Homos et hétéros, tous à l’Oblò !

Après être descendue six pieds sous terre, je pénètre dans ce petit cinéma alternatif de l’avenue de France que je ne connaissais pas. Rapidement séduite, j’ai l’impression de me trouver dans un cinéma de Berlin-Est et je m’y sens bien. Je ne perds pas le cap et en blogueuse appliquée, commence à observer le public. A ma grande surprise, je suis entourée de gens de tout âge. Mes idées très étroites m’ont trompée car je ne pensais franchement pas rencontrer des gens de 60 ans à ce genre de soirées. Première impression : positive.
Il est 20h30 et les organisateurs présentent en quelques mots la soirée ainsi que le film. L’actrice principale est Sigourney Weaver et c’est dans un rôle de bigotte qu’elle se glisse. En deux mots, il est question de Bobby son fils, né dans une bonne famille chrétienne et qui “confesse” son homosexualité à 19 ans. Mon Dieu ! Quelle horreur ! Il faut le guérir de cette “maladie”. Finalement il ne guérira pas (sans blague!) et se suicide tellement tiraillé entre son Moi et son éducation. Il est clair que ce film n’est pas un chef d’oeuvre de réalisation mais plutôt un téléfilm de l’après-midi sur M6. Toujours est-il que la problématique est posée et le débat ouvert.

La première intervenante est une maman qui nous parle du coming-out de son fils. Elle pleure encore à cause du film (ils sont vraiment forts M6), je la trouve très touchante et quand on lui demande si elle annonce facilement aux gens que son fils est homosexuel, elle répond qu’elle n’annonce pas systématiquement que sa fille est hétéro alors pourquoi le faire pour son aîné ? Bravo Madame bien vu ! Le public commence vraiment à parler quand le pasteur invité prend la parole. Je m’imaginais des discussions qui allaient révolutionner la société… et bien, je dois m’avouer un peu déçue ! Comme d’habitude dans ce genre de débats, et là je parle en général ( conférences psychiatriques, phénomènes de société,…), dès que l’être humain peut raconter son vécu, on tombe dans une espèce de magma d’expériences personnelles et franchement ça devient rapidement indigeste. Non convaincue de ce spectacle (j’ai peur de voir débarquer Jean-Luc Delarue d’un moment à un autre), je vais fumer une tige. De retour, j’ai l’heureuse surprise d’entendre parler Mme Elisabeth Thorens qui vient de publier “Adolescents et homosexuels. Des préjugés à l’acceptation” aux éditions Favre. Là, je suis séduite car la démarche de cette femme est juste. Elle est hétéro et parle à des hétéros. De plus, elle est enseignante et a donc une certaine influence sur un public jeune. Mme Thorens se rend compte qu’il suffit parfois de discuter avec des jeunes un moment en expliquant réellement ce qu’est l’homosexualité pour qu’ils changent de point de vue. Malheureusement une implication de la sorte est rare. En tant qu’hétéros on veut bien accepter les homos mais s’impliquer…

Il m’est resté de cette soirée un sentiment de “pas fini”. En effet, en rapport direct avec le film, le thème du suicide n’a pas ou peu été abordé dans les discussions. Plus éloignée du film mais également en lien avec le coming-out day, la double discrimination des lesbiennes aurait également pu être développée. Il est évident que pour une seule soirée le sujet est trop vaste et moi qui parle d’implication des hétéros… si cela m’interpelle, il ne me reste qu’une chose à faire.

www.pinkcross.ch
www.unil.ch/planqueer
www.los.ch
www.vogay.ch