La chronique onirique de Page – Episode 25

Posté dans : Feuilleton 1
Bienvenue dans ce petit coin de Toile. Mon nom est Page. Parce que parfois vous écrivez sur la page et, aujourd'hui, la Page écrit sur vous. Ceci est son domaine.

Cette semaine, nos sérendipités seront composées d’un résumé de l’épisode précédent, d’un autre résumé de l’épisode précédent, et de l’épisode deux du conte de la princesse mauresque qui, contrairement à ce que Page avait promis la dernière fois, ne sera pas encore le dernier. Néanmoins, asseyez-vous confortablement, respirez, et laissez la Page vous emmener dans ses petits coins.

Résumé de l’épisode précédent :

C’est une époque de guerre civile. À bord de vaisseaux spatiaux opérant à partir d’une base cachée, les Rebelles ont remporté leur première victoire sur le maléfique Empire galactique. – Ah, non, ça, c’est le script que Page a envoyé à Hollywood il y a quelques années… Ils doivent rappeler depuis un peu plus de trente ans, d’ailleurs… Ils doivent être occupés.

Résumé de l’épisode précédent (mais le vrai) :

Le Roi et la Reine, à force de persévérance – et d’un petit peu d’aide extérieure, ont enfin réussi à réaliser leur rêve d’être parents (enfin raconté comme ça c’est un peu nul, dans la vraie chronique il y a plein d’autres trucs qui se passent mais là Page n’avait pas la place, alors ille a fait au plus court pour ne pas trop trop perdre de temps et vous ennuyer avec d’oiseuses considérations qui ne vous intéressent sans doute que de loin, voire pas du tout).

Aïcha, ou le conte de la princesse mauresque (suite) :

Le Roi riait encore de la fort bonne affaire qu’il avait réalisée avec le petit homme à la peau sombre lorsque la Princesse naquit. A sa vue, comme parfois le brouillard vient ruiner une belle journée, son humeur s’assombrit un brin, et son dernier éclat de rire résonna dans sa gorge comme un hoquet de consternation. La petite Princesse était un fort beau bébé, comme on en voyait d’ailleurs des dizaines occuper les landaus du château, à un petit détail près : sa peau, loin d’être d’albâtre comme celle de sa mère (avant les traitements) ou d’une noble couperose comme celle de son papa, avait un ton de quelques degrés plus sombre, n’étant pas sans rappeler celle du petit homme qui était si prestement parti, son devoir accompli. D’un regard un tantinet accusateur, il interrogea sa femme, qui haussa subrepticement les épaules en lui faisant un clin d’oeil. On déclara que la Royal Couple avait reçu l’aide magique d’un sympathique vieil homme muet dont la rumeur disait qu’il était un peu magicien sur les bords, on lui remit son poids en rubis (il était frêle, il ne pesait pas bien lourd…), et on lui suggéra de s’en aller profiter de sa nouvelle fortune dans un lointain pays, préférablement au-delà d’au moins une mer ou chaîne de montagne peu praticable. Ce qui prouve que même en ces temps anciens, la discrimination positive envers les handicapés n’était pas seulement un prétexte commode pour faire des économies…

Puis on organisa le baptême de la Princesse, que la Reine avait décidé, par lubie sans doute, d’appeler Aïcha. Lorsque les villageois aperçurent la princesse pour la première fois, il y eut bien quelques uns pour commenter sur le ton de peau si particulier de la princesse, auxquels on répondit sèchement que la magie, c’était la magie, et puis aussi vous avez  vu le garde comment il a une grosse épée, enfin moi j’dis ça, j’dis rien, c’est quoi votre nom déjà ? Et ce fut tout. La foule en liesse cria au miracle – d’une voix certes un peu forcée, et on ne fit plus aucune allusion au tein de la princesse. On fit venir du Royaume des Elfes les trois inévitables marraines fées, qui devaient contractuellement se pencher sur le berceau de tout enfant royal pour lui donner les deux qualités et la malédiction réglementaires, les deux premières devant l’aider à surmonter la troisième dans une histoire édifiante qui en ferait une Reine égale de tempérament et de sagesse. Malheureusement, les fées envoyées étaient un peu novices et la première, d’enthousiasme, déclara que la princesse serait à la fois « belle, intelligente, sage, et douée de ses mains », ce qui ne laissait plus à la deuxième énormément de choix… Après une période de réflexion, celle-ci finit par déclarer d’un ton blasé : « Oui, oh ben, pfff, par exemple, euh… Elle aura le sens de l’orientation..? », ce qui, non content de manquer en soi d’un certain panache, fut de plus accompagné d’un discret coup de pied. Quant à la troisième, qui était un peu plus expérimentée que ses consoeurs, elle déclara : « Un jour, elle se piquera le doigt avec une aiguille et sera instantanément pétrifiée à jamais.

-Jusqu’à ce qu’un Beau Prince..? s’enquit une douairière romantique.
-A jamais, l’interrompit la fée.

Le Roi s’approcha, un peu perplexe… « Madame la fée, gente dame, ayez pitié, je vous prie, de notre petite Princesse. Si elle est pétrifiée à jamais, elle ne deviendra jamais la Reine sage et de tempérament égal que vous devez contractuellement livrer à notre bon peuple. Pas de Prince Charmant ? Rien du tout ? Ce n’est pas très juste. Incidemment, vous avez vu le garde comment il a une grosse épée, enfin moi j’dis ça, j’dis rien, c’est quoi votre nom, déjà ? »

La fée soupira. Il fallait toujours laisser aux gentils la possibilité d’échapper au mauvais sort. Pragmatiquement, ça lui avait toujours semblé stupide. « Entendu, mon Sire. Disons qu’un jour – elle réfléchit un instant, cherchant un mot improbable – un jour un Belge Charmant pourra la libérer du sortilège. Mais il devra lui composer une ode, et il y a intérêt à ce qu’elle soit bien. Et puis ça prendra du temps. Et puis il faudra inventer la Belgique, avant. Et paf dans vos faces ! » conclut-elle avant de disparaître dans un nuage d’une fumée âcre et verdâtre. La populace applaudit à tout rompre la prestation de la troisième fée – ce qui prouve que, même en ces temps anciens, il suffisait de mettre quelques effets spéciaux sur une suite de clichés éhontés pour mettre tout le monde d’accord.

Le Roi et la Reine, le soir même, prirent deux décisions cruciales. La première fut d’interdire les aiguilles dans tout le Royaume – ce qui allait avoir de terribles conséquences sur le monde de la mode. La seconde fut d’envoyer les meilleurs ingénieurs de la contrée vers le Nord pour qu’ils y inventassent la Belgique.

Pris.e de court par tous ces retournement de situations, Page doit hélas interrompre son récit. Mais revenez la semaine prochaine pour la suite (et fin) de cette fort tragique histoire. Ca vous fera quelque chose à attendre, maintenant que vous avez downloadé (c’est mal) le dernier épisode de Lost.

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  1. Avatar
    etienne_doyen
    | Répondre

     
    La suite, la suite !!

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