Au vu de la taille de notre chère petite ville, nous n’avons pas à nous plaindre : l’offre culturelle de Lausanne est pléthorique. Vivace et inventive, Lausanne sait se renouveler !

Le café-théatre Le Bourg en est la parfaite illustration. Pour la petite histoire, il s’agissait autrefois d’une salle de cinéma indépendante, le “Cinéma du Bourg”. Et vlan ! Les multiplexes à l’américaine sont arrivés, et ce fut assez vite “The End” pour ce petit cinéma de quartier, comme pour pratiquement tous les autres. Heureusement, 4 ans après la fermeture du cinéma, une bande de courageux ont ressuscité ce lieu en reprenant le bail en 2005. Sans filet de sécurité, puisque le lieu n’a commencé a être subventionné que plusieurs années plus tard. Petit à petit, le Bourg est pourtant devenu un café-théâtre incontournable à Lausanne, et ce en un temps record. Concerts divers, spectacles variés, performances en tout genres, il y en a pour tous les goûts et tous les âges.
Mon attention à moi a été particulièrement attirée par l’événement Bourgllywood, dont je vous ai déjà parlé il y a de cela quelques OCUB (l’OCUB constitue en quelque sorte l’agenda culturel du Lausanne Bondy Blog). Le concept en une phrase : 4 guignols improvisent des doublages en direct sur des extraits de films. M. Sébastien Bugnon, patron des lieux, qui a eu la gentillesse de me donner quelques infos par mail, m’a précisé que l’idée est née d’une plaisanterie entre amis lors d’un nouvel an au Bourg il y a de cela neuf ans. Un peu trop d’alcool dans le sang, et voilà ce qui arrive 😮 .
Depuis ce temps, l’idée a cependant bel et bien pris forme. Pour être allé à la dernière représentation, je peux vous dire que c’est ficelé et préparé comme il faut. L’aventure commence dès l’entrée de la salle : un petit carton est distribué à tous les arrivants qui sont invités à y inscrire un thème de leur choix. Ces propositions seront ensuite tirées au sort et imposées au comédiens comme thème d’impro pour les extraits.

Muni de mon petit carton, je m’installe et je gribouille le premier thème qui me vient à l’esprit. Et puis j’attends, j’attends… Avec dix minutes de retard, alors que la salle, pleine à craquer, se met à piaffer d’impatience, les artistes font enfin leur entrée. Gloup ! Kuchol, le guignol de 120 secondes HIMSELF ! Didier Charlet, une autre star de la RTS, un ancien de la regrettée soupe dominicale ! Valérie Paccaud, une animatrice non moins connue sur les ondes romandes ! Sébastien Blanc, un des compères du spectacle AvrAcAvAbrAc (tout comme Kuchol et Charlet, d’ailleurs) ! Il y a vraiment du beau monde qui s’installe sur la scène. Et le show peut commencer. Un présentateur tv, doublé, évidemment, présente la procédure. Les extraits sont classés par thème : “Le bon vieux temps des 80’s” ; “Hitchcock”, “Les films sans Alain Delon”,… Avant chaque extrait, le public doit faire son choix à l’applaudimètre, ce qui enlève toute suspicion de triche : on a bel et bien à faire à de l’impro.

Au final, quel est mon verdict sur cet impro d’un genre un peu particulier ? Eh bien, je tire mon chapeau à la troupe du Bourg. Car l’impro standard me paraît déjà constituer un art bien compliqué, que dire alors du doublage d’un film avec de surcroît un thème imposé ? Si on me demandait de faire ça, je me contenterais de pleurer. Mais les gars du Bourg, eux, ils y arrivent ! Ils gardent tout leur sang-froid et leur calme, et, surtout, tout leur humour, et bing ! Ils déballent conneries après conneries. Pour la majorité des extraits, la sauce prend, le public rit à flot. Mon avis perso, c’est qu’on ne peut être qu’impressionné sur cette capacité à faire des gags et des répliques qui tiennent la plupart du temps quasiment la route malgré les énormes contraintes imposées. Bien-sûr, le jeu est hyper risqué, certaines prestations tombent un petit peu à plat. Il y a nécessairement un prix à payer pour pouvoir donner au public de beaux et francs fou-rire, avec en prime l’adrénaline du spontané et de l’inédit.
Sur le moment, je n’en ai pas toujours saisi tout le piquant, mais, après coup, je me dis, quand même ! Voir Dusjardin et Gille Lelouche s’entretenir sur les chances de succès de la France à l’Euro 2016 dans “La French”; voir un copilote un peu déprimé dans “Airport 80” avec Alain Delon ; voir enfin Sylvester Stalone deviser sur les ravages de l’âge avec la désormais très laide et surmaquillée Kim Basinger dans “Grudge Match”… Il fallait toute la folie des guignols du Bourg pour permettre ces bijoux d’absurdités !

Pour émettre malgré tout une petite critique (parce qu’il le faut bien) : bien qu’en mode impro totale, les comédiens connaissent néanmoins LA ficelle qui fonctionne le mieux pour faire rire assez facilement : le sexe. Alors, lors de la soirée où je me suis rendu tout au moins, ils en ont un brin abusé. Entre désirs incestueux dans un film dont le titre m’échappe et préparation d’orgie dans “La Corde” d’Hitchcock, ils en alignent parfois de bien raides. Ca fait son effet sur le public, mais ça n’est pas forcément de là que viendra l’humour le plus subtil et le plus marquant, c’est certain.
Peu importe, à la guerre comme à la guerre. Les ricains ont peut-être précipités la chute du Cinéma du Bourg. Mais des cendres de celui-ci est né “Le Bourg”. Et pour moi, il n’y a pas de doute : Hollywood s’est fait doublé par “Bourgllywood” !
Prochaine et dernière représentation de Bourgllywood cette saison le 9 mai à 21 heures. Si tout va bien, les affaires reprendront ensuite en automne, quelque part entre septembre et octobre. 15 balles, 17 en pré-réservation (recommandée vu l’affluence et la place limitée).
Voici encore quelques liens utiles :
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