« Howl » : un poème comme un cri

« Howl » : un poème comme un cri

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Selon la formule consacrée, le LBB donne carte blanche à Cécile qui souhaite prendre la plume pour une occasion ponctuelle. Samedi soir a eu lieu un concert incantatoire par le trio hitzAhitz accompagné de Jonas. Ce projet mis en place dans le cadre de Lausanne Estivale, met à l'honneur le poème Howl écrit par Allen Ginsberg dans l’Amérique des années 50. Récit d’une soirée spéciale qui se reproduira ce vendredi 8 septembre.

Howl.

Howl comme un cri dans la nuit lausannoise.

Howl comme un cri à la face du monde qui continue de couler, comme des grains de sable, entre les doigts des dirigeants omnipotents, omniprésents.

Howl. Un poème écrit par Allen Ginsberg en 1955 à San Francisco et, déclamé à la Six Gallery, le 7 octobre 1955, devant un parterre de beatniks animés par la révolte et assoiffés de liberté face aux mœurs rigides de l’Amérique puritaine.

Ce poème traverse les décennies sans jamais cesser d’être pertinent, se renforçant même à travers l’actualité menaçante des derniers moins où la privation des droits fondamentaux se fait sentir sous le règne Trump.

Il fallait oser s’attaquer à ce poème. Ce classique de l’époque Beat Generation. C’est ce qu’a proposé le groupe hitzAhitz, samedi soir à l’Espace St-Martin, dans le cadre du programme Lausanne Estivale.  Ce concert incantatoire, comme ils le nomment, a laissé pousser des secondes d’éternité entre la vingtaine de spectateurs présents.

Le projet a été mis en place pour Lausanne Estivale, mais va prendre de l’ampleur. C’est en effet, le début d’une plus grande aventure qui passera par un enregistrement au cinéma Bellevaux.

 

Aperçu de la soirée lors du samedi 2 septembre.

 

Mais revenons à samedi soir. Dans une ambiance de sous-sol, les mots de Howl écrits par Ginsberg, mais déclamés par Jonas, s’habillent de révolte, de pouvoir, de mystique, de beauté. C’est envoûtant et on reste scotché durant les 45 minutes que dure cette incantation. Pendus aux sons qui remplissent la pièce, aux rythmes hypnotiques joués par le trio hitzAhitz, on se laisse emporter dans le voyage psychédélique des mots. Pour sûr c’est ce que voulait Ginsberg, mettre en transe pour mieux faire passer sa révolte.

La scénographie du concert est belle, illuminée par des câbles qui s’enroulent entre les membres du groupe. Tout est fait pour qu’on entre dans un monde où le rêve se mêle à la réalité.

Initialement, le concert devait se dérouler sur le terrain de basket du collège du Belvédère, mais, suite au mauvais temps, il s’est déplacé à l’Espace Saint-Martin. S’il fait beau c’est donc en extérieur qu’aura lieu la représentation de vendredi prochain. L’ambiance sera différente, mais très certainement tout aussi magique.

Je vous invite tous-tes à y aller, car il est rare que la culture alternative américaine face escale dans nos contrées lausannoises d’une aussi belle façon. Je vous laisse avec les premiers mots de ce poème, qu’ils vous donnent envie de goûter à leurs sons.

« J’ai vu les plus grands esprits de ma génération détruits par la folie, affamés hystériques nus, se traînant à l’aube dans les rues nègres à la recherche d’une furieuse piqûre, initiés à tête d’ange brûlant pour la liaison céleste ancienne avec la dynamo étoilée dans la mécanique nocturne, qui pauvreté et haillons et œil creux et défoncés restèrent debout en fumant dans l’obscurité surnaturelle des chambres bon marché flottant par-dessus le sommet des villes en contemplant du jazz. »

Cécile Vuillemin

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