Ivan S: “Un mot d’ordre: profiter”

Posté dans : Politique 3
Ivan S. passe aux aveux. L'immonde violeur livre à notre blogueur une interview choc.

C’est non sans une certaine appréhension que je rencontrai dimanche matin dans un bistro lausannois l’homme par qui le malheur arrive, Ivan S. Le violeur sanguinaire qui égaie nos journées de son air goguenard depuis plus d’un mois sur les affiches de la campagne UDC me met cependant très vite à l’aise et l’interview commence dans une ambiance bonhomme et joviale.

YM: Ivan S., bonjour. Alors, violeur et bientôt Suisse?

Ivan S: Lol. Oui, ça semble bien parti. Je touche du bois en tous cas! (Il touche du bois)
YM: Pourriez-vous nous raconter un peu votre parcours?
Ivan S: Oui, bien sûr!
YM: …
Ivan S: …
YM: On vous écoute!
Ivan S: Ah pardon. Et bien je m’appelle Ivan S. J’ai 41 ans. Je viens des “pays de l’Est” et comme vous avez pu le voir sur certaines affiches d’un parti politique dont je suis l’égérie, je suis violeur.
YM: Hmm… Pourriez-vous développer ce dernier point, il semble important.
Ivan S: Absolument!
YM: …
Ivan S: …
YM: Donc?
Ivan S: Ah! Heuh… Et bien ma foi, je viole. Que dire de plus? Je me résume à violer. Aussi loin que je puisse me rappeler, j’ai toujours été violeur. Voyez-vous, nous autres, les gens des “pays de l’Est”, sommes issus de la race des “pays de l’Est”, qui est une race connue pour sombrer facilement dans la délinquance. C’est dans nos gênes, en somme. Tout petits, la plupart d’entre nous se voient imposer le choix d’une spécialité afin de “canaliser” notre propension à commettre des crimes et de développer une certaine “expertise” dans un domaine précis.  Nous évitons ainsi de nous éparpiller. Beaucoup choisissent les délits contre la propriété ou le trafic de drogues, mais certains, comme moi, choisissent le viol. Ensuite, nous sommes envoyés de par le monde pour faire régner terreur, chaos et désolation.
YM: Un peu comme les Orques dans “le Seigneur des Anneaux”?
Ivan S: (Rires) Un peu oui. Les “pays de l’Est”, c’est un peu le Mordor de l’Europe. D’ailleurs Tolkien adorait les baklavas!
YM: La communauté scientifique affirme que la criminalité n’est pas une affaire génétique et que les corrélations que l’on peut trouver entre la délinquance et le fait d’être immigré dans un pays sont liées à d’autres variables se rapportant à la précarité. A tort, si l’on vous suit?
Ivan S: A tort-larigot, oui. Et l’UDC l’a bien compris en me prenant comme exemple. Voyez-vous, je suis violeur, cela n’a aucun lien avec ma survie. Pour tout vous dire sans en dire trop, j’habite dans les hauts de Chailly, j’ai une situation financière excellente et je suis heureux en amour. Non, si je viole, c’est parce que je suis méchant. Et c’est aussi le cas des cambrioleurs, des escrocs et des trafiquants issus des “pays de l’Est”!
YM: Vous semblez presque admettre le bien-fondé de l’initiative et du contre-projet soumis au peuple le 28 novembre, du point de vue suisse en tous cas… N’avez-vous pas un rôle quelque peu ambivalent?
Ivan S: Je ne connais pas ce mot. N’oubliez pas que, même dans leur propre langue, les gens des “pays de l’Est” ne sont pas très cultivés. Pourriez-vous reformuler cette suite de vocables afin de recréer en moi l’émoi oublié d’une question correctement appréhendée?
YM: Bien sûr!
Ivan S: …
YM: …
Ivan S: Allez-y!
YM: Ah d’accord! Vous êtes vous-même visé par l’initiative et nous avez avoué espérer qu’un double non sorte des urnes en tout début d’interview. Or, vous semblez presque encourager le peuple suisse à voter en faveur de l’initiative…
Ivan S: Oui, oui, je vois bien où vous voulez en venir, mais je crois que vous oubliez quelque chose, Yann. Les gens des “pays de l’Est”, et d’une manière générale toutes les personnes qui vivent en dehors du monde occidental, ont un seul mot d’ordre: profiter. Nous profitons sans arrêt, nous sommes comme ça. Nous profitons de vos systèmes politiques, de vos subsides, de vos assurances, de vos impôts, de votre gentillesse laxiste… Moi, par exemple, je profite de vos femmes et des largesses de votre code pénal et j’en suis très épanoui. Même si je pense que nous méritons amplement d’être puni deux fois automatiquement, je serais fou de ne pas espérer un rejet de l’inititative!
YM: Parlons-en, de cette double peine à l’égard des étrangers. Vous la trouvez justifiée?
Ivan S: Comme je vous l’ai dit plus tôt dans cette conversation, la réhabilitation d’un étranger, en particulier des “pays de l’Est”, est une véritable utopie. On ne guérit pas quelqu’un de naturellement mauvais. Vous autres, Suisses, pouvez encore changer puisque ceux d’entre vous qui ont quitté le droit chemin l’ont fait pour des raisons sociales, comme un papa et une maman qui divorcent ou les jeux vidéos violents. Amendez-vous vous-mêmes! Donnez-vous les moyens! Nous, Yann, nous sommes indécrottables. Partant de ce constat, nous punir une première fois en Suisse pour nous embêter un peu et nous faire regretter d’avoir profité, puis nous renvoyer dans notre pays d’origine afin de nous neutraliser définitivement semble être la moindre des solutions. Moi je suis tenant de la peine capitale, mais bon, c’est un autre débat!
YM: Et on vous donnera certainement l’occasion d’en reparler d’ici un ou deux ans! A quoi doit-on s’attendre si l’initiative est rejetée?
Ivan S: Pluies de feu et de pierres tombant du ciel, rivières et mers se mettant à bouillir, quarante ans d’obscurité, tremblements de terre, volcans, morts se relevant de leurs tombes, sacrifices humains, chiens et chats couchant ensemble, hystérie collective…
YM: L’Ancien Testament… L’Apocalypse?
Ivan S: Non je déconne, mais soyez sûrs que les changements seront visibles puisque nous, comprendre “les habitants des pays de l’Est”, prendrons un refus de l’initiative pour une invitation définitive à venir – et c’est là que j’aimerais citer une phrase très chantante que j’ai entendue au hasard d’un comptoir l’autre jour – “foutre la merde alors qu’on est même pas chez nous”. J’ai moi-même prévu d’offrir le voyage à quelques uns de mes amis violeurs. Comme nous fonctionnons mieux en guilde, je pense que nous pourrons nous réorganiser afin de couvrir un plus grand territoire et commettre des viols en série avec un peu plus de style et un peu moins de scrupules que ce que j’arrivais à faire tout seul.
YM: Ivan S. merci d’avoir joué franc-jeu sur la menace que vous représentez. Maintenant, le peuple suisse sait. Voudriez-vous rajouter quelque chose?
Ivan S: J’aurais préféré que le journaliste soit une femme! (Rires)
YM: (Rires) Et on le comprend!


Rajout du lundi 22 novembre:  Il me semblait aller de soi que l’ironie transpirait des propos de cette interview (ainsi que son caractère fictif, d’ailleurs, Ivan S. étant une invention de l’UDC) mais il peut être utile tout de même, comme il me l’a été fait remarquer, de mentionner qu’il s’agit ici bel et bien d’une caricature absurde de l’étranger tel qu’il me paraît dépeint par le parti déjà mentionné entre parenthèses. En espérant que ceux qui n’auraient pas su s’y retrouver se voient rassurés et que ceux qui auraient pu trop s’y voir se retrouvent déçus.

Yann Marguet

3 Responses

  1. Avatar
    Anonyme
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     Du Bondybloggage au sommet de son art. JeanneMargué, vous êtes tout simplement juste et je vous salue.

  2. Avatar
    inso
    | Répondre

    Héhé ça m’a bien fait rire… à lire, l’interview de Alexander Segert, publicitaire pour l’UDC, dans les inrockuptibles de cette semaine… Il me fait étrangement penser à Ivan S.
    A+

  3. Avatar
    inso
    | Répondre

    Héhé ça m’a bien fait rire… à lire, l’interview de Alexander Segert, publicitaire pour l’UDC, dans les inrockuptibles de cette semaine… Il me fait étrangement penser à Ivan S.
    A+

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