La chronique onirique de Page – Episode 50

Posté dans : Feuilleton 3
Bienvenue dans ce petit coin de Toile. C'est la cinquantième chronique. Vous savez ce qui vient après.

Une année de chroniques, c’est une année de désir. Désir de partager des instants, parfois brumeux, parfois terribles, parfois d’un surréalisme affirmé, parfois d’une banalité confortable. Désir de transmettre un message, le plus honnêtement possible. Désir de donner à penser, de se faire entendre, de rencontrer, au détour d’un message, des esprits. En vérité, pour ne pas trop se monter le bourrichon non plus, c’est avant tout un désir de raconter des bêtises et d’avoir une petite chance d’avoir des vrais gens qui les lisent. Ce n’est pas rien, mais ce n’est pas grand’ chose. L’un dans l’autre, tout ça nous a permis de construire non pas une chronique de Page, mais plusieurs Pages qui racontaient chacune leurs bêtises, à leur manière. Alors, histoire de terminer dignement cette petite année de thérapie non seulement écrite mais aussi – ce qui ne gâche rien – gratuite, rassemblons les différentes Pages de l’année pour un « au revoir » en bonne et due forme. Alors, avant que l’on se quitte, installez-vous confortablement, respirez profondément, et, une dernière fois avant 2011, laissez la Page vous emmener dans ses petits coins.

Dramatis Personae :

Le Scientifique :
« Cette année, nous avons eu matière à nous moquer des animaux de plusieurs manières. Entre les singes pyromanes, les abeilles cocaïnomanes, les crapauds qui permettent de détecter les tremblements de terre, et les pieuvres qui se promènent avec des noix de coco sous les bras – sans parler de la découverte que les bisous sont l’ancêtre soft des vaccins et que le premier apéro géant aurait eu lieu en 12’000 avant J.C. – on en aurait presque oublié la dramatique extinction du Point G – heureusement la Science veille, et il semblerait avoir été retrouvé depuis par de braves hommes et femmes, pas nécessairement en laboratoire, d’ailleurs. L’année prochaine, nous découvrirons sans doute que les girafes savent calculer des intégrales, que les marmottes organisent une rave dans la montagne et que c’est pour ça qu’elles hibernent si longtemps. Personnellement je m’en réjouis d’avance. Maintenant, je dois vous laisser, j’ai quelques expériences à mener en anatomie appliquée. La Science n’attend pas. »

Le Conteur :
« Il était une fois une fin d’année qui avait la courtoisie de tomber un 31 décembre. Après des tas de péripéties que l’approche des fêtes et son cortège de coupes de champagne m’empêchent présentement de relater de manière suffisamment cohérente, ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants (vous voyez, chère rédactrice en chef, même moi, je suis capable de faire court, quand on me paye un verre de Champagne). »

Le Cynique :
« Je me suis remis en couple avec l’Humanité. Mais j’ai décidé d’être plus moi-même, voyez ? Quand elle me saoule trop, je mets mes bouchons dans les oreilles, j’arrête de l’écouter, je change de pièce. Elle, elle va fêter la fin de 2010 ; j’irai pour ma part vomir mon foie gras poêlé sur sa dépouille encore tiède, le premier janvier. Un partout, balle au centre. Ah, et Joyeux Noël, tas de consuméristes imbéciles ! J’espère que vous ne vous étranglerez pas sur un os de dinde ! »

Le cannibale :
« Quelqu’un reveut du gigot ? »

L’eschatologue :
« On y est presque ! On y est presque ! Je sais que la dernière fois on y était déjà, mais cette fois, je le sais, je le sens, c’est la bonne : 21 mai 2011 en force ! Fin du monde et puis c’est tout. Ca fera 100 francs ma bonne dame, pour nos bonnes oeuvres. Allez bisous ! »

Les pigeons :
« Rou ! Rou ! Et demain, le MONDE ! »

Le mari de la cantatrice :
« J’étais caché dans le grenier depuis le début. LOL ! »

Le prof de français :
« Dire au revoir, ça me fait penser à une expression que j’aime bien : avoir le coeur gros. On sent le coeur qui peine, qui frôle les côtes en s’essoufflant, qui cogne dans la poitrine comme le glas sans vie d’une cloche brisée actionnée par le vent qui souffle dans un campanile à l’abandon. Le coeur qui fait des efforts mais qui n’a pas la place de respirer, qui vous secoue, qui vous fait vous sentir lourd.e et pataud.e. Le coeur, finalement, est la seule partie du corps qui ne grossit que lorsqu’on le prive de douceur. A défaut de rasséréner ceux et celles d’entre vous qui sont en proie au vague à l’âme, c’est suffisamment joli pour vous occuper un peu l’esprit. »

Le couple d’après le séisme :
Lui : « C’est encore loin, Lausanne ? »
Elle : « Encore 50 kilomètres. Embrasse-moi. »

Les d…
« Hé ! Hé ! Et nous, alors ?
-Tu pouvais pas le laisser finir sa phrase ?
-C’est bon, là, c’est à nous maintenant.

Comme j’allais justement le dire – Les deux inséparables :
« OUAIS ! C’est à nous ! Je voudrais avant tout remercier ma Maman et mon Manager, sans qui rien n’aurait été possible.
-Ah bravo. En plein dans le gros cliché. Je te signale qu’on était censé lire le script. Celui avec des vrais remerciements et tout.
-Ah ouiiii, je me rappelle. J’peux commencer ?
-Non. Hors de question. Non, non, nenni, certainement pas, n’y pense même pas. Ca fait trois chroniques que tu commences avec tes réflexions idiotes, c’est mon tour. Alors avant toute chose, un grand merci et bravo à l’équipe du Lausanne Bondy Blog pour l’accueil, l’ouverture d’esprit, et les lundis soirs.
-L’illustration de la chronique, ainsi que ses nombreuses variations chromatiques, sont dues à l’immense talent du sympathique et néanmoins fort viril Ynkaba.
-Lis le texte, va, tu sais bien comment ça finit quand tu improvises. Le soutien psychologique et le service de presse ont été assurés par Mme Céline S. Le service traiteur a été délicieusement réalisé par l’excellent Régis T.
-Les commentaires pointus et pertinents ont été gracieusement offerts – pour certains dans une syntaxe approximative, mais je ne citerai pas de noms – par Mmes Elsa G., Françoise T., Wendy L., Gabrielle T., et par MM. Joel T., Etienne D. et Yannick R. – ainsi que les autres – dont l’enthousiasme et le talent n’ont d’égal que la troublante sensualité.
-Les cascades et le dressage des animaux ont été réalisées par Mmes Vanessa M., Jenny R., Marilyn V., Ludivine C., Nahema G., et Katya B.
-L’éclairage et les effets spéciaux sont dus au hasard, hasard savamment guidé cependant par les divinités bienveillantes d’Ouchy – dont il n’est pas sage de prononcer le nom une fois la nuit tombée.
-La caution morale et la rigueur janséniste ont été apportées par la talentueuse Valérie B. (malheureusement, elles ont été égarées le lendemain, d’où leur absence dans la présente chronique).
-Les questions techniques sur les paraphilies et sexualités alternatives, par contre, on ne va pas dire qui c’est – suivez mon regard.
-Oui, bon, enfin bref, je crois que cette fois-ci c’est tout. Il ne nous reste donc plus qu’à ramasser nos cliques, nos claques, et nos perversions respectives (j’aurais des choses à raconter sur les tiennes, mon p’tit père, mais ça attendra l’année prochaine), à vous remercier pour votre enthousiasme (pour ne pas dire votre indulgence), et à vous souhaiter à tou.te.s une bonne fin d’année. »

Les Pages se dressent soudain sur la scène, en éventail. Elles se penchent un peu pour voir qui les a regardées pendant cette petite performance. Et, après un salut en bonne et due forme, les Pages se retournent, et s’envolent doucement au-dessus des rues de Lausanne.

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3 Responses

  1. Avatar
    Mum48
    | Répondre

    Final… provisoire j’ose espérer, magnifique !

  2. Avatar
    ElsaG.
    | Répondre

    En effet, beau final! Une belle rétrospective qui donne envie de lire la suite des chroniques l’année prochaine!

  3. Avatar
    B.
    | Répondre

    J’ai tardé à lire ce dernier article et je regrette!
    C’est une bien belle histoire que tu as racontée au fil des épisodes et j’espère te retrouver aussi vif cette année avec de nouvelles idées!
    J’aime.

    Tous les encouragements d’un habitant d’Ouchy désirant rester incognito.

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