La chronique onirique de Page – Episode 4

Posté dans : Feuilleton 3
Bienvenue dans ce petit coin de Toile. Mon nom est Page. Parce que parfois vous écrivez sur la page et, aujourd'hui, la Page écrit sur vous. Ceci est son domaine.

Cette semaine, nos sérendipités seront d’humeur festive et familiale. Votre Page vous souhaite une excellente (et onirique) année.

Famille(s)

Ces deux semaines de Fêtes, que l’on y croie ou non, que l’on pense qu’un quelconque barbu passe de maison en maison, ou a été mis au monde il y a quelques années, ou que l’on ne profite, comme Page, d’une période habituellement réservée au recueillement spirituel pour faire bombance en bonne compagnie, sans soucis, puisque tout ferme et tout devient blanc et vaporeux, il semble de bon ton de réfléchir un peu sur ce que signifie la famille.

La famille, c’est tout d’abord les plus proches, qui vous ont vu naître, qui vous connaissent par coeur et qui ont fait de vous qui vous êtes, que ça leur plaise ou non, qu’ils le remarquent ou pas. Ce sont ceux qui seront là, par définition, que ça vous plaise ou non, jusqu’au moment où vous n’y serez plus. Ce sont ces gens qui nous sont liés par des rapports de sang – peu importe ce que ça veut dire -, et que l’on retrouve de temps en temps au détour d’une fête, et dont on sait qu’on les retrouvera chaque fois avec le même plaisir, année après année, “Tiens, tu as changé de coupe de cheveux ?”, et c’est reparti. Avec ceux-là, on voyage dans le temps : Les années de séparation se changent en jours (qui les compte ?) ; les jours, en éternités de souvenirs. Il y a celui qui rit bêtement quand il a bu un verre, qui n’a que ces moments pour se détendre un peu. Il y a celle qui se montre tout entière, qui cherche à prouver à tout.e.s combien elle vaut. Il y a celui, philosophe, qui observe mais ne dit rien. Il y a celle qui arrive tout juste, qui découvre tout ça, à mi-chemin entre la terreur la plus totale et l’acceptation complète et amusée de tout ce petit monde qui tourne autour d’elle.
Mais la famille, c’est aussi les autres, ceux qui peuplent notre vie de tous les jours. Ce sont les gens qui sont toujours là, chaque fois qu’on est triste, chaque fois qu’on est heureux, aussi, surtout. C’est cette fille dont on sait exactement quoi lui dire pour lui faire pousser un “heyyyy”, en toute circonstance. C’est ce philosophe laconique, qui se paye vingt bornes en voiture à travers le brouillard pour accompagner ses amis un soir de déprime, sachant très bien qu’il doit rentrer et qu’il n’aura droit qu’à un seul Daïquiri Banane alors que ses camarades vont finir sous la table. C’est cette charmante personne qui crie “Chaud ! Chaud ! Chaud !” pour gonfler à bloc ses camarades de soirées, même lorsque les corps sont fatigués, et les esprits moins enfiévrés qu’au crépuscule, quand la nuit semblait pleine de tant de possibilités. C’est cette autre, qui prononce votre prénom en allongeant systématiquement la dernière syllabe pour vous signifier à quel point elle est contente de vous voir (“Gertruuuuuuuuude !”, “Sigismooooooooooooond !”). C’est le vieux pote qui n’en finit pas de nous surprendre malgré dix ans de presque vie commune, à se raconter tous nos tours, tous les jours. C’est cellui qui vous confie un rôle dans l’éducation de son premier bébé, cellui qui veut absolument vous voir à son mariage. Ce sont ces vieux compères, ces vieilles copines, qui ne changent pas depuis quinze ans qu’on les connaît, tout juste un cheveu blanc, une bedaine un peu plus prononcée, ceux, celles, qu’on connaît par coeur… Et finalement, ce sont aussi les gens qui en feront bientôt partie, de cette famille, le collègue rencontré un jour et à qui on a décidé de rendre service, juste pour voir, et avec qui on devient ami.e instantanément. Les gens qui nous entourent, au bureau, à l’école, dans son immeuble, dans son quartier. Nos professeur.e.s, nos confesseur.e.s, nos confident.e.s pour la vie ou pour un soir. Cellui qui va nous faire découvrir son petit monde, sa musique, sa folle jeunesse, ou qui aura une gentille pensée pour nous un jour où l’on se sent seul.e. Ce sont les lectrices, les lecteurs de Page, qui se retrouvent une fois par semaine pour prendre de ses nouvelles.
Enfin c’est toi aussi, qui a toujours été là pour Page, qui souffres auprès des tiens, et à qui Page pense, parce que même quand tout le monde devrait être au chaud en famille, parfois certains s’en vont. A toi que les Fêtes n’ont pas gâté cette année, je dédie cette chronique. En espérant que ces quelques mots t’apporteront un petit peu de réconfort.

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3 Responses

  1. Avatar
    Zaëlle
    | Répondre

    C’est tout bête mais c’est vraiment beau. J’en ai les larmes aux yeux…

    • Avatar
      Page
      | Répondre

      Bonjour. Bienvenue. Et merci.

  2. Avatar
    JM
    | Répondre

     je viens de temps en temps relire tes anciennes chroniques… et forcément, celle-ci me touche toujours énormément…

    merci encore… 

    bisous

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