C’est par un beau matin de Mai que je suis arrivée dans la Ville des villes, comme la surnommaient les anciens. Il a fallu peu de temps avant que je puisse me rendre compte de l’ampleur du projet : comment allais-je bien pouvoir traduire et relater ce mélange d’émerveillement, de surprise et de curiosité qui m’envahissait ? Dès lors, j’ai pris en main mon calepin (fraîchement acheté pour l’occasion), afin de ne pas perdre une seule miette des dizaines de sensations, émotions et idées différentes qui parcouraient mon esprit.
Elle ne ressemble à aucune autre cité. Est-ce banal de le dire ? Sa situation géographique, sa culture métissée et son histoire millénaire, font d’elle, avec plus de 13 millions d’habitants, une ville unique qui rivalise parfaitement avec les plus grandes capitales du monde, sans pour autant en être une. En effet, s’il est utile de souligner une chose concernant la Perle du Bosphore, c’est qu’elle sort de tout cadre prédéfini. Elle n’entre dans aucune catégorisation et ne peut être cataloguée sous aucun index. Elle ; grande, majestueuse et complexe, est unique en son genre.
Avant même d’arriver à Istanbul, j’étais déjà conquise par la culture et les traditions turques. Mon œil de fausse-lausannoise ne pouvait de ce fait pas rester objectif mais j’ai tâché de faire de mon mieux. Depuis l’aéroport et tout de suite après dans la voiture, je n’ai pu détacher mon regard du paysage. Une étendue de zones industrielles, de quartiers gratte-ciels, de nouvelles résidences et zone verdoyantes, tous et toutes traversés par une bretelle d’autoroute fort trafiquée.
Des arbres, un pont, du béton et puis encore des arbres, quelques maisons, des fleurs, un pont et puis l’eau. Vaste étendue bleue qui vient rompre le vert des feuilles et le beige des champs défrichés. Il est imposant ce Bosphore. On me l’avait dit, mais se retrouver face à lui c’est encore autre chose.
Il sera toujours là ce même bleu. Je le retrouverai tout au long du voyage. Depuis la cours du Palais du Sultan, en sortant du Grand Bazar, c’est le même immense et bleu Bosphore que l’on retrouve. C’est encore face à lui que l’on prend le temps d’écouter la musique de cette belle cité. Car elles chantent les rues d’Istanbul. Dans chaque petit quartier, du centre ville à la banlieue la plus reculée, une même impression domine. C’est une composition de bruits ambiants, les cris des commerçants, la sirène des bateaux, l’appel à la prière du Muezzin. Un tout qui s’associe avec harmonie, le chant religieux vient s’entremêler aux appels des marchands et le son des bateaux donne le « la » dans un concerto qui semble ne jamais devoir s’arrêter.
Bien que je ne sois restée qu’une semaine, j’ai eu la chance de voir énormément de choses et de côtoyer de près les istanbuliotes et leurs nombreuses coutumes. J’ai bien sûr tout d’abord épuisé les lieux sacrés du tourisme tels que Aya Sofia (Sainte-Sophie), la Basilique de l’eau, Kapalı Çarşı (le Grand Bazar) ou encore Taxim, la rue marchande qu’il ne faut absolument pas manquer ! Du lundi au dimanche, cette rue principale est en pleine effervescence. Une foule aussi colorée que variée s’y presse ainsi que des grandes marques aux négoces d’époque. Elle alterne avec virtuosité toutes les facettes d’une Istanbul qui se veut toujours plus cosmopolite mais qui se distingue aussi par sa capacité à conserver une certaine authenticité.
En parlant de Taxim, je me dois de mentionner les multiples surprises culinaires qui s’y cachent. Des petits stands, souvent de gestion familiale, qui offrent des « Simit » (pains au sésame), des moules farcies au riz (Midye Dolmasi), des pommes de terres rôties à remplir de ce qui vous plaît (Kumpir) et bien sûr des Kokoreç (intestins de mouton rôtis et pimentés, servis sur pain grillé). Ne vous fiez pas aux idées préconçues…c’est simplement divin !
Autant vous dire que les dégustations n’en finissaient pas, des « Meze » (petites entrées) composées entre autre, de purée d’aubergine, de feta, de börek (feuilletés aux épinards), de cacik (concombres au yaourt) ; aux Köfte (boulettes de viande hâchée) accompagnés du traditionnel Ayran (boisson à base de yaourt, d’eau et de sel) , en passant par la Coban salata (salade du berger)…autant de mélanges de saveurs et d’associations nouvelles qui ont sublimé nos palets.
C’est donc au rythme des visites, des repas copieux et des pauses café (Kahve) que s’est déroulé mon séjour. J’ai flâné parmi les étalages des marchés, goûté aux multiples spécialités, j’ai navigué sur le Bosphore et eu la chance de côtoyer une population ouverte et accueillante. Bien sûr je n’ai vu qu’une infime partie du vaste pays qu’est la Turquie et ne peux donc en tirer aucune généralisation, mais de ce petit échantillon je peux dire qu’il m’a émerveillée. La force et le poids des traditions viennent se mêler avec finesse à la volonté d’innovation et les contours qui pourraient délimiter les espaces entre Asie et Europe sont estompés au profit d’une mosaïque fort bien composée.
S’il y a un souvenir que je garde précieusement depuis mon retour, c’est bien cet inoubliable parfum de Jasmin qui a accompagné les plus beaux moments. Une fragrance inimitable qui le dernier soir a honoré la cérémonie du café. Lorsque, près de l’eau, dans le fond noir d’une tasse, on m’a prédit l’avenir. C’est portée par la brise légère de la côte, que cette essence fleurie est venue bercer les paroles de futur, de bonheur et de chance. Au loin, les sirènes des bateaux arrivant dans le port, le chant feutré de la prière et la musique traditionnelle…pour le plus réussi des génériques de fin.
Elisa –
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