même s’ils sont du même bord, mais parfois cela se fait également au détriment de projets pertinents. La société civile lausannoise doit de la sorte attendre la fin de la campagne avant de pouvoir espérer voir ces projets se réaliser. En ce qui concerne la Maison des associations, il est à espérer que le projet renaisse de ses cendres et que l’espace proposé à Chauderon ne soit pas juste une occasion manquée, les besoins sont là, une majorité des associations lausannoises le confirmeront.

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Sébastien

3 Responses

  1. Avatar
    lucas
    | Répondre

    p se dessin de maison il pourais etre mieux que sa quand meme.

  2. Avatar
    Sara An
    | Répondre

    Quelle pertinence ! Heureusement qu’on écrit plus qu’on ne dessine 😀

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